La tragédie d’Euripide sera également le titre phare de la nouvelle saison du Théâtre grec de Syracuse et ici le protagoniste explique le charme éternel d’un infanticide. Ce qui nous affecte tous, comme la lumière affecte l’ombre…


« MEdée est la figure la plus troublante et, en même temps, la plus complexe du classicisme. Son crime ne peut être écarté, même s’il est peut-être le pire qu’on puisse imagineravec superficialité » observe-t-il Laura Marinoniune habituée des héroïnes grecques (Antigone, Phèdre, Andromaque, Clytemnestre, Hélène) et une habituée de la saison de Théâtre de Syracuse, où à partir du 12 mai apporte la tragédie d’Euripide réalisé par Federico Tiezzi (infos : indafondazione.org).

Clytemnestre dans l’Agamemnon d’Eschyle. Réalisé par Davide Livermore. (Photo: Tommaso Le Pera)

«Elle est tout : une femme terrible et une mère aimante ; celui qui aime un homme au-delà de toute mesure et qui le hait au-delà de toute mesure; c’est passionné et c’est rationnel… C’est comme s’il contenait des multitudes, ces multitudes que nous aussi avons à l’intérieur. Certains aspects sont difficiles à accepter, mais il n’y a pas de lumière sans ombre. Je sais par expérience à quel point nous pouvons être « contradictoires ».

A quoi fait-il référence ?
« Je me souviens que, dès que j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai pleuré pendant 24 heures : je pensais que je ne serais plus jamais « juste moi ». Et j’ai pleuré encore 24 heures quand Michel-Ange (le plus grand amour de ma vie) a déménagé à Londres et je me suis dit : maintenant c’est encore « juste moi ». Les enfants sont quelque chose qui nous appartient au fond et en même temps ne peut pas nous appartenir, donc je comprends que certaines mères perdent la raison».

Il y a ceux qui définissent Médée comme protoféministe.
« Certes, il ne souffre pas et prend sa vie en main, mais il le fait au point de faire un geste extrême et honteux. Il est intéressant qu’elle soit une sorcière, ce qui est quelque peu métaphorique : toutes les femmes ont un instinct primordial très puissant».

Comment vous préparez-vous pour cette immersion totale exigeante ?
« Je compare des traductions, lis divers essais et regarde des films : La Médée de Pasolini, oui, mais surtout celle de Lars von Trier de 1988, d’après un scénario de Carl Theodor Dreyer».

Quelle coupe aura cette configuration?
«Nous verrons un chaman empêtré dans une sorte de drame bourgeois, de nombreuses scènes avec Jason semblent presque Ibsen, tout comme dans Elena certaines scènes semblaient Shakespeare. Euripide était un révolutionnaire avec son regard du côté du féminin à une époque où les femmes n’avaient pas de voix».

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