Kendrick Lamar oscille fortement entre introverti et exaltant dans une sublime émission de hip-hop (●●●●)


Au début de son premier concert aux Pays-Bas depuis février 2018, le rappeur le plus important de sa génération est assis derrière un piano sur une immense scène vide. Tournant le dos au public, il joue les sons de piano simplistes, efficaces et brièvement touchés qui donnent le ton à « United in Grief », le morceau avec lequel il a également sorti son récent album. m. Moral et les grands pas s’ouvre.

Il ne faut qu’un instant avant qu’un gros plan du visage de Kendrick Lamar apparaisse sur l’écran vidéo, qui, avec une intensité progressivement croissante, se met à rapper rapidement et passionnément sur les accords saccadés. Au fur et à mesure que le tempo et la férocité augmentent, Lamar se lève et empile ses phrases déchaînées imprégnées d’une pause de batterie cliquetante avec une voix brute qui se brise légèrement dans la hauteur.

Le public rappe, saute, crie

Le public de Ziggodome hurle, rappe, saute et crie : « Kendrick ! Kendrick ! »

Le concert vient de commencer et Lamar, premier artiste pop à remporter un prix Pulitzer pour sa musique, a donné le ton de cette soirée d’ouverture de sa tournée européenne. Il oscille entre lunatique et délirant, introverti et exaltant – constamment retenu, contrôlant et dirigeant le tempo.

Le public, qui a déjà commencé à tourbillonner avec les premiers actes Tanna Leone et le cousin de Lamar, Baby Keem, se voit offrir un spectacle hip-hop sous la forme d’un voyage théâtral et musical sobre et bien dirigé.

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L’album m. Moral et les grands pas est fortement intériorisé. Lamar emmène l’auditeur dans son âme agitée sur des productions riches et mélancoliques. L’album mène en direct dans la décoration et l’atmosphère, et il est frappant de voir comment Lamar entremêle des travaux plus anciens dans ce contexte.

Helen Mirren en tant que « thérapeute »

Un favori de la foule comme «Backseat Freestyle» crée une explosion d’énergie dans le public, mais ressemble également à une effusion logique dans un contexte plus thérapeutique. Avant de cliquer sur « HUMBLE ». éclate, l’actrice Helen Mirren – qui parle à Lamar à partir d’une bande en tant que « thérapeute » entre les chansons – l’exhorte à ne pas laisser son ego le submerger à nouveau. Aussi l’explosif ‘DNA’, rappé en live par Lamar avec un sublime contrôle du souffle. entre dans ce umfeld un supplément.

La décoration visuelle est sobre et quelque peu lugubre. On retrouve parfois les effets les plus connus lors de concerts à ce niveau. Les flammes et les panaches de fumée crachant vers le haut, les passerelles qui relient des parties de scène séparées qui peuvent monter et descendre. Mais en son cœur, c’est Lamar, quelque peu déplacé sur une grande scène, avec des danseurs habillés de temps en temps en noir et blanc avec leur chorégraphie lâche et aliénante. Avec des ombres déformées derrière lui sur l’écran, ou une silhouette du rappeur lui-même, qui porte des flèches acérées courbées dans le dos.

Moelleux et mélancolique

L’énergie est moindre et l’ambiance plus mélancolique que lors d’un concert de rap classique. Lamar opte constamment pour des retards de flux et d’intensité, comme lorsqu’il interprète calmement « Father Time », allongé sur une chaise, ou interprète « Crown » d’une voix émouvante et chaleureuse vers la fin du concert derrière le piano.

Lamar crée une tension dans laquelle les chansons les plus énergiques assurent la libération à une dose sublime. Dans ‘Worldwide Steppers’, il prononce ses mots presque frénétiquement à grande vitesse, debout au milieu d’un cercle hypnotiquement clignotant de lumières brillantes sur le podium. Et dans « Mirror », à partir d’un cube transparent plein de fumée, dans lequel quatre hommes en costume blanc l’ont déjà « testé pour Covid », il laisse son rap pulser de manière transparente avec les sons percussifs de la chanson.



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