La Belgique est disposée à former des pilotes de chasse ukrainiens au pilotage de F-16. Il n’est pas possible de fournir soi-même les appareils. Nous en avons trop peu de disponibles.

Jérôme Van Horenbeek

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le président français Emmanuel Macron ont clairement indiqué lundi qu’ils souhaitaient former des pilotes ukrainiens au pilotage d’avions de chasse occidentaux modernes. Selon Macron, « plusieurs pays européens sont toujours prêts à le faire » et « des pourparlers sont en cours avec les Américains ». L’Ukraine demande depuis un certain temps des avions de chasse.

La Belgique fait partie de ces pays européens qui veulent former des pilotes ukrainiens – plus précisément pour apprendre à manier les F-16. C’est ce qu’a annoncé le cabinet du Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld). « Lors du sommet de La Haye au début du mois, la question des F-16 a également été abordée lors de la rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre. Nous avons dit que nous ne pouvions pas fournir d’avions, mais nous pouvons former des pilotes.

L’armée de l’air belge pilote le F-16 du constructeur américain Lockheed Martin depuis la fin des années 1970. Elle a donc des tonnes d’expérience avec l’appareil. Une expérience qui manque à l’armée de l’air ukrainienne. Si jamais il s’agit de la livraison d’avions de combat occidentaux – qui semble augmenter de jour en jour – les pilotes ukrainiens auront besoin d’un cours accéléré.

Pays Baltes

La raison pour laquelle la Belgique ne peut pas livrer de F-16 à l’Ukraine est que tous les avions belges sont en service. Pour la défense de l’espace aérien du Benelux et pour la défense de celui des pays baltes. L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont des alliés de l’OTAN qui sentent le souffle chaud de Moscou sur leur cou. Ce sont donc des missions que la Belgique ne peut pas ou ne veut pas arrêter comme ça, précise le cabinet du Premier ministre De Croo.

L’armée belge dispose encore d’une cinquantaine de F-16 (sur une commande initiale de 160). Dans les années à venir, les avions restants seront progressivement remplacés par 34 nouveaux F-35. Mais c’est peut-être trop tard pour aider l’Ukraine à sortir de la guerre avec la Russie. Le premier F-35 belge sort normalement de la chaîne de montage au Texas à la fin de cette année.

« D’ici fin 2023, deux F-16 belges seront retirés de la circulation en raison de la réalisation de ces 8 000 heures de vol. Après avoir obtenu ces heures de vol, les deux avions seront utilisés pour les pièces de rechange pour le reste de la flotte belge et/ou pour l’éducation et la formation de notre personnel technique qui s’engage à maintenir notre flotte de F-16 opérationnelle au quotidien. de la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS).

Le Premier ministre belge Alexander De Croo, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte lors d’une conférence de presse au Catshuis de La Haye.Image ANP

La situation est différente aux Pays-Bas et au Danemark. L’armée de l’air néerlandaise travaille déjà sur la transition vers le F-35. L’appareil est utilisé depuis 2019. Dans le même temps, les Pays-Bas disposent encore de 24 F-16. Qui peut servir en Ukraine. Selon le Premier ministre Mark Rutte, il n’y a « pas de tabous » et un travail « intensif » se fait sur le dossier. Le Danemark passe également au F-35. Les Danois veulent prendre une décision concernant leur flotte de F-16 (43 appareils) d’ici l’été.

Dans tous les cas, l’autorisation de Washington DC est nécessaire pour envoyer des F-16 de fabrication américaine sur le front ukrainien. Tout comme Berlin a dû donner une autorisation formelle à la Pologne, entre autres, pour la livraison de chars Leopard modernes au début de cette année.

lignes rouges

Le tabou entourant les F-16 pour l’Ukraine semble avoir progressivement disparu. D’une part, il y a le besoin militaire d’avions de combat. Le pays manque rapidement de ses missiles anti-aériens de l’ère soviétique, menaçant de perdre la guerre dans les airs contre la grande et moderne armée de l’air russe. Le fait que l’Ukraine survive encore dans les airs pour le moment a tout à voir avec la peur des avions de chasse russes pour la défense aérienne ukrainienne.

D’autre part, les alliés occidentaux semblent aussi de moins en moins hésitants à franchir les « lignes rouges » de Moscou. Plus tôt cette année, la Pologne et la Slovaquie ont déjà livré une vingtaine de MiG-29 à l’Ukraine. Le MiG-29 est le pendant soviétique (moins performant) du F-16 américain. En fin de semaine dernière, le Royaume-Uni s’est engagé à fournir des missiles longue portée Storm Shadow. Les missiles peuvent parcourir plus de 250 kilomètres.

Vendredi dernier, le gouvernement belge a donné son feu vert à un nouveau paquet de mesures de soutien à l’Ukraine. Il s’agit de 92 millions d’euros. La moitié du montant va au soutien militaire, l’autre moitié au soutien à la population et sert également à assurer la présence diplomatique belge en Ukraine.



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