Justice et police l’une contre l’autre : « Quelque part quelque chose s’est mal passé et il faut régler ça »

Les confrères de la zone de police Bruxelles Nord instruisent le décès de leur collègue, mais exigent également un suivi plus strict des actes de violence à l’encontre des forces de l’ordre. Pendant ce temps, les syndicats se battent avec le procureur général Van Quickenborne.

Bruno Struys13 novembre 202219:14

« C’est lourd. Vous souhaitez un bon travail à votre collègue, et quelques instants plus tard, il n’a pas la chance de retourner dans sa famille. »

Bien que cet inspecteur* n’ait pas encore accepté la perte de son collègue, il souhaite tout de même soulever un certain nombre de questions, dans l’espoir que quelque chose change dans sa zone. Trop souvent, les choses tournent mal.

« Un employé de la réception s’est fait voler son collier », raconte-t-il. « Deux autres collègues ont été agressés après leur quart de soir, alors qu’ils voulaient prendre le dernier train. Notre commissariat est proche de l’entrée arrière de Bruxelles Nord, mais de nombreux collègues préfèrent encore traverser un tunnel pour des raisons de sécurité.

Et jeudi, un homme a poignardé à mort son collègue et blessé grièvement un autre officier. Ce qui a possédé l’homme, problèmes psychologiques ou plutôt terrorisme, doit ressortir de l’enquête judiciaire, mais après s’être préalablement rendu dans un commissariat d’Evere, il s’est déplacé dans la zone située derrière la gare du Nord pour faire grève.

Une piste est qu’il savait qu’il y avait plus de patrouilles là-bas qu’ailleurs. Diverses formes de criminalité se côtoient dans l’Aarschotstraat et les migrants en transit errent, de sorte que la police est souvent présente. Il y a quelques années, une travailleuse du sexe nigériane a été assassinée. Ce n’est pas un hasard si le Commissariat 5 s’y trouve.

« Quiconque a peur ne devrait pas travailler au Commissariat 5. Nous ne nous promenons pas comme des cow-boys, mais nous devons être sur nos gardes. L’enquête doit montrer quelle était la raison, mais nous devons toujours établir que le respect de l’uniforme a disparu.

En novembre 2020, un autre inspecteur a témoigné longuement dans les médias des coups qu’elle a reçus lors d’un simple contrôle des mesures corona, également près d’Aarschotstraat. L’homme en question a même atteint son arme de service. Deux ans plus tard, l’affaire n’a toujours pas été portée devant les tribunaux. Cela a gêné la femme officier à l’époque que le parquet ait libéré le suspect, une personne en séjour irrégulier, presque immédiatement.

« Je dois conclure qu’elle a ensuite prévenu dans divers médias et que le collègue qui était le premier sur les lieux pour l’aider, l’a maintenant payé de sa vie. Après cela, Thomas l’a souvent avertie de ne jamais sortir seule, de faire attention.

Congédiement

YM, qui a poignardé à mort l’officier Thomas jeudi soir, est un ex-détenu radicalisé qui a indiqué plus tôt dans la journée qu’il souffrait de problèmes psychologiques et de haine de la police. Pourtant, la discussion ne tourne pas autour de la succession de personnes radicalisées, ou du contact avec des malades mentaux, mais de savoir si la justice est suffisamment stricte face aux brutalités policières.

Les syndicats de police réclament même la démission du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld). En attendant, la police de Courtrai surveille le quartier du domicile du ministre, après une rumeur de manifestation.

Lundi, Van Quickenborne doit donner une explication à la Chambre. Plus encore que sur les faits, le parti d’opposition N-VA attend d’elle des éclaircissements sur la poursuite des violences contre les forces de l’ordre.

Abeille Actualités VTM Le ministre a déclaré vendredi que de tels faits ne sont jamais écartés. Une circulaire de la magistrature de novembre 2020 n’autorise que les « renvois techniques » : parfois la justice ne peut pas poursuivre faute de preuves suffisantes ou parce que l’auteur est inconnu. Ce week-end, le syndicat VSOA a sorti des chiffres de 2021 qui montrent que les violences contre les agents sont toujours écartées dans les soi-disant « licenciements d’opportunité », où les faits ont pourtant été prouvés.

La violence contre la police, cependant, est une vaste catégorie. S’agit-il de cas de violence physique entraînant une incapacité de travail ou s’agit-il simplement de diffamation? Il ne semble certes pas que la proportion d’infractions poursuivies ait fortement augmenté depuis la circulaire. Le nombre d’affaires sous enquête préliminaire en 2021 est frappant.

« Nous n’avons aucune indication que les procureurs ne suivent pas la circulaire, au contraire », a déclaré le cabinet Van Quickenborne.

Jeu de base Welles

Les chiffres de la justice et de la police divergent également. La justice compte un peu plus de 700 cas de coups et blessures en quatre ans. Dans la base de données de la police nationale, il s’agit d’une moyenne de 1 000 par an. Au début de cette année, un groupe de travail a donc été mis en place au parquet pour améliorer ces statistiques et les aligner sur celles de la police. Van Quickenborne s’attend à ce que l’introduction de caméras corporelles réduise également les licenciements en raison du manque de preuves. Il travaille avec le ministre de l’Intérieur Verlinden (cd&v) sur un cadre juridique.

Les querelles entre les syndicats et le ministre vont bon train, sur fond de négociations salariales. Ce jeu oui-rien rend la tâche encore plus difficile, du moins c’est ce qu’il semble au collègue de l’officier décédé.

« Ceux qui sont responsables doivent prendre leurs responsabilités, même s’il s’agissait d’une erreur de jugement », dit-il. « Il n’y a rien de mal à admettre cela ; La famille de Thomas le mérite. Vous ne pouvez pas contourner le fait que quelque chose s’est mal passé quelque part et cela doit être réglé. Espérons que cela s’éclaircira.

*Le nom de l’inspecteur est connu des rédacteurs



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