Joji / Smithereens


Joji a remporté cette année un succès sans précédent avec ‘Glimpse of Us’, l’une des rares ballades qui rivalise aujourd’hui, et sans échevelée, avec les concombres de Bad Bunny, David Guetta, Manuel Turizo, Bizarrap, ‘Unholy’… ils auraient dit que ce serait cet ex-Youtuber qui, à la manière d’Adele, ramènerait la tradition de la ballade pop la plus classique dans les charts, mais avec ‘Glimpse of Us’ il y est parvenu : il y a plus que 600 millions de streamings sur Spotify et il n’est toujours pas sorti du top 50 mondial plusieurs mois après son lancement l’été dernier.

‘Glimpse of Us’ est une belle chanson, bercée par le son d’un piano, qui aurait bougé autant maintenant que dans les années 70, et qui trouve Joji dans une position compliquée : il est avec une fille mais ce à quoi il pense c’est son ex. Le thème du chagrin est récurrent sur « SMITHEREENS », le troisième album studio de Joji, car son cœur est effectivement « brisé ».

« Die for You », le deuxième succès officiel de « SMITHEREENS » (il est également présent dans le top 50 de Spotify Global), commence par un son de berceuse, mais introduit bientôt un battement léger de trap, l’un des sons les plus distinctifs du La musique de Joji accompagnée d’ambiances floues et de mélodies éthérées. ‘Die for You’ est une autre chanson sentimentale (« J’ai entendu dire que tu étais avec quelqu’un d’autre, j’espère que tu es heureux, ça me tue un peu, parce que je mourrais pour toi »), mais la sensibilité de Joji fait que ça marche.

En seulement 24 minutes, ‘SMITHEREENS’ bouleverse le son de ces deux singles. ‘Feeling Like the End’ s’engage avec un autre battement de piège léger et avec le fausset de Joji, qui rappelle les temps anciens (« nous avons fait tant de choses ensemble, tu m’as promis que ce serait pour toujours »), et ‘Before the Day is Over’ est mon préféré grâce à la belle mélodie du refrain, dans lequel Joji s’harmonise à propos d’une relation « sur le point de se terminer ».

‘Dissolve’ propose, pour la première fois, un son différent, s’appuyant sur une mélodie de guitare acoustique, sur laquelle Joji chante grâce à un effet d’autotune. Le thème de la rupture continue : « Est-ce qu’on compte les chèvres avant de se séparer ? » c’est peut-être l’une des meilleures lignes qu’il ait jamais écrites. Cependant, à ce stade, les chansons commencent à « se dissoudre », à trop s’estomper.

‘NIGHT RIDER’ est une belle composition, quoique redondante, mais ce sont les trois morceaux suivants qui gâchent le rythme de l’album. Qu’ils contiennent, respectivement, les sous-titres pour « démo », « interlude » et « freestyle » nous donne une idée de la nature impromptue du projet et, à ce stade, il est clair que Joji n’a pas été en mesure d’écrire des chansons aussi solides que les premières. ‘SMITHEREENS’ fonctionnerait donc mieux en EP ou même en mixtape.



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