« Dans les années qui ont suivi ‘Mystère’, nous avons pas mal tourné, et pendant la pandémie, nous avons travaillé sur beaucoup de nouvelles musiques, ce qui a abouti à l’album ‘Paradigmes’, et ce nouveau plus récent. » La conversation avec Sacha Got de La Femme commence par un retour sur ce qui est arrivé au groupe depuis la dernière interview que nous avons faite avec eux.

Le disque auquel il fait référence est, bien sûr, ‘Teatro Lúcido’, entièrement enregistré en espagnol et sorti ces dernières semaines. Un penchant pour notre langue qui se traduit par « différents styles. Nous avons été influencés par le son de La Movida, la musique d’Alaska ou Ataque de Caspa. Mais aussi des genres comme le pasodoble, la musique de Pâques, le flamenco… ».

A cela s’ajoutent des influences transatlantiques : « il y a aussi des éléments de reggaeton, du son brésilien ou des mariachis… on a essayé de faire un côté latin et espagnol, mais à notre façon ». Quand je commente que cette façon me rappelle un peu Manu Chao dans les chansons chantées par les voix masculines du groupe, Sacha commente : « Je vois la ressemblance possible mais je n’écoute pas cette musique… bien qu’il soit bien connu en France ce n’est pas quelqu’un qui nous a influencés. »

En tout cas, dans le ‘Teatro Lúcido’, les voix féminines prédominent absolument « en raison du problème des accents. Nous savions que la plupart des chansons avaient meilleure allure ainsi. Les chanteurs de l’album incluent Wendy Moira, « propriétaire du Teatro Lúcido au Mexique, dont le titre est inspiré » ou Itziar Guardamino, « une Espagnole de Barcelone, elle est mannequin et est apparue dans nos clips comme ‘Pasadena ‘ ou ‘Le Jardin’… et au final il a fini par participer au nouvel album. Par exemple, elle chante dans ‘Sácatela’ ».

Mais le plus intéressant est la collaboration assez surprenante sur l’album entre Imán Amar et Ana Valladares d’Adiós Amores : « c’était par l’intermédiaire de mon ami Guille, lors d’un voyage de quelques jours à Grenade. J’ai rencontré Imán, je passais quelques jours chez elle, et ils ont fini par chanter plusieurs chansons, comme ‘No Pasa Nada’, ‘Cha cha’, ‘Contaminated’ ou ‘Sácatela’ ». Toute cette distribution féminine a aidé avec les paroles, qui, comme les chansons, « nous avons écrit séparément et ensuite nous avons terminé ensemble ». Comme l’explique Sacha, « ils corrigeaient les paroles une fois qu’on les avait écrites en espagnol, parfois pas très correctes ».

Tout au long de ‘Teatro Lúcido’, il est surprenant de voir à quel point elle combine le côté pop électronique si caractéristique de La Femme avec ces nouveaux territoires stylistiques. En particulier, à quel point tant d’instruments acoustiques et organiques s’accordent bien avec l’électronique : « oui, nous prenons grand soin du son. Un défi était d’obtenir un bon son des trompettes, des cuivres en général. Ça n’a pas été facile ». Après avoir testé un certain nombre de musiciens de mariachi lors de leurs tournées au Mexique, le groupe finira par utiliser une section de cor français (« qui jouait mieux en fait »).

À des moments où la musique électronique et l’espagnol se marient mieux («Resaca»), ces échos de La Movida susmentionnés se font entendre. On n’a pas tiré grand-chose de plus de Sacha que « Alaska, et la chanson ‘Bote de Colón’… J’ai entendu une compilation, mais je ne me souviens plus des noms », mais qui a besoin de La Femme studieuse ? Son approche intuitive est précisément ce qui rend ce disque si original. Si des chansons comme ‘Contaminated’ rappellent ces Antena qui exploraient les rythmes brésiliens en français, c’est là encore un heureux hasard : « Je n’y connais presque rien. J’adore ‘Bye Bye Papaya’, mais c’est une chanson que j’ai découverte récemment, je ne la connaissais pas au moment de l’enregistrement ».

Après nous avoir dit qu’ils étaient toujours en contact avec la très réussie Clara Luciani en France (« elle a chanté avec nous un ou deux ans au début… on a suivi sa carrière et on la voit de temps en temps »), on a demandé à Sacha recommander un artiste qui aime la scène musicale française actuelle : « Je vous conseille d’écouter Bon Voyage Organisation, Junior ou Tentative.

La Femme se produira le 17 janvier au Razzmatazz de Barcelone, le 18 janvier à La Riviera de Madrid et le 19 janvier au Santana de Bilbao. Les entrées sont à vendre.



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