La santé mentale, avec le Covid + 30% de cas mais un millier de médecins en moins. Ce que demandent les psychiatres


La pandémie avec son lot de restrictions et d’angoisses allège peu à peu son poids. Mais les séquelles d’une période jamais aussi apte à bouleverser la vie ordinaire d’une grande partie de la population. La souffrance psychique s’est accrue, tout comme la demande d’assistance spécialisée, avec cependant le paradoxe d’une diminution progressive du nombre de psychiatres. Selon les calculs effectués en seulement deux ans, d’ici 2025, il y aura mille départs à la retraite et démissions en moins. Une baisse spectaculaire, si l’on considère que selon les dernières données disponibles (2020), il y a 4 412 psychiatres exerçant dans les services de santé mentale et dans les structures affiliées. Dix sociétés savantes tirent la sonnette d’alarme et demandent la mise en place immédiate d’une Agence nationale ad hoc.

« Problèmes garantissant des services minimums »

Dans la sollicitation d’agir du groupe qui comprend divers acronymes – la Société italienne de psychiatrie, de neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, la psychiatrie des toxicomanies et la Fédération italienne des opérateurs des départements et services de toxicomanie FeDerSerD – Italie, il est « parmi les derniers en Europe  » pour la santé mentale, malgré une augmentation estimée à 30% des diagnostics de dépression et d’autres maladies mentales causées par une pandémie de deux ans, en particulier chez les jeunes et les étudiants. On se dirige donc vers « l’impossibilité de garantir des services minimaux dans un secteur qui était déjà à genoux ».

Les maux passés du care

Il est incontestable que l’impact de la dernière période a rencontré un terrain déjà fragile. « La situation difficile dans laquelle se trouve le secteur de la santé mentale en Italie a déjà été bien illustrée en 2019 par une analyse menée par Fabrizio Starace, président de la Société italienne d’épidémiologie psychiatrique, dans laquelle la relation entre l’assistance exprimée par les utilisateurs en charge des services de santé mentale et la capacité d’assistance nécessaire pour mener à bien toutes les actions prévues par les recommandations, les lignes directrices, les parcours et les protocoles de soins. Cette analyse avait montré qu’avant même la pandémie, les départements de santé mentale étaient capables de répondre correctement à un peu plus de 55 % des besoins de soins estimés », prévient Angelo Picardi, psychiatre et psychothérapeute, du Centre supérieur des sciences du comportement et de la santé mentale de l’Institut. des soins de santé, dirigée par Gemma Calamandrei. « De même, une analyse de Starace et Minguzzi sur des données plus récentes, relatives à 2020, a mis en évidence que les effectifs des services de santé mentale sont inférieurs de 15 % à une norme fixée il y a plus de 20 ans par le projet cible protection de la santé mentale 1998-2000, en une époque avec des besoins de santé très différents par rapport à ceux d’aujourd’hui ».

Un « investissement ordinaire extraordinaire »

Selon les psychiatres, les psychiatres auraient dû atteindre au moins 5% du fonds national de santé, pour atteindre l’objectif de 10% indiqué dans l’UE pour les pays à revenu élevé, « au lieu de cela, ils se sont effondrés du déjà misérable 3,5% de 2018 à 2,75% en 2020 ». Il existe de fortes disparités régionales, qui compliquent la situation, et « on ne voit pas, parmi les moyens alloués par le PNR à la santé – disent-ils – un seul euro pour la santé mentale ». Ainsi, les présidents du Sinpf, Matteo Balestrieri et Claudio Mencacci, affirment « avant tout une coordination entre les Régions et des projets de réhabilitation thérapeutique personnalisés ». Cet « appauvrissement des services publics – note également Massimo di Giannantonio, président de la Société italienne de psychiatrie – désormais sous le seuil de survie, signifie que la possibilité d’une intervention précoce est également réduite, mettant en grave difficulté les activités de prévention, un élément fondamental pour éviter de tomber dans le noir ». Bref, un « changement de rythme décisif » s’impose de toute urgence, ajoute Starace. Ce qui conduit à « un investissement ordinaire extraordinaire, qui ramène les dépenses de santé mentale à la norme minimale de 5 %. Un investissement impressionnant, à pleine capacité égal à 2,3 milliards de plus par an, mais avec une taille conforme aux bilans épidémiologiques ».

Pnrr, les chapitres de la mission 5

En ce qui concerne le Plan, s’il est vrai que la santé mentale n’est pas explicitement mentionnée dans les investissements envisagés par le Plan, dans la mission 5 il y a de nombreux chapitres liés aux activités de santé mentale dans la zone : soutien aux personnes vulnérables et prévention des  » l’institutionnalisation des personnes âgées non autonomes, le renforcement des services sociaux pour soutenir le maintien à domicile, les parcours d’autonomie des personnes en situation de handicap, le soutien à la parentalité, aux familles et aux enfants en situation de vulnérabilité. Pour Picardi les possibilités sont donc multiples pour que la santé mentale assume un rôle d’interlocuteur privilégié, à travers un travail de sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans les actions envisagées par le PNR. « Tous les documents internationaux de politique sanitaire les plus fiables, tels que celui récemment élaboré par les pays du G20, le Plan d’action pour la santé mentale de l’OMS 2013-2030 et le Programme des Nations Unies pour le développement durable à l’horizon 2030, identifient la santé mentale comme une priorité de santé publique. ”. Il est désormais indispensable que « des actions concrètes soient mises en place qui traduisent en pratique les principes exprimés dans ces documents et conduisent à un renforcement réel et durable de notre système de santé mentale ».



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