La bagarre dans un camp de tentes avec des demandeurs d’asile devient incontrôlable : « Soudain, il y avait du verre et du sang partout »


MISE À JOURUne violente bagarre a éclaté samedi matin au nouveau camp de tentes d’Ixelles, près de la place Flagey. Six personnes ont été blessées. L’un d’entre eux a été dans un état critique pendant un certain temps, mais il est désormais déclaré “hors de danger”. Les circonstances précises de l’incident ne sont pas encore claires. Une information judiciaire a été ouverte.

“A 6h30, nos équipes ont reçu un signalement d’une bagarre au camp de tentes de la place Heilige-Kruis à Ixelles”, indique Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police d’Ixelles de Bruxelles-Capitale. « Une dizaine de personnes ont été impliquées dans l’incident. Au final, six personnes ont été blessées. L’un d’eux est en danger de mort. Le collectif « Stop à la crise des refuges » rapporte désormais que cette personne n’est plus en danger de mort, même si cela n’a pas encore été confirmé. Il s’agit probablement de demandeurs d’asile restés dans le camp de tentes.

«Cassé pour voler»

Selon « Stop the Shelter Crisis », des personnes extérieures au camp sont entrées par effraction dans les tentes et ont tenté de voler des téléphones. “Les tensions sont montées et une bagarre a éclaté”, écrit le collectif dans un communiqué.

Selon les services de police, il n’est pas encore confirmé qu’il s’agisse de personnes extérieures au camp. “L’enquête est en cours”, a-t-il indiqué. Selon la police, les auteurs des violences pourraient également provenir du camp lui-même. Six personnes ont été transportées à l’hôpital, dont une personne grièvement blessée. Le parquet enquête sur les circonstances précises des faits.

Expulsion

Vendredi soir, des militants et des habitants du squat de la Wetstraat ont emménagé dans un nouveau camp de tentes pour demandeurs d’asile sur la place Sainte-Croix à Ixelles, à côté de la place Flagey. Auparavant, le juge de paix avait décidé que les demandeurs d’asile devaient quitter le bâtiment de la Wetstraat. « Ces demandeurs d’asile font partie des 2 100 personnes qui doivent actuellement survivre dans la rue parce qu’elles ne bénéficient pas d’un abri de Fedasil et du gouvernement fédéral », explique Stop the Shelter Crisis.

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Une violente bagarre a éclaté samedi matin au nouveau camp de tentes d’Ixelles, près de la place Flagey. © Dieter Nijs

La police a fermé le camp samedi matin. « Les demandeurs d’asile restés dans les tentes n’ont plus accès aux tentes ni à leurs biens. La commune d’Ixelles menace aujourd’hui de vider le camp sans proposer d’alternative aux habitants”, a-t-elle indiqué samedi matin.

“En attendant, des négociations sont en cours avec la commune d’Ixelles, qui tente de trouver des logements alternatifs pour les personnes vivant dans le camp”, précise le collectif. « La menace d’expulsion a été levée. Les résidents du camp ont exprimé leur intention de ne pas partir sans une solution concrète de relogement. » Les négociations se poursuivent désormais au niveau fédéral – le gouvernement fédéral est responsable du traitement des demandeurs d’asile – et au niveau régional bruxellois.

Le sommet de l’iceberg

« Cette violence est pour la plupart invisible et a lieu chaque jour dans des bâtiments abandonnés et des camps cachés. Le camp de Flagey n’est que la pointe de l’iceberg », explique Sacha, porte-parole de Stop the Shelter Crisis. “En expulsant et en dispersant les gens de ce camp, ils se retrouveront seuls face à ce genre de violence”, estime le collectif.

Sien De Ridder, qui fait également partie du collectif, est également d’accord avec cela. « Cela montre une fois de plus à quel point il est dangereux de vivre dans la rue. Ce qui s’est passé ici rend visible ce qui se passe chaque jour à Bruxelles en termes de violence envers les sans-abri. Ce n’est pas le premier incident faisant des blessés. De nombreuses personnes sont physiquement malades et ont subi des blessures en vivant dans la rue. Nous espérons que des solutions urgentes seront désormais trouvées.

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Sien De Ridder du collectif « Stop à la crise des refuges ».
Sien De Ridder du collectif « Stop à la crise des refuges ». © CDD

« Plus en sécurité dans le camp »

Mohamad Al Qarra, un réfugié palestinien, était présent au camp de tentes samedi matin et a témoigné. « Vers 5 heures du matin, des gens sont venus de l’extérieur du camp et ont attaqué certains résidents du camp afghan pour leur voler leurs téléphones. Soudain, il y eut du verre et du sang partout. La police est alors arrivée et certaines personnes ont été arrêtées. Je ne sais pas d’où venaient les agresseurs. C’étaient peut-être des ivrognes.

Maintenant que la paix est revenue, Mohamad est déterminé à rester dans le camp. « Ils nous ont dit de partir, mais nous n’avons pas d’autre endroit où aller. Ce qui est positif à propos de cet endroit, c’est que nous bénéficions ici de l’attention des médias et de l’aide de divers citoyens. C’est plus sûr ici. Si nous partons et que quelque chose arrive, personne ne s’en souciera.

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Le réfugié palestinien Mohamad a été témoin de la bagarre samedi matin dans le camp de tentes avec les demandeurs d'asile à Ixelles.
Le réfugié palestinien Mohamad a été témoin de la bagarre samedi matin dans le camp de tentes avec les demandeurs d’asile à Ixelles. © CDD

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