La république du Haut-Karabagh « cessera d’exister » à partir de janvier, déclare son chef


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L’État autoproclamé du Haut-Karabakh cessera d’exister à partir du 1er janvier de l’année prochaine, a annoncé jeudi son chef, une semaine après que l’Azerbaïdjan a repris la région par la force.

L’enclave ethnique arménienne a revendiqué pour la première fois l’indépendance du territoire internationalement reconnu comme faisant partie de l’Azerbaïdjan en 1991 et s’est présentée sous le nom de République d’Artsakh.

Les dirigeants du gouvernement séparatiste se sont rendus après une opération militaire de 24 heures qui a déclenché l’exode de 120 000 résidents de souche arménienne. Le président non reconnu de l’enclave, Samvel Shahramanyan – dont on ne sait pas où il se trouve – a publié jeudi un décret ordonnant la dissolution de toutes les institutions de l’État d’ici le 1er janvier, date à laquelle « la République du Haut-Karabakh (Artsakh) cessera d’exister ».

Le décret demande à la population de « se familiariser avec les conditions de réintégration présentées par la République d’Azerbaïdjan afin de prendre une décision indépendante et individuelle sur la possibilité de rester (ou de retourner) au Haut-Karabakh ».

Samvel Shahramanyan, le président non reconnu de l'enclave
Samvel Shahramanyan, le président non reconnu du Haut-Karabakh, à Stepanakert, la capitale de l’enclave, au début du mois. On ne sait pas où il se trouve actuellement © Président du Parlement du Haut-Karabakh/AFP via Getty Images

Plus de 66 000 personnes ont fui l’enclave depuis dimanche, partant dans un convoi de voitures sur l’unique route connue sous le nom de couloir de Lachin qui mène à l’Arménie. Ils ont été accueillis par des travailleurs humanitaires et des bénévoles, qui les ont dirigés vers un hébergement temporaire.

Beaucoup quittent la petite enclave pour la première fois depuis 10 mois. À la fin de l’année dernière, l’Azerbaïdjan a bloqué la route de Lachin et construit un poste de contrôle à la frontière, imposant un blocus qui a créé des difficultés d’approvisionnement en nourriture, en énergie et en médicaments.

Certains éléments donnent à penser qu’une partie de l’élite de l’enclave séparatiste ne pourra pas partir. Ruben Vardanyan, un milliardaire proche de Moscou, qui s’est installé l’année dernière au Haut-Karabakh et en est brièvement devenu le premier ministre, a été arrêté mercredi par l’Azerbaïdjan alors qu’il traversait le poste de contrôle de Latchine.

Un tribunal de Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, a placé jeudi Vardanyan, un ancien cadre bancaire qui avait renoncé à sa citoyenneté russe, en détention provisoire pour quatre mois, le temps que son cas soit entendu.

Les services de sécurité azerbaïdjanais ont déclaré qu’il était accusé d’être entré illégalement en Azerbaïdjan lors de son premier voyage depuis l’Arménie vers le Haut-Karabakh, d’y avoir créé des « formations armées illégales » et de parrainer le terrorisme.

Son épouse l’a décrit mercredi comme un « philanthrope » « retenu captif » par l’Azerbaïdjan.

David Babayan, ancien ministre des Affaires étrangères de la république séparatiste, a déclaré qu’il se rendait de son propre chef en Azerbaïdjan pour se rendre.

« Vous savez tous que je suis inscrit sur la liste noire de l’Azerbaïdjan et que la partie azerbaïdjanaise a exigé mon arrivée à Bakou pour une enquête appropriée. Aujourd’hui, j’ai décidé d’y aller », a-t-il écrit sur sa page de réseaux sociaux. « Mon absence, ou pire, ma fuite, causerait de graves dommages à notre nation qui souffre depuis longtemps. »

Nikol Pashinyan, le Premier ministre arménien, a réitéré jeudi sa description de la situation au Haut-Karabakh comme un nettoyage ethnique, ce que l’Azerbaïdjan nie. Pashinyan a déclaré que dans les prochains jours, il n’y aurait plus d’Arméniens de souche vivant au Haut-Karabakh.



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