La continuité ne signifie pas nécessairement la stagnation pour le nouveau patron de BP


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BP a adopté de nombreux slogans au cours de ses 113 ans d’histoire : « au-delà du pétrole » vient en premier à l’esprit. L’un des impératifs du nouveau directeur général, Murray Auchincloss, est d’aller « au-delà de la polarisation ».

BP est devenue une valeur « Marmite », ce qui divise fortement les opinions. Pour certains investisseurs, seul un changement total de régime aurait suffi, après la démission brutale de Bernard Looney de son poste de PDG en septembre dernier.

Pour d’autres, nommer un candidat externe aurait assombri le nuage d’incertitude qui planait sur le titre. Les actions de BP sont en baisse de 12 pour cent depuis sa démission, dépassant les baisses de ses concurrents Shell et TotalEnergies.

La continuité l’a emporté : Auchincloss travaille pour BP depuis 1998, date à laquelle l’entreprise a fusionné avec son ancien employeur Amoco. En tant que directeur financier jusqu’au départ de Looney, il a participé à l’élaboration de la dernière stratégie de BP.

Cela ne lui permettra pas de concilier facilement les points de vue polarisés parmi les investisseurs et les analystes de BP. Mais il peut les rassurer sur le fait que familiarité ne signifie pas stagnation.

Auchincloss a confirmé mercredi que la transition de BP « d’une société pétrolière internationale à une société énergétique intégrée. . . ne change pas ».

Le principe fondamental ne peut pas changer. Mais il ferait bien d’expliquer comment la stratégie a évolué depuis son élaboration en 2020 – et comment elle peut continuer à le faire en fonction des conditions du marché. Les marchés ont bien réagi en février dernier lorsque BP a par exemple renoncé à son engagement de réduire sa production de pétrole et de gaz d’ici la fin de la décennie.

Au final, BP tire près de la moitié de son ebitda de l’activité de production pétrolière en amont. En conséquence, son approche de la transition énergétique a changé. La production de pétrole et d’autres liquides devrait croître de 3 % par an en moyenne jusqu’en 2027.

Le groupe doit concrétiser son recentrage sur des domaines tels que les biocarburants et la recharge des véhicules électriques, où il promet des rendements supérieurs à 15 pour cent. Ces entreprises devraient être rentables dans la seconde moitié de la décennie. Entre-temps, il s’est retiré de contrats éoliens offshore douteux.

Auchincloss devra redoubler d’accent sur les rendements. Auparavant, les investisseurs avaient l’impression qu’on leur demandait de financer les projets de transition énergétique « à tout prix », explique Alastair Syme de Citi.

Il peut également convaincre les investisseurs mécontents restants en effectuant davantage de rachats. Un flux de trésorerie disponible annuel moyen de 14 milliards de dollars est attendu d’ici 2025. Bernstein s’attend à ce que Standard & Poor’s relève la note de crédit de BP à A. Cela pourrait signifier une amélioration de la politique actuelle de BP consistant à consacrer 60 pour cent de son flux de trésorerie disponible au rachat d’actions.

La meilleure chose que ce nouveau patron (vétéran) puisse offrir est la cohérence stratégique et la bonne exécution. Cela devrait convenir au goût de chaque investisseur.

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