La banque centrale du Canada a relevé les taux d’intérêt à leur plus haut niveau depuis 2008 et a jeté les bases d’une éventuelle pause dans sa campagne de resserrement de la politique monétaire après que les décideurs ont reconnu que les récentes augmentations avaient contribué à refroidir la demande intérieure.
La Banque du Canada mercredi relevé son taux au jour le jour 0,50 point de pourcentage à 4,25 %, marquant la septième réunion consécutive au cours de laquelle il a relevé les coûts d’emprunt de référence. Une légère majorité d’économistes s’attendaient à ce que la banque centrale égale l’ampleur de sa dernière hausse de taux en octobre, bien que les marchés financiers aient parié sur une augmentation de 0,25 point de pourcentage.
Dans un communiqué accompagnant sa décision, la BdC a déclaré « il examinera si le taux d’intérêt directeur doit encore augmenter pour rééquilibrer l’offre et la demande », un pivot par rapport aux déclarations précédentes de cette année qui ont affirmé la nécessité de nouvelles augmentations. Cela fait suite aux remarques du gouverneur Tiff Macklem lors de l’annonce des taux d’octobre de la BdC selon laquelle la banque était proche de la fin de son cycle de resserrement.
Le Canada est la première économie du G10 à laisser entendre qu’il est prêt à interrompre son cycle de resserrement alors que ses pairs continuent de lutter contre une inflation persistante. La Banque du Canada a réduit l’ampleur de sa hausse de taux en octobre à 0,5 point de pourcentage après avoir « anticipé » ses hausses de taux avec une forte augmentation de 1 point de pourcentage en juillet.
Au sud de la frontière, les économistes s’attendent à ce que la Réserve fédérale américaine ralentisse le rythme de son resserrement politique la semaine prochaine et promulgue une hausse d’un demi-point après quatre hausses consécutives de 0,75 point de pourcentage. Le président de la Fed, Jay Powell, a cependant déclaré que la banque centrale américaine avait encore un long chemin à parcourir dans sa lutte contre l’inflation.
Plus tôt mercredi, la banque centrale indienne a relevé les taux d’intérêt, affirmant que l’inflation était encore trop élevée, tandis que la veille, la Reserve Bank of Australia a relevé les coûts d’emprunt et signalé que de nouvelles augmentations se profilaient à l’horizon.
La Banque du Canada a déclaré mercredi qu’il y avait «de plus en plus de preuves» que la politique monétaire commençait à refroidir la demande intérieure au Canada, malgré un marché du travail tendu avec un taux de chômage historiquement bas et des données sur le PIB du troisième trimestre qui ont dépassé les attentes des économistes.
Les dépenses des ménages ont continué de fléchir et les prix des maisons ont chuté pour le huitième mois consécutif en novembre, les volumes de ventes ayant fortement chuté.
« Les taux de variation sur trois mois de l’inflation sous-jacente ont baissé, un indicateur précoce que les pressions sur les prix pourraient s’essouffler », a déclaré la Banque du Canada.
« Dans l’ensemble, la [data] soutiennent les perspectives de la Banque selon lesquelles la croissance stagnera essentiellement jusqu’à la fin de cette année et au premier semestre de l’année prochaine.
Le taux d’inflation national était de 6,9 % en octobre, selon les données les plus récentes, en baisse par rapport à un sommet historique de 8,1 % en juin. La Banque du Canada prévoit d’atteindre son objectif d’inflation de 2 % d’ici la fin de 2024.
Macklem a déclaré en octobre que la Banque du Canada tentait de trouver un équilibre entre un resserrement insuffisant et le maintien de l’inflation, ou un resserrement excessif, ce qui pourrait nuire au marché du travail et rendre difficile le remboursement des dettes pour les Canadiens.
La décision de mercredi intervient alors que la Banque du Canada a fait face à de vives critiques de la part de la gauche et de la droite politiques. Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, attaque l’institution depuis des mois, l’accusant d’«imprimer de l’argent» pendant la pandémie, et a déclaré qu’il licencierait Macklem s’il était élu premier ministre.