La Turquie intensifie la répression alors que les séparatistes kurdes revendiquent l’attaque d’Ankara


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La Turquie a intensifié sa répression contre le Parti des travailleurs du Kurdistan alors que le groupe séparatiste a revendiqué la responsabilité d’une attaque meurtrière contre une entreprise aérospatiale publique cette semaine.

Le PKK, une organisation militante armée qui mène une insurrection depuis quatre décennies en Turquie, a déclaré vendredi que son « Bataillon des Immortels » avait mené l’attaque de mercredi contre un vaste site industriel des industries aérospatiales turques à Ankara, selon ANF News, qui a des liens étroits avec le groupe.

Les autorités turques ont lancé de nombreuses opérations nationales et transfrontalières à la suite de l’attaque, au cours de laquelle deux militants – un homme et une femme – armés de fusils d’assaut et d’explosifs ont tué cinq personnes et en ont blessé 22.

La police a arrêté 176 personnes soupçonnées d’être liées au PKK dans 31 provinces, a annoncé vendredi le ministère de l’Intérieur. Un militant présumé du PKK qui figurait sur la liste des « personnes les plus recherchées » de Turquie a également été « neutralisé » lors d’un affrontement à Mardin, une province située à la frontière entre la Turquie et la Syrie.

Les forces de défense ont lancé jeudi une nouvelle série de raids aériens dans le nord de l’Irak, dans le cadre d’une série d’opérations visant des grottes, des abris, des bunkers et des entrepôts qui, selon elles, étaient liés au PKK.

Par ailleurs, les services de renseignement turcs ont frappé 120 sites appartenant au PKK et à des groupes affiliés, ont indiqué les médias officiels.

« Les terroristes ont payé un prix très lourd avec ces opérations », a déclaré le président Recep Tayyip Erdoğan aux médias locaux dans des propos publiés vendredi.

Erdoğan a ajouté que les assaillants de l’attaque de mercredi avaient « infiltré » la Turquie via la Syrie et s’est engagé à « poursuivre notre politique d’élimination du terrorisme à sa source ».

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré : « Les terroristes ont payé un très lourd tribut à ces opérations. » © Alexandre Zemlianichenko/Reuters

Le PKK a déclaré avoir ciblé l’usine TAI parce qu’elle produit des armes qui, selon lui, auraient tué des civils dans des zones à forte population kurde dans le sud-est de la Turquie, le nord de l’Irak et la Syrie. L’usine de 4 millions de mètres carrés produit de tout, des drones aux avions à réaction, en passant par les satellites et les hélicoptères.

Le PKK est basé dans une région montagneuse du nord de l’Irak, avec un groupe affilié connu sous le nom d’Unités de protection du peuple (YPG) opérant en Syrie.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une force kurde dominée par les YPG, ont déclaré jeudi que les raids turcs en Syrie avaient tué 12 civils, dont deux enfants. Les FDS sont soutenues par les États-Unis pour aider à combattre ISIS en Syrie.

La Turquie a lancé ces dernières années une série de raids aériens et d’opérations de forces spéciales contre le PKK et ses affiliés, dans le but de les éloigner de ses frontières.

Plus de 600 civils ont été tués en Turquie et dans le nord de l’Irak depuis l’échec des pourparlers de paix entre Ankara et le PKK en 2015, selon l’International Crisis Group.

La revendication de responsabilité du PKK pourrait saper les récentes spéculations sur une éventuelle nouvelle série de pourparlers de paix. Avant l’attaque de mercredi, Devlet Bahçeli, allié d’extrême droite d’Erdoğan, avait déclaré que le chef du PKK emprisonné, Abdullah Öcalan, pourrait bénéficier d’une libération conditionnelle s’il acceptait de dissoudre le groupe et d’arrêter ses opérations.

Le PKK a déclaré vendredi que son attaque n’avait « absolument rien à voir avec l’agenda politique discuté en Turquie le mois dernier ».

Öcalan, par l’intermédiaire d’un neveu qui lui a rendu visite cette semaine dans une prison de l’île d’Istanbul, a indiqué qu’il avait « le pouvoir de faire passer ce processus des fondements du conflit et de la violence aux fondements juridiques et politiques si les conditions se présentent ».



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