La menace climatique vient désormais de toutes parts, ce qui nécessite des choix difficiles

« J’ai vu de nombreux rapports scientifiques dans ma vie, mais je n’ai jamais rien vu de tel. » C’est ce qu’António Guterres, secrétaire général des Nations unies, a déclaré lundi lors de la présentation du dernier rapport des Nations unies. « Un atlas de la souffrance humaine », a qualifié Guterres le rapport, « un acte d’accusation accablant d’un leadership climatique défaillant ».

Maintenant, le chef de l’ONU utilise souvent de grands mots lorsqu’il s’agit de changement climatique. Mais cette fois, ces mots ne sont pas exagérés. Il n’est pas facile de lire quoi que ce soit de positif dans ce rapport de plus de 3 600 pages, consacré aux conséquences du changement climatique. Les conclusions sont fermes et claires : les effets du changement climatique sont déjà visibles et ressentis partout, et ils vont s’aggraver, des dommages irréversibles sont causés aux personnes et à la nature dans toutes sortes d’endroits sur la planète. Certains écosystèmes ont atteint ou ont déjà dépassé la limite d’adaptation. Tout cela conduira à plus d’inégalités et à une augmentation des conflits.

Plus qu’auparavant, le GIEC expose le lien entre ces conséquences dans ce rapport. Cela se produit à un niveau abstrait lorsque le rapport décrit que la dégradation des écosystèmes et de la biodiversité entraîne irrévocablement des dommages à la société humaine. Mais les exemples sont aussi concrets. La hausse des températures provoque la sécheresse et cause des problèmes pour l’agriculture. L’irrigation peut être une solution pour le moment, mais elle est moins efficace lorsqu’il fait plus sec à cause de la chaleur. Il faut alors plus d’eau, mais en même temps moins est disponible. Et avec l’eau disponible, les centrales électriques doivent également être refroidies. À mesure que la température augmente, cela devient seulement plus important. Extraire encore plus d’eau de la nature n’est pas possible sans mettre en danger les écosystèmes.

Ce rapport se lit comme un exemple de carte de vulnérabilités. Et c’est là que réside la douleur. Car même si la vulnérabilité augmente partout, le mot est surtout utilisé en relation avec les petits États insulaires des Caraïbes et du Pacifique, et les pays les moins avancés d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine. Tous les pays qui ont apporté une contribution limitée au réchauffement climatique, mais qui sont plus durement touchés que les autres. Selon le rapport, près de la moitié de l’humanité vit désormais dans la zone dangereuse.

Parce que le monde est loin d’être en mesure de contrôler les émissions de gaz à effet de serre – et ne semble pas les maîtriser pour le moment – ​​il n’y a pas grand-chose à faire contre cette injustice. Sauf en payant. Les pays riches, dont les Pays-Bas, devront aider les pays vulnérables à s’adapter. Ce n’est pas seulement un impératif moral, mais – et c’est l’un des rares points positifs du rapport – cela contribue également à accroître la résilience des pays. C’est donc aussi la bonne chose à faire pour des raisons économiques. Les infrastructures à l’épreuve du climat sont certes quelques pour cent plus chères, mais économiquement, elles génèrent un multiple de ces coûts supplémentaires.

Là où l’adaptation n’est plus possible, les pays riches devront compenser les dommages et les pertes. C’est encore un sujet sensible dans les consultations internationales sur le climat. De belles paroles ont été prononcées à ce sujet lors du sommet sur le climat à Glasgow en novembre, mais aucune mesure n’a été prise jusqu’à présent. La discussion sur la responsabilité se poursuit et doit être réglée dans les années à venir. Les Pays-Bas peuvent jouer un rôle de pionnier à cet égard, en tant que pays riche qui plaide depuis un certain temps – et avec succès – pour une plus grande attention à l’adaptation au changement climatique.

Ce rapport force également les Pays-Bas à se remettre en question. Après les inondations catastrophiques de 1953, les Pays-Bas ont montré de quoi ils étaient capables avec un plan coûteux et ambitieux qui prévoyait des décennies d’avenir. Un tel plan grandiose est à nouveau nécessaire maintenant. Seulement, ce n’est plus 1953. Fini le temps où une élévation de dix centimètres du niveau de la mer pouvait être combattue par une digue plus haute de dix centimètres. Le GIEC montre que la menace climatique vient de toutes parts et nécessite des choix difficiles. Combien de temps la nappe phréatique pourra-t-elle être maintenue si basse pour plaire aux agriculteurs, au détriment de la nature ? Pourquoi la croissance de l’aviation n’est-elle pas stoppée beaucoup plus explicitement ? Quand cessera-t-on de construire des maisons dans un polder à près de sept mètres sous le niveau de la mer ?

Plus les réponses tarderont à venir, plus les dégâts seront importants à long terme. Plus que ses prédécesseurs, le gouvernement semble disposé à prendre au sérieux le changement climatique. Avec la reconnaissance que tout n’est pas possible partout, comme Johan Remkes dans son rapport d’azote conclu en 2020, le cabinet peut faire preuve d’un véritable leadership climatique.



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