Julius Baer quitte le PDG et membre du conseil d’administration suite à l’exposition de Signa


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Le directeur général de Julius Baer et un membre du conseil d’administration responsable des risques quittent la banque suisse alors que celle-ci s’apprête à annuler 606 millions de francs suisses (700 millions de dollars) sur des prêts au groupe immobilier autrichien Signa, frappé par la crise, selon des personnes proches de la décision du conseil d’administration.

Philipp Rickenbacher serait remplacé au poste de directeur général par Nic Dreckmann, son adjoint, et la banque cesserait ses activités de dette privée, qui étaient à l’origine des prêts accordés à Signa, ont indiqué les sources. Le personnel lié à l’entreprise Signa ne recevra aucune prime pour 2023, ont-ils ajouté.

Le conseil d’administration de la banque s’est réuni mercredi pour examiner les plans de sortie de la plus grande crise qu’ait connue le gestionnaire de fortune depuis cinq ans.

Julius Baer est l’un des plus gros prêteurs de Signa, un promoteur européen de luxe dont les actifs comprennent une participation dans KaDeWe, le grand magasin le plus célèbre d’Allemagne, et dans le Chrysler Building à New York.

La banque publiera ses résultats annuels jeudi matin, date à laquelle les changements devraient être annoncés.

Julius Baer envisage également d’intenter une action en justice pour récupérer l’argent de Signa, le groupe dirigé par René Benko qui fait face à une procédure d’insolvabilité. La banque a décidé d’amortir son exposition totale à Signa de 606 millions de francs, au lieu des 400 millions de francs attendus par les analystes.

Evie Kostakis, directrice financière de la banque, et Oliver Bartholet, directeur des risques, devraient rester en poste.

Le départ de Rickenbacher avait été annoncé plus tôt par Bloomberg.

Ancien consultant chez McKinsey, Rickenbacher est devenu PDG de Julius Baer en 2019 après qu’une série de scandales internationaux de blanchiment d’argent ait conduit au départ de son prédécesseur, Boris Collardi.

Rickenbacher a été recruté pour apporter de la stabilité au groupe, à la suite d’enquêtes réglementaires sur les relations de la banque avec la Fifa, l’instance dirigeante du football mondial, et d’un autre cas présumé de corruption impliquant Petróleos de Venezuela, un groupe pétrolier et gazier public.

Mais l’exposition de Julius Baer à Signa a soulevé la question de savoir s’il pourrait survivre aux retombées.

Les actions de la banque suisse ont chuté de 15 pour cent depuis qu’elle a révélé pour la première fois son exposition en novembre, lorsqu’elle a annoncé qu’elle réexaminerait ses activités de dette privée.

À l’époque, Julius Baer avait déclaré que son portefeuille total de prêts de dette privée s’élevait à 1,5 milliard de francs, y compris 21 autres contreparties.

David Nicol, membre du conseil d’administration de Julius Baer qui a également dirigé son comité de gouvernance et de risque, devrait également partir, selon des personnes informées des décisions. Richard Campbell-Breeden, un autre administrateur, devrait être nommé vice-président du conseil d’administration et président de soutien, Romeo Lacher.

Le conseil d’administration a fait appel à un tiers pour examiner la gouvernance d’entreprise de la banque, selon des personnes connaissant le sujet. Le régulateur financier suisse Finma, qui a enquêté sur l’exposition de Julius Baer à Signa, intensifie également ses investigations.

Julius Baer a refusé de commenter.



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