La plupart des entreprises ont vu leurs marges se contracter fortement en 2022, selon la Banque Nationale

Alors que les marges opérationnelles étaient encore à un niveau plutôt élevé en 2021, elles ont fortement baissé en 2022 dans la plupart des secteurs. La marge brute (un indicateur de rentabilité) d’une « entreprise type » en Belgique est passée en dessous de la moyenne à long terme (depuis 2015). C’est la conclusion d’une nouvelle étude de la Banque nationale de Belgique (BNB) portant sur les trois premiers trimestres de l’année dernière.

La baisse des marges est liée à la forte augmentation des coûts au cours de 2022. Pensez aux prix élevés de l’énergie, à la perturbation des chaînes d’approvisionnement (par exemple des puces électroniques) et à la forte inflation. Les matières premières sont devenues plus chères et les salaires ont augmenté. La marge est alors déterminée par la mesure dans laquelle les entreprises peuvent répercuter ces coûts sur leurs prix de vente.

Bien sûr, il existe des différences par secteur et par entreprise, mais en général les entreprises n’arrivent pas à calculer pleinement ces coûts, selon l’étude des économistes de la BNB Gert Bijnens et Cédric Duprez. La marge brute d’une « entreprise type » (la médiane de toutes les entreprises non financières) est ainsi tombée à 14,3% au cours des trois premiers trimestres de 2022, contre 16,8% à la même période un an plus tôt. La marge était également inférieure l’an dernier à celle de 2020 et à la moyenne des cinq années précédentes (2015-2019).

Les économistes qualifient la baisse de marge de significative. « La marge a diminué d’environ 2 centimes par euro de chiffre d’affaires, alors que cette marge est restée quasi constante ces dernières années et a même légèrement augmenté en 2021 », sonne-t-on.

Le secteur alimentaire à la peine

Bijnens et Duprez ont fait l’exercice pour 140 secteurs d’activité. Pour la grande majorité, la marge a diminué en 2022. Globalement, la baisse a été plus prononcée dans l’industrie manufacturière que dans le secteur des services. Le secteur alimentaire (industrie, supermarchés, magasins spécialisés comme les bouchers, etc.) semble avoir du mal à répercuter la hausse des coûts, alors qu’en revanche, les agences de voyages, par exemple, ont pu augmenter leurs marges en 2022. Ils venaient donc d’une période corona très difficile.

La baisse observée des marges semble quelque peu en contradiction avec une étude macroéconomique antérieure de l’institution, qui avait conclu que les marges restaient à un niveau assez élevé en 2022. Mais ces résultats ont été influencés par un petit nombre de très grandes entreprises (avec des marges significativement plus élevées en moyenne que les 99% restants), indique l’institution. «Nous voulions maintenant regarder derrière les quelques grands arbres qui cachent la forêt», ont déclaré les économistes de la BNB Gert Bijnens et Cédric Duprez. Ils nient également que les deux études se contrediraient, car une baisse des marges est également attendue dans l’étude macroéconomique. Il aurait été déployé fin 2022 ou au début de cette année.

« Les PME ont des marges beaucoup plus faibles »

L’organisation commerciale Unizo conclut de l’étude que les marges des entreprises sont en effet sous forte pression. « Il est trop facile de généraliser en ce qui concerne les marges des entreprises », alors qu’il existe de grandes différences entre les entreprises individuelles, déclare le PDG d’Unizo, Danny Van Assche. « Comme prévu, l’étude de la Banque Nationale montre que la marge moyenne est très fortement influencée par un nombre limité de très grandes entreprises. Les PME ont des marges beaucoup plus faibles.

« Nous espérons que ces chiffres sont un signal d’alarme pour tous ceux qui ont continué à affirmer que les entreprises réalisaient encore des « bénéfices élevés » ces derniers mois. Cette étude prouve le contraire », ajoute Van Assche. Unizo prône une baisse de l’indexation automatique des salaires.



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