Ce fut un moment historique, deux semaines seulement après que le président français Emmanuel Macron eut de nouveau remporté l’élection présidentielle. Alors que la France de gauche abordait les élections présidentielles complètement divisée, désormais les quatre principaux partis de gauche se sont réunis sur un podium pour célébrer leur dernière victoire : un accord de coopération officielle pour les élections législatives, pour la première fois en 25 ans. Eux-mêmes en étaient visiblement émus.
Espérant contrebalancer la forte représentation de Macron au parlement, les quatre marchent ensemble lors des prochaines élections législatives, dont le premier tour aura lieu dimanche. La gauche radicale La France Insoumise, le Parti socialiste de gauche classique, les verts d’EELV et le PCF communiste se sont alignés sur un programme commun, faisant campagne ensemble et présentant un candidat commun par circonscription.
L’alliance dénommée “Nupes”, Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, prône, entre autres, une augmentation du salaire minimum, un abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans et des investissements conséquents pour la transition écologique. , qui coûtera un million d’euros, devrait créer des emplois. En plus d’une liste de 650 mesures convenues, 33 “nuances” ont été élaborées sur lesquelles aucun consensus n’a encore été atteint. Un « parlement » interne doit fournir une solution sur des questions épineuses, telles que la sortie progressive de l’énergie nucléaire. Au sein de l’Assemblée nationale, la Chambre des représentants française, les partis conservent leur indépendance, avec leur propre financement et la liberté de voter comme ils l’entendent.
La défaite comme motivation
L’appel à la coopération de gauche était aussi entendu depuis longtemps en France, notamment à la base. À l’approche de l’élection présidentielle d’avril de cette année, aucun des candidats de gauche ne semblait avoir la moindre chance de se qualifier pour le second tour décisif. Mais aucun d’entre eux n’a pu être persuadé de coopérer. Enfin, un groupe d’électeurs et de militants inquiets ont donné une première en organisant une primaire de gauche. L’idée : présenter un candidat commun à la présidentielle, rassemblant ainsi le paysage fragmenté de la gauche.
Ce plan était voué à l’échec : parmi les principaux prétendants, seule Christiane Taubira était prête à respecter le résultat. L’ancienne ministre de la Justice sous le président Hollande a ensuite également remporté la primaire, mais a dû suspendre sa campagne en raison d’un manque de déclarations de soutien nécessaires. Ce qui aurait dû être une tentative de coopération est devenu un symbole de division.
Si le nouveau bloc de gauche a néanmoins vu le jour, c’est en partie à cause de la défaite électorale qu’a de nouveau essuyée le Parti socialiste aux élections présidentielles. Avec 1,75 % des voix, le parti a encore été écrasé – la coopération est en partie une question de préservation. Mais l’avancée inattendue du leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon joue aussi. Candidat à l’élection présidentielle, il termine juste derrière Marine Le Pen du Rassemblement national à l’issue du premier tour. Pas assez pour affronter le président sortant Macron en finale, mais assez pour redonner l’espoir que la gauche puisse se remettre sur les rails. De plus, il a laissé ses concurrents sur la gauche loin derrière – aucun des autres n’a dépassé 5% – et le débat sur qui devrait prendre la tête a été réglé.
“Manque de crédibilité”
« Désireux de gagner », un député de La France Insoumise a expliqué simplement comment l’accord impensable s’est soudain révélé possible. “Les gens sont fatigués de perdre.” En effet, l’alliance suscite une nouvelle énergie qui inquiète désormais le camp présidentiel. Dans la course à la présidence, le principal défi de Macron est venu de l’extrême droite. Pendant ce temps, l’alliance menée par le radical de gauche Mélenchon apparaît comme la plus grande menace pour la majorité absolue de son parti au parlement. Nupes fait campagne sous le slogan “Mélenchon premier ministre”, dans l’espoir d’obtenir une majorité au parlement pour forcer Macron à coopérer avec un Premier ministre de gauche.
Cependant, il existe également une résistance à l’alliance au sein des parties concernées. L’ancien président Hollande (Parti socialiste) accuse le Nupes d’un manque de crédibilité, rejette la coopération des urnes et parle de « programme inexécutable ». Son premier ministre de l’époque et collègue du parti, Bernard Cazeneuve, a annulé son adhésion. Les critiques, principalement du côté des socialistes et des écologistes, pointent du doigt l’euroscepticisme de Mélenchon, qui a prêché la « désobéissance » aux règles européennes contraires à son programme. Il existe également de grandes divergences d’opinion sur ses critiques de l’OTAN et ses déclarations sur la brutalité policière (un terme que le Parti socialiste rejette). Du côté de l’UE, le juste milieu est que « certains parlent de désobéir », tandis que d’autres pensent « s’écarter temporairement », tous deux dans le but de mener au mieux leur propre programme.
L’opposition la plus récente de l’intérieur est venue de quatre militants socialistes, qui s’étaient rendus devant les tribunaux au sujet de la procédure. Selon eux, le Parti socialiste aurait dû organiser un congrès national pour voter sur la coopération, au lieu de simplement laisser le conseil du parti décider. Cette semaine, le juge a ordonné au parti d’organiser un congrès dans les trente jours, sous peine de 500 euros d’amende par jour. En outre, l’accord ne peut pas être utilisé pour expulser des dissidents du parti. Le Parti socialiste fait valoir qu’un congrès n’a pas pu être organisé à temps pour le dépôt des listes de candidats et fait appel de la décision.