La politique d’Orbán ne mérite pas d’être imitée, même aux Pays-Bas


Troll de l’Union européenne : c’est un titre que Viktor Orbán mérite bien. Pendant des années, le Premier ministre hongrois a utilisé le veto national à sa guise et par inadvertance pour obtenir des concessions, même lorsqu’il s’agissait de vies ou de morts, comme dans la guerre russe contre l’Ukraine. La Hongrie d’Orbán, qui fait la une des journaux depuis des années pour ses pratiques de corruption et ses violations de l’État de droit, est depuis lundi président par intérim de l’UE. Comme devise pour ses six mois à la tête du pays, Orbán a choisi « Rendre sa grandeur à l’Europe », non seulement un clin d’œil à son héros politique Donald Trump, mais aussi une nouvelle démonstration du cynisme mordant avec lequel il a lui-même grandi.

La pêche à la traîne ne s’arrête pas là. Ce week-end, son parti Fidesz a annoncé la création d’une nouvelle famille politique européenne de droite radicale, avec des âmes sœurs tchèques, autrichiennes et portugaises. Un nom orwellien a également été choisi pour cette alliance : Patriotes pour l’Europe. Un nom qui est en contradiction avec les véritables intentions de cette nouvelle faction au Parlement européen. Orbán n’est pas pour l’Europe, Orbán est pour Orbán, pour sa clique et puis peut-être un peu pour la Hongrie. Un président tournant ne peut pas définir l’agenda à tous égards, donc il reste à voir quel dommage la Hongrie d’Orbán peut réellement causer à l’UE. Dans le même temps, il est clair que le climat et l’État de droit figurent en bas de la liste des priorités de cette présidence.

Sous Orbán, la Hongrie est devenue une plaque tournante de l’influence russe. En 2014, il signe un contrat avec Rosatom pour la maintenance et l’extension de la centrale nucléaire de Paks, une relique de l’Union soviétique. Alors que les pays de l’ancien bloc de l’Est tentaient de se libérer de la politique énergétique toxique de la Russie, Orbán y clouait encore plus son pays. Après l’invasion de l’Ukraine en 2022, l’Europe occidentale a finalement réalisé que la Russie s’engageait dans une politique de puissance impitoyable en matière d’énergie, mais la Hongrie a continué à s’approvisionner en gaz russe sans relâche. Le logo de Gazprom pourrait bientôt apparaître également sur les maillots du club de football de Ferencváros.

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Est-ce du patriotisme ? Non, c’est une mauvaise gestion. Orbán aime prétendre que l’UE risque de devenir une nouvelle Union soviétique, il insiste sur la souveraineté nationale, mais en réalité, il a cédé sur un morceau de papier la souveraineté de la Hongrie au successeur de l’Union soviétique, la Russie de Poutine.

Le fait qu’Orbán se soit rendu en Ukraine mardi, pour la première fois depuis l’invasion russe en février 2022, peut être qualifié d’optimiste, mais aussi de calculateur, maintenant qu’Orbán est davantage sous le feu des projecteurs grâce à la présidence de l’UE. De plus, son appel à Kiev pour qu’il envisage « un cessez-le-feu rapide » semblait ridicule, surtout maintenant que la Russie bombarde sans cesse les villes ukrainiennes avec de lourdes bombes planantes, 800 au cours de la seule semaine dernière.

La Hongrie est connue comme le pays de l’UE le plus corrompu, et le fait que Geert Wilders et certains de ses collègues du PVV soient si enthousiastes à l’égard du pays n’est pas rassurant. En fait, cette fascination pour Orbán et ses partisans est en contradiction avec les valeurs propres aux Pays-Bas. Quiconque admire Orbán dit en fait : à bas la presse libre, à bas ceux qui luttent contre la corruption, à bas l’État de droit, à bas le contrôle parlementaire. Le Premier ministre Dick Schoof ferait bien de contrôler l’amour de la Hongrie au sein de son cabinet, ou du moins de veiller à ce que les méthodes perverses d’Orbán ne prennent pas pied aux Pays-Bas.






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