La Cooper-Zerex-Oldsmobile de Penske et McLaren vendue aux enchères

Il a fait ses débuts en F1 lors du GP des États-Unis en 1961, puis la Cooper s’est retrouvée d’abord entre les mains de Roger Penske puis en 64 entre celles de McLaren. Avec le « Jolly Green Giant », le premier avec le symbole historique du kiwi imprimé sur le cadre, Bruce a remporté plusieurs courses des Sports Prototypes. Laissé à l’abandon dans un entrepôt sud-américain pendant 57 ans, il a été retrouvé et vendu aux enchères par Bonhams le 17 septembre pour plus d’un million d’euros

Laurent Pastuglia

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25 septembre

Nous ne pouvons pas imaginer le frisson de Howden Ganley lorsqu’il a étreint sa Cooper-Zerex-Oldsmobile en juin. Lui, qui est devenu pilote de F1 dans les années 1970, mais qui s’est d’abord retrouvé à travailler comme mécanicien pour Bruce McLaren. Lui qui a fondé l’actuelle écurie Circus en 1963 (aujourd’hui basée à Woking), et qui l’a embauché au début de l’année suivante. Ganley était le troisième employé historique de ce garage et a travaillé avec Tyler Alexander et Wal Willmott sur ce « Jolly Green Giant », avec lequel McLaren a remporté plusieurs courses dans la catégorie Sports. Disparue depuis 57 ans, la voiture a d’abord été retrouvée puis vendue, le 17 septembre dernier, lors d’une vente aux enchères organisée par Bonhams lors du Goodwood Revival, pour la beauté de 911 mille livres (1 million 36 mille 695 euros environ).

Les débuts en F1

Il lui a fallu six semaines pour faire son retour au Royaume-Uni fin juin, où il s’est présenté. Pour accueillir la voiture en plein été, c’est Ganley : le dernier mécanicien vivant de cet atelier, qui a reconnu et décrété son originalité. Le Cooper-Zerex-Oldsmobile a une longue histoire, a changé de propriétaire et d’apparence en permanence, à tel point qu’il a mérité le nom de « The Great Transformer ». Il a commencé comme le Cooper T53P F1 et avait un moteur Coventry Climax de 1,5 litre. Elle a été engagée pour le GP des États-Unis de 1961, prévu cette année-là à Watkins Glen, par le millionnaire Briggs Cunningham (connu pour avoir remporté la Coupe des Amériques en 1958 avec le yacht Columbia). Walt Hansgen la conduisit alors, mais risqua de la détruire dans un accident après seulement 14 tours. Cette course a suffi à Cunningham pour qu’il décide de la vendre à Roger Penske pour 1 250 $ (un peu plus de 1 273 $).

De Penske à McLaren

C’est lui, Penske, fondateur de l’équipe Indycar et Nascar du même nom, qui a modifié l’apparence de la Cooper-Zerex-Oldsmobile. L’Américain recouvrit les roues et installa un deuxième siège, conservant la position de conduite centrale. La voiture s’appelait alors « Zerex Special », en l’honneur du liquide antigel du même nom qui en était le sponsor. Aux États-Unis, Roger domine plusieurs courses en 1962 : les épreuves de Riverside et de Laguna Seca, mais aussi le GP de Porto Rico. Puis lui aussi l’a revendu, deux ans plus tard. Et celui qui l’a remporté était Bruce McLaren, qui l’avait déjà suivi et admiré pendant un certain temps.

Le changement de moteur

Entre les mains du Néo-Zélandais, la voiture a été remodelée et colorée avec la porte de jardin verte non traditionnelle. Pendant les travaux de l’époque, en effet, seule cette couleur était disponible pour la peinture, d’où le nom de ‘The Jolly Green Giant’ (‘Le joyeux géant vert’). Le symbole historique « kiwi », conçu par Michael Turner, a été imprimé sur le châssis pour la première fois, tandis que le moteur est initialement passé à un Climax de 2,7 l, avec lequel Bruce a remporté les prototypes Sports à Aintree et Silverstone. Ensuite, le pilote opte pour un V8 Oldsmobile de 3,5 litres plus puissant, Traco modifié, et gagne également à Mosport Park, au Championnat canadien de voitures de sport, et à Brands Hatch (ici pour la deuxième fois consécutive, après le succès de 1973 de Penské).

La dernière course

La dernière fois que McLaren a conduit la Cooper-Zerex-Oldsmobile, c’était au Goodwood Tourist Trophy en 1964. Puis il est parti en pole, mais a dû abandonner au 18e tour à cause de l’embrayage. La Ferrari 330 P pilotée par Graham Hill a triomphé, tandis que Jim Clark a terminé 12e avec la Lotus 30 à moteur Ford. Sur ce circuit, Bruce a perdu la vie en 1970 en testant le M8D. Le « Jolly Green Giant », quant à lui, est retourné en Amérique et a changé trois propriétaires, se retrouvant enfermé dans un entrepôt pendant 57 ans. A la mort du dernier, la voiture s’est retrouvée entre les mains de son fils, qui a décidé de la revendre. De là, le voyage de retour vers la Grande-Bretagne, retrouvée l’été par un Ganley ému qui l’a qualifiée de « merveilleuse pièce archéologique de course automobile ». Aujourd’hui le nouvel acheteur est arrivé, qui (nous l’espérons) pourra mieux la traiter.





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