La Cassation condamne la Ligue du Nord pour l’usage du terme « illégal »


« C’est donc la ferme conviction de cette Cour qu’un terme tel que celui dont il est question (« clandestins ») a concrètement pris, dans l’usage courant, un contenu péjoratif et une valeur fortement négative ». Par ces motifs, la Cassation (sentence 24686) a confirmé la sentence du Ligue du Nord pour dédommager les associations qui s’occupent de l’immigration, pour 70 affiches, dont les murs de Saronno avaient été tapissés à l’occasion de l’accueil de 32 demandeurs d’asile.

La Cour suprême, après avoir souligné l’usage abusif du terme clandestin à l’égard de ceux qui – exerçant un droit fondamental – demandent une protection internationale, stigmatise son usage en général, en raison du sens qu’il a désormais pris et du climat de haine et d’hostilité ça crée. « Cela ne signifie pas – écrivent les juges de la légitimité – qu’il ne peut être utilisé dans son sens strictement lexical d’origine, mais que le contexte de la structure sociale dans laquelle il est placé exige encore une extrême attention de la part de ceux qui l’évoquent ».

Une condamnation qui – prévient la Cassation – est conforme aux normes supranationales et à la jurisprudence des euro-juges qui proscrit toute discrimination fondée sur l’ethnicité.

Dans les affiches

Dans les affiches, les « clandestins » indésirables, à qui il fallait payer « nourriture, logement et vices », étaient opposés aux habitants de la commune à qui « leurs pensions étaient coupées et les impôts augmentés ». Des usurpateurs donc, venus drainer les ressources économiques. Un type de message que la Cour suprême juge nuisible à la dignité des citoyens étrangers et destiné à créer autour d’eux un climat hostile, « humiliant et offensant, pour des raisons de race, d’origine ethnique et de nationalité ». Raisons qui conduisent à l’exclusion de l’exercice légitime de la critique politique et de la libre manifestation de la pensée. « S’il est vrai, en effet, que l’une des valeurs fondatrices de la Constitution républicaine – lit la phrase – est celle de l’égale dignité des personnes, il est également vrai que le terme dont il est question peut facilement se prêter (et induisent), notamment s’ils sont insérés dans un contexte verbal tel que celui de l’affiche en question, à des injures qui, en créant un climat intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant, aboutissent précisément à des comportements discriminatoires ».

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