« Je ne parlerai plus jamais à ces deux-là de CD&V » : comment les projets de fusion controversés à Zwijndrecht laissent de profondes blessures


Une majorité tournante a approuvé jeudi soir la fusion de Zwijndrecht avec Beveren et Kruibeke. Cette décision, qui va à l’encontre du résultat du référendum, suscite de nombreux troubles. « Je ne parlerai plus jamais à ces deux membres du CD&V. »

Pieter Gordts

«Je me suis endormi à Zwijndrecht et je me suis apparemment réveillé à Beveren. Nous nous sommes envoyé cela dans la famille : ‘Bienvenue à Beveren’. » Lio Thys (30 ans) ne peut cacher son sourire sous la capuche de son imperméable. Elle n’était pas présente au conseil municipal hier pour exprimer son opinion. Elle l’a fait il y a quelques mois lors du référendum (non contraignant) que la municipalité avait demandé sur une éventuelle fusion.

Thys faisait partie des 80 pour cent qui ont voté contre une fusion avec ses voisins Beveren et Kruibeke. Un résultat que le conseil municipal a ignoré hier. Une majorité tournante du CD&V, de la N-VA et du Vlaams Belang a voté en faveur du projet de fusion. Deux des trois Flamands bélangers ont finalement voté, sachant pertinemment que cela leur coûterait leur carte de parti, comme l’avait prévenu le gouvernement national.

Cependant, il y a eu beaucoup de résistance. Jeudi, les agents municipaux avaient créé une chaîne autour de la mairie en guise de résistance symbolique à la fusion. Sur leur banderole, ils ont barré le dernier mot du slogan de Zwijndrecht, « Cherish your future ». Finalement, environ deux cents citoyens se sont présentés au conseil municipal, avec des cercueils en carton pour Zwijndrecht et la sous-commune de Burcht. La réunion a finalement duré quatre heures et demie en raison des nombreuses questions.

Les conseillers municipaux qui avaient voté en faveur de la fusion sont ensuite repartis sous escorte policière. «Nous avions lu à l’avance sur Internet que des gens nous attendraient et détruiraient notre maison», raconte Mariette Voogd (Vlaams Belang). Sa collègue, qui a finalement voté contre la fusion, s’est même fait jeter des œufs.

Taxe communale

Le fait que le résultat du référendum ne soit pas suivi crée de l’animosité. D’abord au sein de la majorité, formée par Groen, Vooruit et CD&V, qui semble avoir peu d’avenir. « Ces deux membres du CD&V : je ne leur parlerai plus jamais », déclare le bourgmestre André Van de Vyver (Vert). « Je vais dire quelque chose qui n’est pas gentil, mais c’est de la poubelle. »

Plusieurs résidents avec qui nous avons parlé ne sont pas favorables à une fusion. «Il y a beaucoup de petites choses stupides dont je me demande si elles vont changer», déclare Thys. « Est-ce que je pourrai encore obtenir un abonnement chez De Lijn à 56 euros au lieu de 300 euros (la commune paiera le reste pour ses habitants, ndlr) ? Vais-je devoir payer plus d’impôts ? À Zwijndrecht, la taxe communale est de 2,5 pour cent, à Beveren et Kruibeke, elle est respectivement de 5 et 8 pour cent.

«J’aurais aussi aimé que cela reste ainsi», déclare Cynthya Hernandes (42 ans). Elle a quitté le Mexique pour s’installer à Zwijndrecht il y a dix-sept ans, par amour. Elle se sent chez elle ici. « Beveren et Kruibeke sont différents. Par exemple, il y a ici davantage un sentiment de ville.

Bordure invisible

« Lorsque vous conduisez d’ici à Kruibeke, vous traversez vraiment une frontière invisible », explique Eric Verhoeven (47 ans), qui a vécu à Zwijndrecht et à Kruibeke. « Quand les gens disent là-bas : « Nous allons en ville », alors ils veulent dire Saint-Nicolas. À Zwijndrecht, nous vivons pratiquement sous la cathédrale d’Anvers.

Verhoeven lui-même voit les avantages d’une fusion, comme le fait que la commune devra rechercher une nouvelle zone de police à rejoindre ou les finances communales. « Parce que les entreprises ferment ici, les revenus de la municipalité diminuent. » Zwijndrecht tire 70 pour cent de ses revenus des impôts des multinationales présentes sur son territoire. Ce sont également les arguments avancés par Ann Van Damme (CD&V) et tous les autres « oui ». « Nous aurions probablement pu facilement terminer la prochaine législature. Mais après, je ne sais pas.

Ce n’est pas possible avec le maire Van de Vyver. Il estime que les opportunités que le CD&V, la N-VA et le Vlaams Belang voient dans le développement de leur activité ne sont que des paroles creuses. « De notre politique de mobilité à la politique sociale en passant par la résistance aux PFAS qui a commencé ici : nous sommes la seule commune verte de Flandre avec une politique unique. Je n’arrive pas à me débarrasser de l’impression que c’est une épine dans le pied du centre (droite) qui veut tuer cela.»

Opportunité

L’agitation à Zwijndrecht contraste fortement avec le calme relatif dans lequel les projets de fusion ont été adoptés à Beveren et Kruibeke. Selon Filip De Rynck, cela a beaucoup à voir avec la situation particulière dans laquelle se trouve Zwijndrecht, entre le Pays de Waas et Anvers. « Zwijndrecht compte sur Anvers pour son aide et Waasland pour la collecte des déchets. »

Le professeur émérite d’administration publique de l’Université de Gand était l’un des deux auteurs de l’étude commandée par le ministre flamand de la Société Bart Somers (Open Vld) sur les fusions entre communes. Il y concluait avec Lieven Janssens que les 300 communes flamandes devront inévitablement fusionner à long terme pour garantir une qualité de gouvernance suffisante.

Mais De Rynck comprend les doutes de Zwijndrecht. «Contrairement à ce que l’on constate dans de nombreuses petites communes, le besoin impérieux de fusion est moindre à Zwijndrecht. De plus, c’est une municipalité bien gouvernée qui ne se porte pas mal financièrement. La fusion n’est pas une nécessité pour résoudre des problèmes à court terme, mais plutôt une opportunité pour relever des défis à l’échelle du Pays de Waas.»

En septembre, les habitants de Zwijndrecht ont clairement voté contre une fusion.Image Éric de Mildt



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