La ministre Caroline Gennez condamne la « violence des colons » israéliens en Cisjordanie


De nombreux Palestiniens ont fui leurs foyers en Cisjordanie. Les colons israéliens menacent de détruire leurs villages, notamment l’école de Khirbet Zanuta, construite avec de l’argent belge. « Cela ne restera pas sans conséquences », déclare le ministre de la Coopération au développement Gennez.

Bruno Struys

Depuis les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, les colons israéliens sont passés à la vitesse supérieure en Cisjordanie. Alors que les yeux du monde sont tournés vers la bande de Gaza, treize communautés ont dû quitter leurs villages en trois semaines sous la pression des colons israéliens. Cinq autres hameaux ont été partiellement évacués. Au total, 858 personnes ont été chassées de chez elles, dont 309 mineurs. Le les chiffres proviennent de B’Tselemqui surveille les droits de l’homme dans les territoires occupés.

A titre de comparaison, cela fait plus de trois semaines les 856 Palestiniens qui, selon l’ONU, ont dû fuir en 2022 pour les colons israéliens. Et cette année-là, c’était le nombre le plus élevé depuis plus de quinze ans.

« C’est sans précédent », a déclaré Yehuda Shaul, fondateur de Breaking The Silence, une organisation d’anciens soldats israéliens contre la politique d’occupation. « Avec chaque communauté qui disparaît, les colons sont plus enhardis et motivés à intensifier leurs attaques contre d’autres villages. Un effet domino se crée, car les autres hameaux sont de plus en plus isolés et ont donc du mal à survivre. La situation est assez mauvaise.

Il s’agit de petites communautés palestiniennes qui élèvent principalement des moutons dans la zone C, une zone de Cisjordanie sous contrôle israélien total. Trente organisations israéliennes de défense des droits humains, dont Breaking The Silence, ont exhorté la communauté internationale « à agir de toute urgence pour mettre fin à la vague de violence des colons parrainée par l’État » dans une lettre ouverte.

Soutien européen

L’un des villages touchés est Khirbet Zanuta, au sud d’Hébron. Au cours des deux dernières semaines, il y a eu trois incidents de colons venus dans le village pour détruire les infrastructures d’eau ou d’électricité et pour battre ou harceler les habitants. Des images sur les réseaux sociaux montrent comment les habitants sont partis ce week-end.

L’école du village a été construite avec de l’argent européen. Un panneau à l’entrée mentionne également le logo de la Coopération belge au développement. « Soutien humanitaire aux Palestiniens menacés de déplacement forcé en Cisjordanie », indique-t-il. L’école a déjà été vandalisée à deux reprises par le passé.

« C’est sans aucun doute ce qui se reproduira », déclare Rikkert Horemans, responsable de la politique palestinienne à Broederlijk Delen. « Les colons se sentent déjà renforcés depuis l’arrivée au pouvoir du dernier gouvernement Netanyahu, car il y a des partisans de leur idéologie au sein de ce gouvernement, mais il y a maintenant un véritable élan. »

La Belgique fait partie d’un groupe de dix États membres de l’UE qui contribuent au Consortium européen pour la protection de la Cisjordanie, avec lequel cette école de Khirbet Zanuta a été construite. En 2023, la Belgique a contribué au total à ce fonds européen à hauteur de 1,25 million d’euros.

Dans le passé, il était interdit aux habitants de Khirbet Zanuta de construire des maisons ou d’autres infrastructures. Cependant, depuis 2018, l’argent européen a servi à construire une école, une salle pour les réunions de village et un petit hôpital. Selon l’ONG Norwegian Refugee Council, active localement, le gouvernement israélien a écrit un ordre de démolition pour chacun de ces trois bâtiments.

Émeute diplomatique

En août, la ministre belge de la Coopération au développement Caroline Gennez (Vooruit) avait déjà tiré la sonnette d’alarme après la destruction d’une école à Ein Samiya, également construite avec de l’argent européen. Dix jours plus tard, une querelle diplomatique éclata car Gennez, dans une interview avec Le matin a déclaré que les Israéliens avaient rayé des villages entiers de la carte. L’ambassadeur de Belgique en Israël a alors été convoqué. Une fois de plus, Gennez condamne la violence croissante en Cisjordanie dans « les termes les plus forts possibles ».

« Nous continuerons de cartographier en détail les violences, les déplacements forcés et la destruction des infrastructures financées par la solidarité internationale. Cela ne restera pas sans conséquences », dit-elle dans une réponse Le matin. « La violence des colons, qui était auparavant ignorée par les autorités israéliennes, est désormais encouragée par le gouvernement. Il est clair que la réponse du gouvernement israélien d’extrême droite dirigé par Netanyahu est disproportionnée à tous les niveaux.»

Le ministre Itamar Ben-Gvir (au centre) distribue des armes aux civils, notamment aux colons en Cisjordanie.Image REUTERS

Le gouvernement Netanyahu, arrivé au pouvoir en décembre, comprend un ministre de la Sécurité nationale pro-colonisation, Itamar Ben-Gvir. Sur ses instructions, la législation sur les armes à feu a été assouplie peu après les attaques terroristes du Hamas. Il a également distribué des armes aux citoyens responsables de la « sécurité », notamment aux colons. A cet effet, il a chargé son ministère d’acheter 10 000 armes.

« Le carnage provoqué par le Hamas est terrible, mais cela ne donne pas à Israël le droit de laisser les colons faire ce qu’ils veulent », déclare Shaul. « L’Europe doit réagir. Il faudra une intervention significative de la communauté internationale pour mettre un terme à cette situation. Seule une pression suffisante sur Israël peut arrêter les colons. »





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