Sur les douze femmes que la Belgique a ramenées des camps de prisonniers de l’EI en Syrie, la moitié ne sont plus en détention. Sont-ils un exemple de réintégration ou une menace pour notre sécurité ? « Ils évoluent désormais librement dans la société qu’ils voulaient détruire. »

Bruno Struys

En 2021, la Belgique a rapatrié six femmes des camps kurdes où se trouvaient des membres de l’EI capturés dans le nord-est de la Syrie. Le gouvernement fédéral ne se souciait pas des femmes, mais de leurs dix enfants, qui vivaient dans des conditions difficiles. De plus, le camp d’Al Hol est devenu de plus en plus un vivier de nouveaux combattants de l’EI. Comme les mères ne voulaient pas abandonner leurs enfants, elles sont venues avec leur progéniture.

En 2022, le gouvernement a de nouveau retiré six femmes et seize enfants des camps. Les douze femmes ont été condamnées dans notre pays, mais il semble désormais que la moitié d’entre elles aient déjà été libérées. Une seule femme du groupe 2021 est toujours en détention. Il s’agit de HS, 27 ans, originaire de Willebroek, fille d’une mère flamande et d’un père tunisien. À l’âge de dix-neuf ans, HS a suivi son père en Syrie et, à son retour, elle a été condamnée à cinq ans de prison dans notre pays.

Les cinq autres femmes qui l’ont accompagnée en Belgique ont été condamnées à des peines plus légères et sont désormais libres. Certains étaient au terme de leur peine, d’autres ont été libérés prématurément. Une femme du groupe arrivée en Belgique l’année dernière a également déjà été libérée. Un autre est chez lui avec un bracelet de cheville. Au moins une femme supplémentaire devrait être autorisée à prendre un congé de prison régulier pour préparer une éventuelle libération.

« Ils se promènent désormais librement dans la société qu’ils voulaient détruire », a déclaré le député N-VA Koen Metsu, qui a interrogé à ce sujet le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) au Parlement. « C’est non seulement carrément honteux, mais aussi une menace pour notre sécurité nationale. »

Des prisonniers exemplaires

Depuis 2019, huit autres femmes sont rentrées seules, sans rapatriement via la Belgique. La plupart de ce groupe est également désormais gratuit. Le cabinet du ministre Van Quickenborne souligne que les rapatriés suivent la procédure standard pour les détenus et que les services de sécurité en assurent le suivi. Toutes les femmes rapatriées sont toujours répertoriées dans la base de données commune, connue sous le nom de liste OCAD, en vertu de la loi. « combattant terroriste étranger de catégorie 3 », la catégorie des membres de l’EI revenus.

Gerrit Loots, professeur à la VUB, a rendu visite à certaines de ces femmes en Syrie à l’époque et a plaidé pour qu’elles reviennent avec leurs enfants. Il suit toujours la plupart d’entre eux dans le cadre de ses recherches. Selon lui, ce sont désormais des « prisonniers exemplaires ».

« Tout le processus de ces femmes est un processus de réinsertion : elles travaillent ou suivent une formation, et cela est également dans l’intérêt de leurs enfants », explique Loots. L’une des femmes a travaillé pendant un an à la VUB en tant qu’assistante administrative. « Leur danger pour notre société a complètement disparu. »

Le député Metsu est toujours inquiet. Il demande une disposition obligatoire pour toute nouvelle condamnation pour terrorisme. Le condamné restera ensuite sous la surveillance du tribunal qui a prononcé la peine pendant quelques années après avoir purgé sa peine.



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