La France donne la victoire à Macron et à la démocratie libérale


La réélection du président Emmanuel Macron est un résultat bienvenu pour la France, l’UE, l’alliance occidentale et la cause de la démocratie libérale dans le monde. Sur tous les plans, une victoire de Marine Le Pen, son challenger d’extrême droite, aurait été tout simplement désastreuse. Cependant, le deuxième mandat de cinq ans de Macron promet d’être encore plus dur que le premier, qui a été marqué par une résistance furieuse à ses réformes intérieures, à la pandémie et, dans ses derniers mois, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Avec sa victoire de 58,5 à 41,5 % dimanche sur Le Pen, Macron est devenu le premier président français à être réélu depuis Jacques Chirac en 2002. C’est un hommage aux compétences politiques et administratives dont il a fait preuve depuis 2017 qu’il a fait pas perdre la confiance des électeurs à la manière de Nicolas Sarkozy et François Hollande, ses prédécesseurs immédiats. Au cours de son premier mandat, il a remporté des succès notables qui leur ont échappé, tels que la réduction du chômage, l’adoption de mesures favorables aux entreprises bien conçues et le fait de donner à la France un rôle plus dynamique et constructif dans les affaires européennes.

Pourtant, Macron a également dû sa victoire aux faiblesses de Le Pen et à ses plans superficiellement attrayants mais malavisés et même dangereux. Dans une certaine mesure, l’accent mis par sa campagne sur les questions de coût de la vie a porté ses fruits. Sa part des voix était de loin la plus élevée de tous les candidats anti-establishment depuis la naissance de la Cinquième République en 1958. Elle a reçu son soutien le plus fort d’électeurs âgés de 25 à 59 ans.

Le Pen a été endommagée par ses propositions économiques incohérentes, ses sympathies pro-russes et la perception bien fondée de millions d’électeurs qu’elle était plus extrême sur des questions telles que l’immigration que ne le suggérait sa nouvelle image de bon sens patriotique. La défaite du Premier ministre slovène Janez Jansa en élections parlementaires dimanche a été un autre revers pour le populisme de droite en Europe.

Macron est maintenant confronté à la tâche de conserver sa majorité parlementaire absolue, ou du moins de s’assurer qu’il a une coalition gérable de législateurs derrière lui, lors des élections à deux tours à l’Assemblée nationale les 12 et 19 juin. Ce n’est pas sans précédent pour un Français président pour gouverner avec une minorité législative et un premier ministre d’un groupe politique différent. Mais une telle « cohabitation » a tendance à produire des frictions entre des personnalités concurrentes et des branches du gouvernement, diluant l’efficacité de l’élaboration des politiques.

Même avec un bon résultat électoral en juin, Macron aura du pain sur la planche pour prolonger les réformes entamées en 2017, interrompues par la gilets jaunes manifestations et Covid-19. Il doit remodeler le système de retraite français, mais il est revenu dans sa campagne sur sa promesse de relever l’âge de la retraite à 65 ans. Il a promis en 2017 de réduire le secteur public, mais les dépenses publiques ont augmenté pendant sa présidence après les manifestations de rue et la pandémie.

Aucun de ces problèmes ne sera facile à résoudre, compte tenu de la hausse de l’inflation, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et des autres pressions résultant de la pandémie et de l’agression de la Russie en Ukraine. Mais ils seront rendus particulièrement redoutables par les divisions sociales et politiques qui ont été mises à nu lors de la campagne présidentielle française. Près de trois électeurs sur cinq ont choisi des candidats de droite ou de gauche radicale au premier tour de l’élection, et l’abstention au second tour, à 28 % de l’électorat, a atteint son plus haut niveau depuis 1969.

Pour renouer avec les mécontents de la société, le président français serait bien avisé d’adopter un style de leadership moins hautain. Il devrait combiner les réformes de l’économie et de l’État avec la reconnaissance des difficultés de nombreuses villes de province et des zones rurales. Macron a bien mérité son deuxième mandat. Maintenant, il doit s’assurer que sa présidence laissera un impact durable et bénéfique sur la France.



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