La vague toxique de l’Oder est-elle en train de clapoter dans la baignoire de Berlin ?


Par Michel Sauerbier

Des montagnes de poissons morts et puants sur la plage de l’Oder, de la Pologne à la mer Baltique. Maintenant, la vague toxique a atteint la lagune de Szczecin. Derrière, les plages d’Usedom, où des milliers de Berlinois partent en vacances.

Mais les autorités continuent de s’interroger sur la raison de ces morts massives. Ils n’ont émis un avertissement que deux semaines après le début de la catastrophe.

La ministre fédérale de l’Environnement Steffi Lemke (54 ans, Verts) s’est montrée contrite devant les caméras à Szczecin dimanche soir. C’était la première rencontre avec sa collègue polonaise Anna Moskwa (43 ans) et les ministres de l’environnement du Brandebourg et du Mecklembourg-Poméranie occidentale. Résultat aride : à partir de jeudi, une commission mixte doit rechercher la cause et les pollueurs de la plus grande catastrophe environnementale depuis des décennies.

La ministre fédérale de l’Environnement Steffi Lemke (Verts) a rendu visite samedi à des aides à Francfort (O.) Photo : dpa/picture-alliance

« Il semble que des déchets chimiques provenant de la production industrielle soient impliqués », a spéculé Lemke après la réunion, « mais nous n’en sommes pas sûrs. » Les Polonais ont exclu le mercure et d’autres métaux lourds. Le ministre de l’Environnement du Brandebourg Axel Vogel (66 ans, Verts) a fait état d’une « augmentation de la charge saline » dans la rivière. Mortel pour les poissons d’eau douce. Vogel : « Mais il y a probablement plusieurs raisons. »

Pendant ce temps, des scènes carrément apocalyptiques se déroulaient sur les bords de l’Oder. Hier, les aides n’ont plus pelleté les carcasses de poissons hors de la rivière avec des filets de pêche, mais avec des excavatrices. 20 tonnes seul à Schwedt à Krajnik Dolny, Pologne. Là, des barrages pétroliers attrapent les cadavres de poissons.

Les riverains et les services de secours vont chercher des tonnes de carcasses de poissons dans l'Oder.  Cause du décès : inconnue

Les riverains et les services de secours vont chercher des tonnes de carcasses de poissons dans l’Oder. Cause du décès : inconnue Photo : Reuters

Une partie seulement de la cargaison mortelle : si leur vessie natatoire éclate, les poissons coulent au fond. L’Oder – un cimetière d’animaux, également pour les moules et les crabes.

« Nous sommes restés seuls »

Mais comme les autorités n’ont émis des avertissements et des interdictions que vendredi, les pêcheurs ont peut-être mangé leurs prises toxiques il y a longtemps, et les enfants et les chiens ont continué à se baigner dans la rivière. Alarmant : dimanche, des carcasses de poissons ont également été découvertes dans le canal Oder-Spree et près de Fürstenwalde. Résultat : colère et désespoir.

La piscine de la rivière Dziewoklicz Plaza près de Szczecin est fermée : « Pas de baignade ! » Photo: Olaf Wagner

« On nous a laissés seuls », s’est plaint le maire de Francfort René Wilke (38 ans, gauche). « Pendant cette crise, j’ai en fait seulement vécu que les autorités ont dit : nous ne sommes pas responsables. » Le ministre Lemke a admis : « Il est clair que l’information n’a pas circulé correctement dans les premiers jours. »

Sauveteur Karol Stanowski (21 ans) : « La baignade est actuellement interdite, mais personne ne veut de toute façon aller dans l’eau. Tout le monde a un peu peur dans sa tête » Photo: Olaf Wagner

Bien que les premiers décès en masse aient été observés entre Opole et Breslau (Silésie) le 28 juillet, les autorités polonaises n’ont pas prévenu la population. Et les autorités allemandes non plus. Vendredi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (54 ans) a limogé les chefs des autorités de l’environnement et de l’eau et a offert une récompense d’un million de sloty (215 000 euros) pour toute information sur le pollueur. Jusqu’ici en vain.

Steffen (54 ans), résident et pêcheur amateur de Schwedt : « C’est une catastrophe qui ne pourra jamais être réparée. Je l’ai vu dans les médias mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit si mauvais » Photo: Olaf Wagner

Le Premier ministre brandebourgeois Dietmar Woidke (60 ans, SPD) est resté silencieux sur le drame de l’Oder jusqu’à hier après-midi. Bien qu’il ait été le représentant du gouvernement allemand pour la Pologne pendant des années. Maintenant, il demande des éclaircissements. Il n’est pas venu à la rivière.

Le Premier ministre du Brandebourg (SPD) est resté silencieux jusqu'à dimanche sur la catastrophe environnementale

Le Premier ministre du Brandebourg (SPD) est resté silencieux jusqu’à dimanche sur la catastrophe environnementale Photo : dpa/picture-alliance

plus sur le sujet

Pendant ce temps, les touristes et les pêcheurs de l’Oderhaff tremblent devant la vague meurtrière. Ils espèrent que la brise de mer poussera la charge de poison vers l’intérieur des terres. Les premiers échantillons de la lagune sont en cours d’examen dans le laboratoire d’État du Mecklembourg.

L’agitation se répand dans les thermes impériaux de Heringsdorf, Ahlbeck et Swinemünde. Les experts espèrent que la charge toxique dans la mer sera diluée jusqu’à ce qu’elle soit inoffensive. Quoi qu’il en soit.



ttn-fr-27