La NASA attend dimanche un colis contenant un morceau de l’astéroïde Bennu : Pourquoi cette roche spatiale ? Et quel est le but ? 5 questions répondues


Dimanche est un grand jour pour l’agence spatiale américaine. La NASA attend un colis contenant 250 grammes de matière provenant de l’astéroïde Bennu. Leur sonde spatiale OSIRIS-REx l’a collecté en 2020. Aujourd’hui, 3 ans plus tard, OSIRIS-REx enverra cet échantillon vers la Terre dans une capsule alors qu’elle survole. Une première pour les Américains et aussi le plus grand échantillon de roche spatiale jamais ramené sur Terre.



En 2016, la NASA a lancé la mission spatiale OSIRIS-REx. Leur cible ? L’astéroïde Bennu, une roche spatiale de 500 mètres de diamètre découverte en 1999. Ce n’est pas sans raison que l’agence spatiale a choisi ce spécimen.

Pourquoi voulons-nous récupérer un morceau de l’astéroïde Bennu ?

Les astéroïdes tels que Bennu sont des capsules temporelles qui nous permettent de revenir sur le passé. Ce sont des vestiges de l’époque où les planètes se sont formées dans notre système solaire. En collectant puis en étudiant la matière à l’intérieur de l’astéroïde, vous pourrez en apprendre davantage sur la formation de tels astéroïdes, mais aussi sur celle de notre planète. L’avantage est que vous connaissez l’origine du morceau de Bennu que vous emportez et qu’il est « intact ». Ce n’est pas le cas des météorites qui tombent ici sur Terre. Par exemple, ils sont affectés par leur voyage à travers notre atmosphère et leur séjour souvent prolongé sur Terre. C’est pourquoi l’échantillon de la mission OSIRIS-REx est bien plus intéressant d’un point de vue scientifique.

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Si Bennu venait à s’écraser sur Terre, ses 500 mètres suffiraient à rayer le Benelux de la carte. ©AP

De plus, Bennu a également été choisi car il s’agit d’une roche spatiale dite riche en carbone. Les scientifiques soupçonnent qu’il peut contenir des composés carbonés complexes, qui sont des matériaux de construction nécessaires au développement de la vie sur une planète. La question de savoir comment ces substances organiques se sont retrouvées ici chez nous reste une question sans réponse. Sont-ils originaires d’ici ? Ou peut-être ont-ils fait du stop sur un astéroïde qui est tombé ici alors que notre planète était encore jeune ?

Enfin, il y avait une autre raison pour laquelle la NASA s’est dirigée vers Bennu. Il y a une très faible chance que l’astéroïde se retrouve sur notre planète dans un avenir lointain. Cette chance est la plus grande entre 2135 et 2300, même si elle reste même alors très faible. Par exemple, en septembre 2182, il est de 0,04 %. Si Bennu venait à s’écraser sur Terre, ses 500 mètres suffiraient à rayer le Benelux de la carte. En étudiant Bennu, nous pourrons mieux nous protéger à l’avenir contre les nouvelles menaces venues de l’espace.

Est-ce la première fois que des scientifiques collectent des matériaux provenant d’un astéroïde et les ramènent sur Terre ?

C’est une première pour les Américains, mais certainement pas pour le monde. Les Japonais l’avaient déjà fait avant eux en 2010 avec la première mission Hayabusa. Il a renvoyé moins d’un milligramme de l’astéroïde 25143 Itokawa sur Terre. La deuxième mission a suivi en 2020 avec 5,4 grammes de matière provenant de l’astéroïde Ryugu. Les 250 grammes prélevés par OSIRIS-REx ne sont donc pas le premier matériau jamais réalisé, mais c’est le plus.

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En 2020, la deuxième mission japonaise a apporté sur Terre 5,4 grammes de matière provenant de l’astéroïde Ryugu.
En 2020, la deuxième mission japonaise a apporté sur Terre 5,4 grammes de matière provenant de l’astéroïde Ryugu. © EPA

À quoi ressemblait exactement la mission OSIRIS-REx ?

La sonde spatiale OSIRIS-REx est partie pour Bennu en septembre 2016. L’appareil avec ses panneaux solaires a une longueur de 6,2 m et une largeur et une hauteur de 2,4 mètres sur 3,2 mètres. Il a fallu 2 ans au vaisseau spatial pour s’approcher de l’astéroïde et 2 ans supplémentaires pour trouver un site d’atterrissage approprié.

Le moment était venu le 20 octobre 2020. Au cours d’une manœuvre dite « touch and go », OSIRIS-REx a collecté du matériel sur l’astéroïde à l’aide d’un aspirateur cosmique de 3 mètres de long. Une prouesse technologique puisque la sonde spatiale se trouvait à l’époque à environ 320 millions de kilomètres de la Terre. Un ajustement rapide n’était donc pas une option pour la direction de la mission. Même si un certain nombre de choses ne se sont pas déroulées comme prévu, la sonde spatiale a quand même réussi à rentrer chez elle avec 250 grammes de matériel. Bien au-dessus de l’objectif de 60 grammes.

Aujourd’hui, après 7 ans et 7 milliards de kilomètres, la sonde spatiale revient à son point de départ.

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Au cours d’une manœuvre dite « touch and go », OSIRIS-REx a collecté du matériel sur l’astéroïde à l’aide d’un aspirateur cosmique de 3 mètres de long.
Au cours d’une manœuvre dite « touch and go », OSIRIS-REx a collecté du matériel sur l’astéroïde à l’aide d’un aspirateur cosmique de 3 mètres de long. ©AP

Comment le colis contenant les morceaux de l’astéroïde Bennu sera-t-il livré sur Terre dimanche ?

A 100 000 kilomètres de la Terre, soit environ un tiers de la distance au mois, la sonde spatiale lance une capsule contenant l’échantillon vers notre planète. Quatre heures plus tard, il vole dans l’atmosphère à 44 500 kilomètres par heure, avec une température atteignant 2 700 °C. Heureusement, il existe un bouclier thermique pour se protéger. Pour ralentir encore davantage, la capsule utilise des parachutes avant d’atterrir à 18 kilomètres par heure dans un coin désert sécurisé de l’État américain de l’Utah.

Une équipe de récupération composée de 4 hélicoptères tente alors de retrouver la capsule au plus vite pour éviter toute contamination par du matériel terrestre. Une partie de Bennu est ensuite envoyée dans des laboratoires du monde entier. Le reste disparaît dans un coffre-fort pour les générations futures.

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Une équipe de récupération composée de 4 hélicoptères tente alors de retrouver la capsule au plus vite pour éviter toute contamination par du matériel terrestre.
Une équipe de récupération composée de 4 hélicoptères tente alors de retrouver la capsule au plus vite pour éviter toute contamination par du matériel terrestre. ©AP

Que se passe-t-il ensuite ?

Après avoir livré son colis, la sonde spatiale poursuit son vol et reçoit un nouveau nom OSIRIS-APEX. Sa nouvelle cible est l’astéroïde Apophis, mesurant 370 mètres. Il s’approchera de la Terre en 2029 à environ 32 000 kilomètres. Même si nous n’avons pas à craindre un impact. Les calculs des scientifiques indiquent que la probabilité que cela se produise est pratiquement inexistante.

Mais ce passage rapproché est le moment idéal pour qu’OSIRIS-APEX entre en orbite autour d’Apophis. S’en suivront 18 mois de recherche durant lesquels la sonde spatiale cartographiera la composition d’Apophis.

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