La morosité des banques de détail de la Société générale éclipse la manne du trading d’actions


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La Société Générale a abaissé les perspectives de sa banque de détail française, même si un trimestre florissant pour le trading d’actions l’a aidée à dépasser les prévisions de bénéfices du deuxième trimestre.

Le directeur général Slawomir Krupa, nommé il y a un an pour remettre la banque française sur les rails après une série de restructurations, espère que la banque d’investissement de la Société Générale pourra contribuer à un redressement.

Dans un trimestre solide pour la banque d’investissement à Wall Street, SocGen a suivi son homologue BNP Paribas en surperformant les grandes banques américaines avec une hausse de 24 % des revenus de négociation d’actions.

Son rival Crédit Agricole, deuxième banque cotée en bourse en France, tandis que la Société Générale est la troisième, a également dépassé les prévisions de bénéfices jeudi, soutenu par sa meilleure performance de banque d’investissement pour un deuxième trimestre.

Les activités de détail de SocGen en France ont toutefois continué de peser sur la performance, avec des revenus globaux en berne, même si le revenu net d’intérêts (RNI) a progressé de 11% par rapport à l’année dernière. Jeudi, la banque a déclaré qu’elle s’attendait à ce que le RNI français atteigne 3,8 milliards d’euros en 2024, contre un objectif précédent de 4,1 milliards d’euros.

Les actions de SocGen ont chuté de près de 7% dans les premiers échanges jeudi.

Comme d’autres banques françaises, la SocGen a mis du temps à profiter des hausses de taux d’intérêt décidées par la Banque centrale européenne ces dernières années, en raison des limites imposées sur son marché intérieur quant à la répercussion de ces hausses sur les consommateurs. La banque explique être désormais freinée en partie par les taux élevés qu’elle doit verser sur les comptes d’épargne, fixés par l’Etat, alors que la croissance des prêts reste faible.

Le groupe a également souffert au cours des trimestres précédents de l’échec des opérations de couverture sur les taux d’intérêt bas, même si l’impact de ces opérations s’estompe.

Au deuxième trimestre, la banque française a dégagé un chiffre d’affaires de 6,7 milliards d’euros, en hausse de 6,3% par rapport à l’année précédente et au-dessus des 6,5 milliards attendus en moyenne par les analystes interrogés par Refinitiv LSEG. Le bénéfice net a progressé de 24% à 1,1 milliard d’euros, également au-dessus des prévisions.

« Les performances et une nouvelle révision à la baisse du NII du secteur de détail français sont décevantes », a déclaré Anke Reingen, analyste chez RBC Capital Markets.

Reingen a également évoqué une amélioration des perspectives du capital de la SocGen, un domaine sur lequel Krupa s’est efforcé de travailler. La banque a déclaré que son ratio de fonds propres de base dépasserait 13 % en 2024.

Krupa, un vétéran de la Société Générale qui a succédé l’an dernier à Frédéric Oudéa, après 15 ans à la tête du groupe, a connu un début de mandat mouvementé en misant sur des objectifs sobres mais réalistes, mal accueillis par la Bourse en septembre dernier.

Il a cherché à apaiser les investisseurs en promettant de reconstruire en priorité la solidité financière de la Société Générale. Krupa a vendu des activités non essentielles dans le cadre de cette opération, notamment un accord de cession de ses activités au Bénin signé cette semaine, et a supprimé des emplois.

Le cours de l’action de SocGen reste toutefois stable cette année, sous-performant les indices bancaires européens plus larges, en partie à cause de la volatilité liée aux élections parlementaires françaises de juin et juillet.



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