La journaliste Ana van Es a été appelée à témoigner. « Cela fait fuir les sources », dit son avocat

Contre son gré, une journaliste van de Volkskrant, à cause d’un article qu’elle a écrit pour le journal, doit témoigner dans un procès en appel contre deux terroristes syriens condamnés. C’est ce que confirme son avocat.

La journaliste, Ana van Es, a invoqué le soi-disant droit de non-divulgation des journalistes devant la cour d’appel mercredi, afin de ne pas avoir à répondre aux questions et de protéger les sources. Selon son avocat, même convoquer un journaliste pour interroger des témoins sur son travail est préjudiciable à la libre collecte d’informations.

Van Es a dû comparaître devant la Cour parce qu’en 2019 en Syrie, avec un collègue aux Pays-Bas, elle article complet a écrit sur les deux Syriens. Les deux (frères) étaient déjà soupçonnés aux Pays-Bas d’appartenir à l’organisation terroriste Jabhat al-Nusra.

« Les informations que le ministère public des Pays-Bas recueille avec difficulté sont dans la rue en Syrie », indique l’article. Et ça aussi de Volkskrant avant que l’article n’ait parlé « avec plusieurs résidents locaux qui déclarent que les frères étaient actifs au sein du Front Nosra ».

Cela a rendu la pièce intéressante pour le ministère public qui, compte tenu de la situation sécuritaire dans le pays déchiré par la guerre civile, n’a pas été en mesure de mener une enquête pour recueillir des preuves. Les frères ont été condamnés en 2021 à 15 ans et 9 mois, et 11 ans et 9 mois de prison, respectivement.

Protection des ressources

Selon l’avocat de l’un d’entre eux, Bart Nooitgedagt, l’article a non seulement servi de base à une enquête plus approfondie sur le contenu de l’article, mais le ministère public n’a pas non plus exclu de l’utiliser comme preuve. Avant d’aller aussi loin dans l’appel en cours, il souhaitait que le journaliste comparaisse devant la Cour d’appel. Il voulait pouvoir tester la fiabilité des affirmations concernant son client. « Mon client nie, et il y a des choses dans l’article que vous pouvez voir comme l’incriminant. »

Parce que Van Es a invoqué son privilège légal, Nooitgedagt n’a pas pu l’interroger et tester la fiabilité du document, dit-il. « Donc, la pièce ne peut pas contribuer à la preuve. »

L’avocat du journaliste, Jens van den Brink, accuse la cour d’appel d’avoir accepté que Van Es soit convoqué pour l’audition des témoins. « Ce que l’on perd souvent de vue, c’est que le secret des sources ne consiste pas seulement à protéger la source d’un article, mais que la raison pour laquelle il existe est que les journalistes ne doivent pas devenir une extension du pouvoir judiciaire et que les sources ne doivent pas être dissuadées.

« S’il est possible qu’il soit utile dans une affaire pénale de faire intervenir une journaliste qui suit également l’affaire, pour entendre ce qu’elle a vécu et à qui elle a parlé, alors les gens ne parleront plus aux journalistes. Le simple fait de demander à un journaliste de venir peut avoir un effet dissuasif. On en tient trop peu compte aux Pays-Bas. »

Le droit des journalistes au secret professionnel n’est pas absolu, reconnaît Van den Brink. « Si vous avez des informations selon lesquelles il y aura une attaque sur la place du Dam demain, alors c’est autre chose. S’il existe des circonstances extrêmement impérieuses, le droit de non-divulgation peut être violé. Lorsqu’il s’agit d’informations extrêmement importantes, qui sont cruciales dans une affaire. Mais cela ne peut pas du tout arriver ici.

Thomas Bruning, secrétaire du syndicat des journalistes NVJ, se réjouit que le juge ait accepté que Van Es ait invoqué son privilège légal. Il appelle le fait que la Cour a convenu qu’elle a été convoquée « pas un bon signal, mais mieux à moitié tourné que complètement égaré ».



ttn-fr-33