Hans Vandeweghe est journaliste sportif à Le matin†
On s’attend maintenant à ce qu’après l’invention du dérailleur – il y a entre les deux guerres mondiales – un certain nombre de sauts quantiques aient été réalisés en ce qui concerne le matériau. Donc non.
La physiologie est déjà assez bien maîtrisée, mais il est frappant de constater que les connaissances les plus récentes sur l’entraînement sont liées aux recherches pionnières d’un Belge (Jan Olbrecht) dans les années 1980 et sont donc en réalité empruntées à la natation.
En termes d’équipement, le cyclisme continue d’être un sport de sagesse de grand-mère. La recherche scientifique se limite à « nous l’avons essayé » et nous avons opté pour… Le meilleur exemple de ce travail des doigts mouillés est celui des pneus. Mon premier vélo de course – acheté chez Plum avec l’argent de mon job d’étudiant aux Jaarbeurs de Gand (8 000 francs) – avait des pneus de 19 millimètres de large. Pompez fort, a déclaré le vendeur, vous risquez moins d’avoir une fuite. Un Sint-Kwintensberg en haut – alors toujours des pavés – et j’avais les couilles dans la gorge.
Mon deuxième vélo de course, récupéré moi-même chez Eddy Merckx, était un cadre en titane qu’il avait encore pour son fils (retraité) Axel. C’était il y a près d’un quart de siècle. Les bretelles mesuraient 21 millimètres de large. Huit bars, dit Eddy, sept si ce sont des pavés. Un Stationsberg et… vous l’avez deviné.
Il y a cinq ans et deux vélos plus tard, il y avait 23 millimètres dessus. Pas plus de sept bars, a déclaré le vendeur. Et il m’a chuchoté que cinq c’était assez pour des pavés, mais qu’il fallait que je me méfie d’un tuck. Stuuk, car je vivais déjà en Flandre occidentale à l’époque.
Il y a cinq ans, j’ai entendu parler des pneus tubeless développés par Schwalbe. C’était l’avenir, pas de chambre à air, donc pas d’épissage, et après tout, les pneus de voiture étaient sans chambre à air depuis des décennies. Les vététistes en avaient déjà, j’ai essayé le combo. Troisième sortie avec le groupe, oubliant que les pneus tubeless doivent être gonflés plus souvent et j’étais sur le côté avec un rot, un phénomène où le pneu lâche soudainement beaucoup d’air dans un virage. Cela s’accompagne d’une perte du lait de latex censé boucher les petits trous. Les copains de vélo ont rigolé : du sperme sort de ses pneus.
Dimanche, presque toutes les équipes ont roulé sans chambre à air. Ici et là, il y avait encore des tubes avec des tubes normaux, souvent avec du lait de latex dans la chambre à air. Grands-mères au travail. Certaines marques avaient retiré leur dernier vélo de l’écurie. Samedi, un prototype quatre fois plus cher de mon Trek Domane a remporté la course féminine. Pas dimanche. Puis un Pinarello Dogma F – toujours la version aéro – avec un double guidoline et des pneus tubeless a gagné. L’homme à vélo a également terminé deuxième il y a deux semaines du Tour des Flandres. Donc ça devait être un bon montage.
On s’attendrait à ce qu’il soit maintenant aussi clair que possible quel est le meilleur matériel pour braver ces cinquante kilomètres de pavés infernaux. En attendant, les pneus de 28 millimètres sont de plus en plus montés dans les compétitions régulières – avec une pression de cinq à six bars – et pour Roubaix jusqu’à 32 millimètres inclus. Il est difficile de croire que ce n’est qu’au cours de ce siècle qu’on a découvert qu’une surface plus large n’entraîne pas nécessairement plus de résistance au roulement et que le confort est tout aussi important pour économiser de l’énergie.
Il ne viendra pas de l’épicentre autoproclamé du cyclisme. La Flandre mange, boit et dort en course, mais n’a pas réussi à revendiquer le sport sur le plan technologique. Oui, eh bien, Tom Boonen fait peut-être de la publicité pour son moyeu à engrenages qui doit remplacer le dérailleur avant à long terme. Cette innovation prometteuse devra également passer outre le scepticisme des mécaniciens et des anciens pilotes pour se faire accepter.
Comme c’est souvent le cas, l’innovation viendra d’équipes étrangères qui ne sont pas gênées par les hypothèses basées sur la tradition, mais qui remettent tout en question. La Flandre est à la traîne. A tous les niveaux. La seule chose belge chez le vainqueur de la classique pavée était ses vêtements, développés par le Limburg Bioracer. Qu’on se le dise : le Tour des Flandres et Paris-Roubaix ont été remportés par les Néerlandais.
Comme c’est souvent le cas, Wout van Aert s’en est approché le plus, mais pas assez. Dylan van Baarle s’est éloigné seul de deux des meilleurs contre-la-montre au monde. Les Néerlandais : bien mieux dans les Grands Tours et sept monuments remportés ces dix dernières années, contre cinq pour la Belgique, trois pour la Flandre si l’on oublie Philippe Gilbert.
Nous revendiquons que le cours est le nôtre. Peut-être mesuré par le nombre de fous le long du parcours qui, si nécessaire, tirent leurs propres coureurs du vélo, mais pas sur la route.