La pénurie alimentaire nécessite une approche globale

Le papillon et la tempête : La semaine dernière, l’Indonésie a annoncé une interdiction temporaire des exportations d’huile de palme. La cause est à une dizaine de milliers de kilomètres, en Ukraine. Là-bas, l’exportation d’huile de tournesol, dont elle est l’un des plus importants producteurs au monde, s’est effondrée à cause de la guerre. De grandes entreprises se sont tournées vers l’huile de palme, dont il y a maintenant aussi une pénurie. Et l’Indonésie en est l’un des plus grands producteurs au monde.

La guerre en Ukraine, par exemple, se répercute dans tous les coins du monde et a des effets inattendus sur le réseau sophistiqué de production et d’exportation créé par la mondialisation. Cela ne s’applique pas seulement au gaz et aux puces informatiques, mais aussi à une nécessité élémentaire de la vie comme la nourriture. Le vidage des silos à grains et autres entrepôts par les soldats russes en Ukraine, qui a récemment été signalé, peut en ce sens être interprété comme une fermeture du robinet de gaz. Elle amplifie l’effet prix à la hausse et rend d’autant plus précieux les atouts que le Kremlin croit avoir entre les mains. Jusqu’à ce que le reste du monde se soit adapté à la nouvelle situation, et que la Russie n’en soit finalement que plus pauvre à cause de cela.

Ce n’est pas encore si loin. Alors qu’aux Pays-Bas, l’attention est, à juste titre, concentrée sur la hausse phénoménale du prix de l’énergie, la nourriture devient également moins abordable ici. Les aliments étaient déjà 6,2% plus chers en mars par rapport à l’année dernière. On peut conclure des chiffres provisoires d’avril que la hausse des prix a probablement été encore plus importante au cours de ce mois. La hausse des prix des aliments non transformés, sur laquelle il existe déjà des données distinctes, a déjà augmenté de plus de 11 %, passant de 7 % en mars à 11 % en avril.

Cela affecte principalement les revenus les plus faibles, qui consacrent une part relativement importante de leur budget aux besoins quotidiens. Il fournit également une perspective sur ce qui se passe dans les pays les plus pauvres, où non seulement une part encore plus importante des revenus est consacrée à l’alimentation, mais où une quantité relativement importante de produits non transformés (riz, céréales, légumes) est également consommée. Leurs effets sur les prix sont généralement beaucoup plus importants que ceux des aliments transformés.

La situation était déjà mauvaise dans les pays à faible revenu. Selon le Programme alimentaire mondial, une agence d’aide des Nations Unies, 811 millions de personnes se couchent chaque nuit sans avoir assez à manger. Parmi eux, 276 millions sont à risque de malnutrition aiguë, soit le double du nombre avant la pandémie. Le Covid, les conflits locaux et le changement climatique ont perturbé ou perturbent l’approvisionnement alimentaire mondial. La guerre en Ukraine vient s’ajouter à cela. L’exportation de blé ou d’huile de tournesol de cette région a été gravement touchée. Parce que le prix de l’énergie et des engrais a également fortement augmenté, les problèmes de culture et de transport augmentent la pression.

Le PDG du groupe alimentaire et de soins Unilever a déclaré le mois dernier que l’entreprise avait déjà augmenté les prix en Europe de 5 % en moyenne, mais dans les pays émergents même à « deux chiffres ». Cela n’augure rien de bon, surtout parce que, dans un sens direct, on ne peut pas faire grand-chose contre la pénurie alimentaire – à part l’aide urgente dont on a désespérément besoin et qui doit certainement être fournie. La plus grande tâche est à plus long terme : la stabilité politique mondiale, la limitation du réchauffement climatique et une coopération approfondie pour résoudre les problèmes. Ce sont des biens publics internationaux. Il en va de même pour la sécurité alimentaire pour tous.



ttn-fr-33