La photo de Kiki de Montparnasse dans le célèbre "Le violon d’Ingres" de Man Ray est mis aux enchères aujourd’hui. C’est qui était la femme derrière le coup


tuna muse pose dos nu devant son artiste préféré. Ses cheveux sont rassemblés en un turban et un corps tout en courbes qui peut être représenté libre et magnifique, tandis que la caméra clique. Un moment magique d’où naîtra l’une des œuvres d’art les plus sensuelles de tous les temps. Le violon d’Ingres par Man Ray est bien plus qu’une simple photo.

Depuis 1924, date de sa création et de sa première apparition dans le magazine d’art Littérature depuis André Breton, père du mouvement surréalisteil n’a jamais cessé d’inspirer. Hommage du créateur américain Man Ray à l’art de Jean-Auguste-Dominique Ingres, reprend ses célèbres peintures qui immortalisent des figures féminines sensuelles sans voiles. Mais c’est aussi un hommage à la passion du peintre français du XIXe siècle pour le violon. C’est la raison pour laquelle les fameux fs qui ont rendu le cliché iconique se superposent sur les hanches de la femme immortalisée. Cette image est une légende authentique. Comme le modèle représenté : Kiki de Montparnasse, la femme symbole du Paris scintillant des années 1920ce moment sauvage et incroyablement créatif qui est entré dans l’histoire sous le nom de « Les Années folles ».

Kiki de Montparnasse. La vie bohème

Kiki de Montparnasse au Café du Dôme à Paris en 1929. (Photo by ullstein bild / ullstein bild via Getty Images)

Kiki, c’est encore Alice Ernestine Prin, lorsqu’elle arrive à Paris. Elle a douze ans et avait jusque-là grandi chez ses grands-parents dans la campagne bourguignonne. Son père ne l’avait pas reconnue, tandis que sa mère l’avait abandonnée. Elle a une enfance misérable. Il supplie les religieuses une assiette de soupe, vole des légumes dans les jardins des voisins et ne va pas régulièrement à l’école. C’est sa mère qui l’entraîne dans la capitale française. Alice essaie de reprendre ses études, mais abandonne à treize ans. Il trouve un emploi comme apprenti dans une boutique de tricots, puis dans une usine où l’on répare les chaussures des soldats, la Première Guerre mondiale n’est pas encore terminée. Mais l’argent est toujours trop peu. A quatorze ans, elle travaille dur dans une boulangerie où elle est harcelée, résiste parce que ce travail lui permet de manger, mais le patron la renvoie parce qu’elle se retouche les cils avec des allumettes usagées. A court d’argent, elle accepte de poser nue pour un sculpteur. Elle est déjà belle et consciente de son charme. C’est le début d’une carrière de mannequin en service. La mère est scandalisée. Mais Alice s’en soucie peu. Il comprend que son heure est venue. Il sort de chez lui et s’immerge dans la vie bohème de Montparnasse, lieu où s’est libéré un bouillonnement artistique sans précédent dans ces années-là. Elle se coupe les cheveux comme une garçonne, va vivre dans un logement de fortune, dort sur des sacs de sable, se lave dans les cafés. La nuit il fréquente les clubs animés par une tribu de peintres et d’artistes, avec eux il chante et pose jusqu’à l’aube.

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A Paris, dans le tourbillon du succès

Ainsi Alice devient Kiki de Montparnasse, l’étoile la plus brillante de Paris. Le nouveau nom lui est donné par le peintre Maurice Mendjisky, le premier avec qui il fait l’amour, comme le dit l’écrivain Dan Franck dans Montmartre et Montparnasse. Le fabuleux Paris du début du siècle (Garzanti). Sensuelle, sans scrupules, anticonformiste, audacieuse et scandaleuse, Kiki est mannequin pour Maurice Utrillo, Moïse Kisling, Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine. Elle n’aime pas poser parce qu’elle n’a pas de poils pubiens, alors elle les dessine à la pierre noire. Le peintre japonais Léonard Foujita l’immortalise dans une grande toile qui est exposée au Grand Palais, toute la presse en parle et l’oeuvre est achetée pour une somme inattendue, huit mille francs, que l’artiste partage avec elle. La plus grande réussite de Kiki est cependant de se créer. Des yeux brûlants, des lèvres en forme de cœur et un corps tout en courbes, sa vie ressemble à un tourbillon écrasant.

