La Turquie rejette l’annexion par la Russie de quatre régions d’Ukraine. La décision unilatérale de Moscou est une grave violation du droit international, a déclaré samedi le ministère turc des Affaires étrangères. En outre, l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 n’a jamais été reconnue par la Turquie, a ajouté le ministère.

La Turquie a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, mais a depuis adopté une sorte de position neutre. Par exemple, Ankara ne participe pas aux sanctions économiques contre la Russie. Le président Recep Tayyip Erdogan a toujours dit qu’il ne voulait pas compromettre les bonnes relations avec l’Ukraine et la Russie.

La Turquie ne veut pas non plus accepter à l’avance l’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande. Il estime que les deux pays, en particulier la Suède, ne prennent pas suffisamment au sérieux les préoccupations de la Turquie concernant le terrorisme kurde. Si cela ne change pas, le parlement turc y opposera son veto. Le président Erdogan a répété cette menace dans un discours au Parlement samedi.

La Suède a de nouveau répondu à certaines des préoccupations de la Turquie en levant l’embargo sur les armes contre la Turquie. Les exportations d’armes vers la Turquie vont reprendre, a-t-on annoncé vendredi à Stockholm. En outre, des délégations officielles de Suède et de Finlande se rendent à Ankara cette semaine pour discuter de l’extradition de suspects terroristes kurdes.

La position semi-neutre dans la guerre en Ukraine donne à la Turquie l’opportunité de servir de médiateur entre les deux parties belligérantes, une position qui ne déplaît probablement pas à l’OTAN. De cette façon, l’alliance garde ouverte l’option de la diplomatie internationale, non pas tant sur l’ensemble du conflit, mais sur certains aspects de celui-ci. Cela a déjà contribué à deux reprises à des résultats concrets : d’abord l’accord sur les exportations de céréales, puis l’échange de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine.

De plus, cela donne à Erdogan l’opportunité de se profiler comme un homme d’État et un acteur important sur la scène internationale. Aux élections de juin prochain en Turquie, ce sera l’un de ses principaux atouts. L’état morose de l’économie turque sape la confiance de nombreux électeurs dans le parti au pouvoir, l’AK.

Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré samedi qu’il espérait qu’une « paix juste » en Ukraine serait obtenue par le biais de négociations. Jeudi, Erdogan s’est entretenu par téléphone avec le président Poutine. Il a exhorté son homologue russe à donner une nouvelle chance aux négociations et à contribuer à réduire les tensions en Ukraine. Il s’est également prononcé contre l’annexion par la Russie de certaines parties de l’Ukraine.



ttn-fr-31