Jamais le Rassemblement National (RN) n’a été aussi proche du pouvoir en France, mais les chances qu’il ne s’en empare pas sont encore plus grandes que les chances que la droite radicale gouverne. C’est la principale conclusion du premier tour des élections législatives françaises de dimanche.
Le parti de droite radicale de Jordan Bardella et Marine Le Pen a obtenu 34,2 pour cent des voix, selon un sondage réalisé par l’Ifop. Le bloc de gauche Nouveau Front Populaire compte actuellement 29,1 pour cent et le camp centriste du président Emmanuel Macron et de ses partenaires 21,5 pour cent. Le parti de droite conservatrice Les Républicains détient actuellement 10 pour cent.
Le second tour aura lieu dans une semaine, après quoi la répartition des 577 sièges de l’Assemblée nationale deviendra claire. Et si un bloc obtient la majorité absolue. Cela n’est concevable que pour le RN ou, de manière moins réaliste, pour le partenariat de gauche NFP. Ce qui est plus probable, c’est que le Parlement sera plus divisé que jamais.
L’issue du premier tour est célébrée comme une victoire par le RN. Marine Le Pen a évoqué dimanche soir “un premier pas vers le changement” et évoqué la perspective que son prince héritier Jordan Bardella, 28 ans, puisse devenir Premier ministre. Lors d’un discours, Bardella s’est montré le plus digne possible d’un Premier ministre : debout devant un drapeau français, il a promis de devenir un leader « qui vous comprend, qui vous voit, qui vous aime ». Mais ce n’est pas encore le cas : le résultat de dimanche ne se traduit pas par une majorité absolue pour le RN, seul scénario dans lequel Bardella deviendrait Premier ministre. Le parti espère rassembler davantage d’électeurs au second tour.
Honte à Macron
Il est clair que le résultat est une source d’embarras pour le président Macron. Il a convoqué ces élections législatives après la victoire de la droite radicale aux élections européennes, dans l’espoir de renforcer sa position. Mais il devra de toute façon abandonner le pouvoir. Le parti Renaissance de Macron et ses partenaires (réunis sous la bannière « Ensemble ») forment désormais le plus grand bloc à l’Assemblée nationale. D’après les sondages à la sortie des urnes, il semble impossible qu’ils conservent cette position.
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Lors du second tour, dans la plupart des 577 circonscriptions, un choix sera opéré entre les candidats ayant obtenu au moins 12,5 pour cent au premier tour. (Soleil deuxième tournée Cela n’est pas nécessaire si un candidat a déjà obtenu 50 pour cent des voix au premier tour.) Dans la plupart des circonscriptions, cela signifie un choix entre deux candidats, mais cette année, il y aura probablement un vote entre trois candidats par dizaines, voire centaines, de quartiers. Cette sorte triangulaires ont toujours été très exceptionnels (en 2022 ils étaient huit), et le nombre élevé cette année montre encore une fois les divisions de la France. Cela rend également encore plus difficile la prévision de ce qui se passera dans une semaine.
Dimanche soir, on ne savait pas encore dans quelle circonscription la plupart des circonscriptions passeraient au second tour – et donc pas dans combien de circonscriptions le camp de Macron a encore des candidats. Selon toute vraisemblance, dans un nombre important de circonscriptions, ce sera entre un candidat de droite radicale et un candidat de gauche.
Position agressive
La question est de savoir quelle sera la réaction des électeurs du centre et de la droite modérée : choisiront-ils, comme cela a toujours été la tradition française, de front républicain se former contre la droite radicale ? Ou bien le RN s’est-il tellement normalisé qu’un vote pour ce parti n’est plus hors de question ?
Pour beaucoup de ces électeurs, ce sera qu’ils ont plus peur de la gauche que de la droite radicale : le parti d’extrême gauche LFI est le plus grand parti du bloc de gauche et suscite la méfiance de nombreux Français en raison de sa quasi-totalité. attitude agressive du leader Jean-Luc Mélenchon, accusé, entre autres, d’attiser l’antisémitisme. Le bloc de gauche n’a toujours pas de candidat clair au poste de Premier ministre, c’est pourquoi de nombreux électeurs modérés craignent que Mélenchon soit présenté. Cette peur alimente Bardella : il qualifie le NFP de « l’alliance des pires, rassemblés derrière Mélenchon ».
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La dernière semaine de campagne
On peut voir comment la gauche et la droite (radicale) entreront dans la dernière semaine avant le second tour : elles se disputeront les voix les plus modérées et s’opposeront à l’autre et à l’impopulaire Macron. Comment le camp autour du président la période entre deux tours entrera en vigueur est plus difficile à prévoir. Le président a appelé à “un rendez-vous clair et démocratique” dans une courte déclaration télévisée dimanche soir pour maintenir le RN en position de pouvoir. Son camp a alors annoncé que dans les circonscriptions où ils ont un candidat arrivé en troisième position, ils seront retirés si cela réduit les chances de victoire du RN.
Le président s’est toujours présenté comme celui qui stopperait la montée de la droite radicale en France, il n’a donc pas le choix.
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