Contrairement à mardi, il n’y a pas eu d’infection corona, donc 161 coureurs sont venus au départ pour une étape dont on attendait beaucoup. Mathieu van der Poel et Wout van Aert avaient également un plan prêt. Le duo bavardait dans les premiers kilomètres neutralisés et dès le signal de départ donné, le maillot vert s’élançait comme une comète, avec le Néerlandais dans son volant. Le duo a entamé un contre-la-montre en couple vers le premier sprint intermédiaire, après 16,5 km. Beaucoup d’autres ont essayé de faire la traversée, mais sans succès.
Le rythme était élevé, 55 à 60 km/h et seulement loin après le sprint intermédiaire, où Van Aert a encore pris 20 points pour le green, Cattaneo a été le premier à réussir, après environ 30 km. Quelques kilomètres plus loin, un groupe important rejoint Dylan Teuns et Guillaume Van Keirsbulck comme compatriotes.
Le peloton s’est assis, a fait une pause toilette et en un rien de temps le bonus est passé à trois minutes. 20 coureurs de tête ont formé l’échappée précoce, lors de la première montée de la journée, Van der Poel a dû laisser les autres conduire. Son travail acharné au début de l’étape n’a donc rien donné pour lui, plus tard il abandonnera également, tout comme Oliver Naesen qui fut le premier lâcheur de la journée pour cause de maladie.
Feux d’artifice sur le télégraphe
Ça va vite en tête, l’avance des premiers passe à 9 minutes dans la deuxième côte du jour, le Col du Télégraphe, et le groupe de tête se réduit à onze sur les flancs escarpés. Wout van Aert et Dylan Teuns, Kamil Gradek, Mikaël Chérel, Max Schachmann, Simon Geschke, Ion Izagirre, Jonas Rutsch, Warren Barguil, Pierre Latour et Krists Neilands.
Dans le peloton, à environ 2 km du sommet du Télégraphe, Jumbo-Visma a déchaîné ses démons pour la première fois. Tiesj Benoot a accéléré, avec Roglic dans sa roue, mais l’attaque n’a pas porté loin. Yates a répliqué et les autres ont suivi avec aisance. Le groupe des favoris a été décimé, d’autant plus que Benoot a continué à imposer un tempo serré par la suite.
En tête, Pierre Latour s’empare de tout le butin dans la bataille des points de la montagne, devant Barguil et Geschke, porteur du maillot de la montagne, puis une courte descente s’ensuit vers le Galibier, le troisième col de la journée.
Joutes
Là aussi, Jumbo-Visma a immédiatement mis cartes sur table. Après seulement trois kilomètres, Jonas Vingaard a attaqué en premier. Pogacar, rapide sans coéquipiers, devait combler l’écart, Geraint Thomas reprenait, avec Roglic dans sa roue après quoi le Slovène tentait et était aussitôt contré par le maillot jaune qui accélérait à son tour. Sans succès, Vingeard a réduit l’écart. C’est le signal d’une offensive turbo du duo Jumbo-Visma qui à son tour bombarde le maillot jaune sur environ 3 km, mais celui-ci ne craque pas, ni Geraint Thomas.
Lorsque les tentatives n’ont pas abouti, le calme est revenu dans le quatuor et Marc Soler, coéquipier de Pogacar, a réussi à revenir vers son leader. Le rythme s’est arrêté, d’autres sont également revenus, dont Sep Kuss et Tiesj Benoot en tant que coéquipiers de Vingaard et Roglic.
Au front on a cinq leaders : Teuns, Barguil, Van Aert, Latour et Geschke et c’est Barguil qui se montre le plus fort sur les flancs du Galibier et laisse derrière lui ses compagnons.
Ils ne sont pas non plus restés immobiles dans le groupe des favoris et Roglic a accéléré à environ 6 km du sommet. Encore une fois, Pogacar a dû combler l’écart. Un groupe s’est formé avec quatre Jumbo-Vismas : Kuss, Kruijswijk, Roglic, Vingaard, mais aussi Pogacar, Geraint Thomas, Nairo Quintana et Romain Bardet.
L’offensive de Jumbo-Visma a cependant échoué. Roglic est celui qui a craqué à environ 5 km du sommet, Pogacar n’a pas attendu et a accéléré.
Il ne restait plus que Vingegaard avec Pogacar, il restait encore quatre km au sommet du Galibier et c’était une bataille d’homme contre homme, même si Jumbo-Visma avait toujours Wout van Aert devant.
Barguil est le premier à franchir le sommet, un peu moins d’une minute devant Simon Geschke. Van Aert a suivi à 1h40 et a attendu son leader. Notre compatriote ne remportera pas une deuxième étape de montagne du Tour de France après le Mont Ventoux et devra se sacrifier pour le collectif. Il est tombé dans le groupe avec Primoz Roglic et a ramené le Slovène dans le groupe avec Pogacar, Vingaard, Geraint Thomas et Adam Yates dans la descente et sur le plat.
En tête, Barguil entame la montée finale avec 2h15 d’avance sur Geschke, Latour et Teuns, bon pour 11,3 km à 9,2% de moyenne. Le groupe du maillot jaune a suivi à quatre minutes. Là, Wout van Aert a donné quelques reniflements féroces en tête, après quoi il s’est laissé tomber, peu de temps après, Roglic a également dû relâcher à nouveau. Jumbo-Visma avait-il tiré ses flèches trop tôt ?
Effort ultime
Entre-temps, Nairo Quintana a sauté du groupe des favoris, à la recherche de son coéquipier Barguil qui a eu du mal dans la montée finale raide. Le Colombien a rattrapé son coéquipier, mais n’a pas couru seul longtemps, car dans le groupe au maillot jaune, Jonas Vingaard a attaqué à environ 4 km du sommet. Le Danois a immédiatement pris quelques longueurs, Pogacar n’a eu aucune réponse dans ses jambes et a dû monter à son rythme.
Le plan de Jumbo-Visma s’est bien passé après tout. Le leader danois s’est déchaîné et a remporté la victoire en solitaire devant Nairo Quintana, Romain Bardet et Geraint Thomas. Pogacar est arrivé septième à près de trois minutes et perd son maillot jaune.