La France dévoile de modestes réductions de dépenses pour l’année prochaine


Recevez gratuitement des mises à jour sur l’économie française

La France ne réduira que légèrement ses dépenses publiques l’année prochaine et sera confrontée à une hausse des intérêts sur sa lourde dette nationale, ce qui soulève des questions sur la capacité du gouvernement à assainir ses finances publiques.

Le projet de budget 2024 dévoilé mercredi comprend 16 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit à 4,4 pour cent de la production économique contre 4,9 pour cent cette année – ce qui serait toujours au-dessus de la règle européenne de 3 pour cent du produit intérieur brut que certains autres pays. ont réussi à atteindre.

Pour réaliser ces économies, le gouvernement français a annoncé qu’il réduirait les généreuses subventions qui protégeaient les ménages de la hausse des coûts de l’énergie, retarderait les réductions d’impôts pour les entreprises et réduirait les allocations de chômage, entre autres mesures.

Mais le budget comprend également 7 milliards d’euros de nouvelles dépenses pour faire avancer la transition verte et réduire les émissions de carbone – une priorité du deuxième mandat de Macron – démontrant les défis auxquels son gouvernement est confronté pour dépenser moins tout en investissant pour l’avenir. Le gouvernement investira également pour atténuer les effets de l’inflation, par exemple en augmentant les retraites des personnes âgées et les allocations aux pauvres, et il renonce à 6 milliards d’euros de recettes potentielles en fixant les seuils d’impôt sur le revenu à l’inflation.

« Ce budget représente un effort notable et constitue la première étape d’un plan ambitieux de redressement de nos finances publiques », a déclaré le ministre des Finances Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse. Il a défendu cette approche comme étant équilibrée, susceptible d’encourager la croissance économique et de stimuler l’emploi, tout en évitant l’écueil des mesures d’austérité.

Pourtant, des critiques ont été formulées selon lesquelles la France ne réduit pas assez rapidement ses dépenses publiques. Le Conseil de surveillance des finances publiques (HCFP) a averti que les prévisions de croissance du gouvernement qui sous-tendent le budget étaient trop optimistes et a critiqué l’absence de coupes structurelles dans les dépenses.

« La soutenabilité à moyen terme des finances publiques continue donc d’appeler à la plus grande vigilance », a déclaré mercredi le HCFP.

La note de crédit de la France a été abaissée par Fitch en avril et reste sous perspective négative par S&P Global Ratings pour la prochaine revue prévue en décembre.

D’autres pays européens réduisent leurs déficits plus rapidement que la France après plusieurs années où les gouvernements ont dépensé massivement pour aider les citoyens et les entreprises à traverser la pandémie de Covid-19 et la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine. La France vise à ramener ses déficits publics sous la barre des 3 % de la production nationale d’ici 2027, alors que d’autres pays comme l’Allemagne, la Grèce et les Pays-Bas y sont déjà parvenus.

La hausse des coûts d’emprunt et le ralentissement de la croissance réduisent la marge budgétaire de la France, qui est en passe d’avoir l’un des plus gros déficits budgétaires de la zone euro l’année prochaine. Le rendement des obligations françaises à 10 ans a atteint mercredi son plus haut niveau depuis 12 ans, à 3,35 pour cent.

Le coût du soutien à la dette publique française de plus de 3 000 milliards d’euros augmente et devrait dépasser 70 milliards d’euros d’ici 2027, contre environ 50 milliards d’euros cette année et 20 milliards d’euros en 2021. En comparaison, le budget annuel de la défense est de 46 milliards d’euros et celui de l’éducation de 46 milliards d’euros. 75 milliards.

« Si nous ne faisons rien, l’explosion de la dette va paralyser l’action du gouvernement, l’étrangler », a déclaré Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes française, au magazine L’Express. «Le gouvernement a enfin pris conscience du problème. Il faut maintenant passer des discours à une large mobilisation.»

Sachs a déclaré dans une note récente adressée à ses clients que la France était confrontée à « un contexte macroéconomique de plus en plus difficile pour la politique budgétaire » alors que la croissance ralentissait et que les coûts d’intérêt grimpaient.

« Nous continuons de penser que le processus de consolidation de la France semble tardif par rapport à ses pairs européens », a déclaré Goldman, ajoutant que la récente dégradation de la note de crédit de la France par Fitch et « la diminution de la demande » des investisseurs japonais pour la dette française « étaient les principales préoccupations des responsables gouvernementaux.  » à Paris.

Les investisseurs japonais possèdent une quantité relativement importante d’obligations d’État françaises et certains analystes pensent qu’ils pourraient commencer à réorienter leur argent vers leur marché intérieur à mesure que la Banque du Japon commence à démanteler sa politique monétaire ultra-accommodante.



ttn-fr-56