La pratique répandue, chez les enfants et les adolescents, de passer la nuit avec un ami, entre chips, films et sacs de couchage, est devenue un tabou. Trop de dangers (réels ou perçus) : de l’alcool aux armes, en passant par l’abus du Net et… les sucres simples. Selon les experts, les parents vivent avec un sentiment de risque éternel, amplifié par les réseaux sociaux. Seulement en Amérique ?


LELe thème peut sembler spécieux et confiné. Mais avec le recul, cela en dit long sur ce que signifie être parent en 2023. Ce que c’est que d’être en Amérique et ce que cela pourrait devenir en Italie aussi. Le débat sur les pyjama parties est chaud depuis des années aux States mais, ces derniers temps, grâce aux réseaux sociaux et TikTok surtout, il est devenu très chaud.

Les dangers d’une soirée pyjama : sucre, alcool, drogue, armes

C’est l’un des symboles de la culture américaine, même cinématographique. Mais la pratique répandue, chez les enfants et les adolescents, de passer la nuit avec un ami, entre chips, films et sacs de couchage, est un (nouveau) tabou. Il était une fois, ils étaient la seule occasion reproductible de marathons de films, de batailles d’oreillers, d’échanges de secrets et de peu de sommeil. Aujourd’hui, je suis un nouveau sujet de confrontation parentale, marqué par des inquiétudes pour la sécurité, les programmes télévisés voir et ne pas voir, le temps devant l’écran, les régimes et le respect des règles.

Le la soirée pyjama est considérée par de plus en plus de parents comme dangereuse. On s’inquiète des habitudes de la famille d’accueil, de la présence de sucres, alcool, drogues et même armes. Une grande, gigantesque, collective préoccupation.

Sharon Stone désespérée du massacre dans une école du Tennessee :

#NoSleepovers, le hashtag est viral

Le débat sur #NoSleepovers (terme anglais désignant les soirées pyjama) a commencé l’été dernier, lorsque le psychiatre pour enfants et adolescents Larry Mitnaül a posté un TikTok disant qu’elle n’autorise pas ses enfants à rester chez leurs amis. La vidéo a reçu plus de 1,2 million de vues. « Honnêtement, j’ai été submergé par le nombre de personnes qui ont commenté », se souvient-il. Mitnaül al le journal Wall Street. La vidéo « en profondeur » qui a suivi, dans laquelle il expliquait la raison d’être de sa règle, a été visionnée plus de 4 millions de fois.

Ce qui fait peur aux parents américains

Le hashtag #nosleepover c’est maintenant viral. Il raconte, entre autres, Caitlin Gibson sur le Poste de Washington. En tant que mère, comme tant de mères, elle a écouté des psychologues pour enfants sur TikTok, parcouru des articles de blog et recherché des articles de journaux. Les questions qui la tenaillent comme tant de parents sont toujours les mêmes. Connaît-on bien les autres parents ? Y a-t-il des armes à feu dans la maison ? Qu’en est-il de l’alcool ou de la drogue ? Quel est le risque d’exposition au covid ? Y a-t-il des frères aînés dans le coin ? Les enfants vont-ils regarder YouTube ou TikTok toute la nuit ? Est-ce un rassemblement réservé aux filles ou réservé aux garçons ? Que pourrait-il arriver s’ils restaient la nuit et que pourraient-ils manquer s’ils ne le faisaient pas ?

« Ils m’ont demandé si nous avions un filtre à eau »

Des questions qui, ponctuellement, sont aussi posées aux parents qui osent (encore) organiser une soirée pyjama, en tant que designer et mère de quatorze enfants, Deborah Pagani raconte WSJ. Ils lui ont demandé, par exemple, si ses parents fumaient, s’ils quitteraient un jour la maison et si l’alcool était sous clé. Mais aussi « si nous avons un filtre à eauet oui nous l’avons nous l’avons. Pouvez-vous imaginer dans les années 90 et si un parent appelait pour se rassurer sur le type d’eau que boivent les enfants et sur la présence de gluten au dîner ?».

L’anxiété domine les parents et les relations entre les familles

Alors que TikTok se remplit de parents influents et de psychiatres exposant les divers risques de soirées pyjama et d’autres tentant de les reproduire, Gibson a interviewé un psychologue clinicien sur le sujet. Qui a dit qu’elle n’était pas du tout surprise : au cours de plus de 40 ans d’expérience de terrain auprès des familles et des enfants, il a vu l’anxiété s’infiltrer constamment chez les parents, et augmenter, de plus en plus. La pandémie a exacerbé la tendance, transformant les interactions sociales entre les familles et les faisant de plus en plus dominées par le sentiment de risque.

« Vous ne voulez pas qu’ils se mettent en danger. Mais ils n’ont pas peur non plus. »

Le sens de la prudence chez les parents était élevé même avant Covid : surveiller les expériences sociales de leurs enfants était déjà impératif. « C’est un équilibre délicat », dit-elle « vous ne voulez pas mettre vos enfants en danger. Mais, d’autre part, vous ne voulez pas non plus qu’ils aient trop peur des risques. Comme essayer de nouvelles choses, tolérer un certain niveau d’inconfort, sortir de sa zone de confort. Savoir courir c’est important pour avancer dans la vie.

Responsabilités des médias sociaux

Alvord pense que les médias sociaux ont quelque chose à voir avec ce sentiment accru de vigilance : être inondé d’un volume écrasant d’informations et de récits traumatisants de dangers potentiels n’aide pas. Le sentiment que nous vivons à une époque dangereuse pour élever un enfant cela donne aux parents de nombreuses raisons de se sentir nerveux.

« Ce n’est pas que tous ces risques soient des nouveautés absolues », poursuit la psychologue. « Mais il était une fois nous n’en étions pas si conscients, les gens n’en parlaient pas. »

Éloge de la soirée pyjama

Alvord, qui a grandi en tant que fille d’immigrants arméniens à New York, se souvient avec émotion d’avoir assisté à des soirées pyjama dans sa jeunesse. Une sorte d’expérience sociale qui peut favoriser un sentiment d’indépendance et donner aux enfants une nouvelle façon de comprendre leurs pairs en les exposant à différents environnements, différents aliments, différents rythmes et routines.

Mais «les soirées pyjama ne sont qu’un moyen d’élargir sa dimension sociale», assure Alvord. «Nous devrions tous être sensibles aux enfants qui sont interdits de soirée pyjama. Ils ne doivent pas se sentir exclus. »

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