La sanction infligée à cet agresseur d’enfants est-elle appropriée ? Je suis enclin, avec toutes les nuances possibles, à ne pas penser

Le juge de Louvain a condamné un homme de 31 ans pour le viol de deux garçons mineurs. L’homme, Nicolas Caeyers, est un acteur bien connu qui a souvent joué dans des séries pour enfants et qui s’est constitué un large public auprès des jeunes sur les réseaux sociaux avec des sketches comiques. Il a profité de cette renommée pour s’imposer et insulter certains jeunes fans. Le juge estime que ce crime mérite une peine d’un an avec sursis et quelques conditions supplémentaires.

Il y a une grande indignation face à cette punition. On ne peut pas blâmer entièrement le peuple indigné. Une peine d’un an de prison avec sursis est plutôt légère si le crime établi est un viol sur mineure. Il n’y a rien de mal à cet outrage. Dans un État de droit, c’est au juge indépendant, avec le code pénal en main, de juger de la culpabilité et de l’amende. Mais dans un État de droit, les citoyens et même les commentateurs des journaux ont également la liberté de se forger une opinion sur ce jugement.

Dans le passé, le droit pénal belge était plutôt laxiste en matière d’agressions, de viols et d’abus sexuels. C’est précisément parce que la sensibilité sociale à ces thèmes s’est accrue que le droit pénal a été modifié et renforcé au cours de cette période de gouvernement. C’est un progrès, mais la douloureuse conclusion est que, dans ce cas, il n’y a pratiquement aucun signe de progrès.

Dans ce débat difficile, le choc de l’émotion et de la raison est inévitable. L’émotion est ressentie par de nombreux citoyens qui considèrent, à juste titre, le viol d’enfants comme l’un des pires crimes possibles dans notre société : la violation de l’intégrité physique et mentale de jeunes qui ne sont pas encore capables de se défendre. D’un autre côté, il y a le raisonnement des experts qui savent que les sanctions sévères ne font rien, car elles n’offrent pas aux victimes une meilleure guérison et limitent les chances de réhabilitation de l’agresseur. Entre cette émotion et cette raison contradictoires, le juge doit chercher la punition appropriée.

Est-ce que cela a réussi dans ce cas-ci ? Malgré toutes les nuances possibles, j’ai tendance à ne pas le penser. Même si l’on se rend compte et reconnaît que les peines sévères accompagnées de détentions de longue durée font souvent plus de mal que de bien et que le système œil pour œil rend le monde entier aveugle, il faut quand même conclure que l’équilibre entre crime et châtiment est ici faussé. La justice comporte également une dimension morale et sociale. Par une sentence, un juge indique également, au nom de nous, la société, à quel point nous attachons de l’importance à une infraction. Cela n’a pas fonctionné ici.

Ce genre de débats est rapidement détourné par les populistes et les extrémistes qui appellent au pilori et aux châtiments corporels littéraux. Ils ont tort. Pourtant, il est important que nous écoutions attentivement l’indignation beaucoup plus large suscitée par cette affaire et par d’autres peines légères pour infractions sexuelles. Quiconque s’indigne de la légère peine infligée à un violeur d’enfants ne doit pas nécessairement se sentir extrémiste ou populiste. Nous ne devons pas donner aux extrémistes le monopole d’un vaste scandale social largement légitime.



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