Les amours surréalistes

Lorsqu’elle rencontre Man Ray, tout juste arrivé à Paris, en 1921, elle est assise à une table basse et répond en rimes à un serveur qui ne veut pas la servir et à un de ses amis car ils n’ont pas de chapeau : le plus souvent ce sont des prostituées qui ne l’ai pas. . Kiki hurle, se lève brusquement, pose un pied sur la chaise sur laquelle elle est assise et un pied sur le comptoir. Sous ses vêtements, elle est nue, elle ne porte pas de lingerie. Man Ray ne peut que la remarquer, il tombe immédiatement amoureux d’elle. C’est une histoire d’amour intense et houleuse qui dure six ans, Kiki est la source d’inspiration éternelle de l’artiste, apparaît également dans ses courts métrages. Il est sur le tournage d’autres films expérimentaux. Il ira même en Amérique, mais Hollywood ne restera qu’un mirage.

Avec une souris blanche en laisse

Il s’essaye à la peinture. Entre février et mars 1927 se tient une exposition avec près d’une trentaine de ses oeuvres, à la touche naïve et aux couleurs vives qui s’arrachent aussitôt, beaucoup veulent un tableau créé par la femme la plus entreprenante de Paris. Il est au sommet de sa gloire. Elle a une foule de fans qui la suivent partout et vont la voir lorsqu’elle se produit au rythme de chansons audacieuses et de danses endiablées dans les cabarets. Il vit d’aventures fantaisistes et audacieuses. Il se promène avec une souris blanche en laisse, il finit même en taule.

Cette autobiographie scandaleuse…

A 28 ans, en 1929, il commence à écrire un livre sur sa vie, les premiers chapitres paraissent dans le magazine Paris Montparnasse réalisé par le journaliste Henri Broca qui devient son nouvel amant. Le livre connaît un succès retentissant. C’est la photographie de son temps et aux États-Unis elle est censurée. La préface est écrite par Ernest Hemingway qui la décrit ainsi : « Elle avait un corps merveilleux et une belle voix (quand elle parlait, pas quand elle chantait) ; elle a certainement dominé l’ère Montparnasse plus que la reine Victoria n’a dominé l’ère victorienne ».

Allée du coucher du soleil

Cependant, son temps est presque terminé. Dans les années 1930, un cabaret ouvre. Vient ensuite la Seconde Guerre mondiale et Kiki participe à la Résistance en distribuant des affiches anti-naziespour échapper à la Gestapo, il se réfugie en Bourgogne. Quand il rentre à Paris, il est sur l’avenue du couchant. Il se drogue, boit, sa beauté s’est estompée. Il se traîne dans les cafés en chantant pour les touristes d’une voix cassée. Ce n’est que l’ombre pâle de celle qui a enflammé les cœurs de Montparnasse. Il mourut en 1953, âgé d’un peu plus de cinquante ans. Elle est retrouvée sans vie près de la porte de son appartement. Ainsi disparut la reine d’une époque. Kiki de Montparnasse revit dans les œuvres d’art. Et pas seulement ça, aujourd’hui même au nom d’une marque de lingerie, elle qui n’en portait pas.

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Le Kiki de Man Ray aux enchères

L’original de l’oeuvre Le violon d’Ingres par Man Ray, réalisé avec une combinaison de techniques, y compris la peinture à la main, est la pièce phare de la collection d’art surréaliste de Rosalind et Melvin Jacobs que le Le 14 mai est mis aux enchères à New York pour Christie’s. Estimée entre 5 et 7 millions de dollars, elle est en passe de devenir la photo la plus chère de tous les temps. Des œuvres de Man Ray également à l’exposition Photos! Les chefs-d’oeuvre de la collection Julián Castilla : Cartier-Bresson, Doisneau, Capa, Man Ray et les plus grands photographes du XXe siècleà Bologne, Palazzo Albergati, jusqu’au 4 septembre.

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