Joana Mallwitz a débuté triomphalement au Konzerthaus

Par Martina Hafner

Joana Mallwitz a littéralement époustouflé le public ! Au Konzerthaus, la première femme chef d’orchestre de Berlin a célébré jeudi un succès triomphal pour ses débuts avec des œuvres de Prokofiev, Weill et Mahler.

Même son introduction personnelle au concert avec des extraits sonores au piano à queue s’est transformée en un événement. En 25 minutes, elle a expliqué comment Kurt Weill brise les accords de sa première Symphonie de Berlin, comment sa partition a été introduite clandestinement dans un monastère italien lorsque le compositeur juif a dû fuir l’Allemagne nazie. Ou pourquoi Sergueï Prokofiev entraîne l’auditeur sur une pente glissante dans sa première symphonie. Ou comment Gustav Mahler fait résonner la nature.

Puis elle a complètement captivé la salle à guichets fermés, conduisant comme sous haute tension. L’ironie de Prokofiev savamment travaillée, fait scintiller les violons, ici un tutti d’une puissance enivrante, la transparence toujours incluse, mais la noblesse réservée de son prédécesseur Christoph Eschenbach appartient à l’histoire. Avec elle, l’orchestre semble d’une manière rafraîchissante, rude et prêt à prendre des risques.

Et les fans de classiques ont adoré ! Dans la Symphonie berlinoise de Kurt Weill, qu’il a écrite alors qu’il avait 21 ans lorsqu’il était étudiant, elle laisse sa fureur juvénile galoper à travers la salle, dépassant parfois presque la limite de volume. C’est difficile à croire, mais avec la première de Mahler, cela devient encore plus énergique, le final fait trembler les sièges du public. Le public ne peut répondre que par des applaudissements frénétiques, car Mallwitz présente la musique de manière si directe et physique. Une tension toujours élevée !

À propos, cela vaut la peine d’acheter une place sur le balcon du chœur ou près de la scène sur les gradins latéraux et de voir le chef d’orchestre de face. L’expression de Joana Mallwitz est une image pour les dieux. Roulements clownesques des yeux chez Prokofiev, mains fortes se tordant comme des griffes chez Weill ou extase émouvante chez Mahler. Splendide!

Prochaine occasion de découvrir Mme Mallwitz : dimanche 3 septembre 2023 à partir de 11 heures lors de la journée portes ouvertes au Konzerthaus am Gendarmenmarkt. L’entrée est gratuite.



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