« Je ne demande qu’une chose : arrêtez » : les camionneurs se « vengent » sur les riverains du viaduc de Gentbrugge en les réveillant


Depuis le début de cette semaine, les camionneurs ne sont plus tenus de rouler à 90, mais à 70 kilomètres à l’heure sur le viaduc de Gentbrugge. Les nombreux trafics lourds ont tenu les riverains éveillés. Les résidents locaux sont maintenant victimes d’attaques de vengeance par des camionneurs. « A 1h du matin, à 2h du matin, à 3h du matin… nous avons été réveillés au moins dix fois par des klaxons de camionneurs », raconte Thierry Courtens (53), habitant du quartier. « Cette manifestation doit cesser. »

Cédric Matthews

Depuis mardi, les camions sont autorisés à rouler « seulement » à 70 kilomètres à l’heure sur le viaduc de l’autoroute E17 à Gentbrugge. Les nouvelles règles ne s’appliquent pas aux automobilistes. Ils sont toujours autorisés à rouler à 90 kilomètres à l’heure, et les camionnettes n’aiment pas ça. La nuit, un camionneur après l’autre klaxonne.

«Ça commence tranquillement», explique Thierry Courtens, un habitant du quartier. « Quand le contrôle de section démarre sur le viaduc, ils démarrent. Puis ils continuent de claironner sans arrêt pendant près de deux kilomètres. Mardi, nous nous sommes couchés vers dix heures et demie. A 1h du matin, à 2h du matin, à 3h du matin,… nous avons été réveillés au moins dix fois par des camionneurs qui klaxonnaient.

Courtens dort littéralement à côté de l’autoroute. Sa chambre n’est qu’à une centaine de mètres des panneaux acoustiques. « Nous travaillons ici depuis deux ans récemment. Ensuite, les panneaux ont été soulevés. Nous espérions que ce serait plus calme, mais c’est devenu plus bruyant. Résultat : on entend super bien le klaxon.

L’habitant Thierry Courtens (53 ans) mesure les décibels au viaduc de Gentbrugge.Image Jan De Meuleneir / Photo News

‘Dukaduk’

Hans Verbeeck, président de Viadukaduk, confirme l’histoire. Ce groupe d’action, en collaboration avec la ville de Gand, a fait pression pour faire passer la réduction de vitesse. Le nom Viadukaduk n’a pas été choisi au hasard. « Dukaduk » fait référence au bruit que font les camions chaque fois qu’ils roulent sur les joints entre les différentes sections du pont. Un claquement se fait entendre à chaque fois. Plus le camionneur roule vite, plus il fait de bruit.

« Bien sûr, j’espère que les klaxons s’arrêteront », dit Verbeeck. « Quand je me suis levé ce matin (mercredi matin, ndlr), j’ai dit à ma femme. ‘Ce sont probablement des camionneurs en colère.’ Je ne peux pas imaginer qu’ils continueront cela pendant des mois.

Viadukaduk étudie actuellement l’impact de la réduction de vitesse. « Nous avons mesuré les décibels avant l’introduction et nous mesurons maintenant entièrement. Nous ne pourrons tirer des conclusions que dans quelques mois. Après tout, il y a de grandes différences d’un jour à l’autre. Seule la direction du vent joue un rôle majeur.

58 euros d’amende

En attendant, les riverains espèrent plus de contrôle. «Je travaille dans la construction et je me lève à cinq heures et quart», explique Courtens. « Heureusement, mes deux enfants dorment de l’autre côté de notre maison. Sinon, nous aurions ajouté cela. Si cela continue, nous demandons à la police de rester ici quelques nuits.

Pour information : une amende pour klaxon inutile coûte 58 euros auxquels s’ajoutent 8,84 euros de frais administratifs. « Nous ne pouvons pas nous empêcher qu’une autoroute traverse Gentbrugge », conclut Courtens. « Je ne demande qu’une chose : arrête ça.

Une nuit entre les cornes à Gentbrugge : ‘Qu’est-ce qu’ils ont, ces gens-là ?’

Et à quelle heure les camionneurs commencent-ils à klaxonner ? À quel point ce klaxon sonne-t-il fort ? Et combien de temps dure-t-il ? En tant que journaliste, je vire Thierry Courtens, habitant du quartier, question après question. Mais il me doit souvent les réponses. Après tout, une personne ne se lève pas la nuit pour tenir un « rapport klaxon ».

« Vous savez, venez simplement écouter par vous-même », suggère Thierry. Et c’est ainsi que cela se produit. Soudain, je suis assis sur le siège avec un homme qui était un parfait inconnu la veille. Avec sa femme et ses deux fils, nous regardons les informations. On boit une Duvel. Il y a des frites et des noix sur la table.

Vers 23h la famille s’endort, je me glisse dans mon sac de couchage bleu. Je n’ai pas entendu de klaxon à ce moment-là, mais vers minuit, il y a le premier pwaaaap. Tout comme Thierry l’a raconté, ça démarre tranquillement au loin. Plus le camion se rapproche, plus il fait de bruit. « Quel est le problème avec ces gens? » Je me demande, tranquillement dans ma tête.

A chaque réveil, je note l’heure : 1h30, pwaaaap2h20, pwaaaap3h30, pwaaaap4h30, pwaaaap. Thierry est là à 5h15. Il se lève pour partir travailler. Nous buvons un café ensemble. « Hier, c’était encore pire », rigole-t-il. « Vous voyez que je n’ai pas menti, n’est-ce pas ?

Sa femme en particulier est restée éveillée, raconte Thierry. « Ce n’était pas vraiment mon intention de faire le journal avec ça, mais j’espère que les camionneurs liront ça. Ils doivent comprendre que je dois aussi travailler. Les nuits sont déjà courtes quand on travaille dans la construction. Je me lève tôt tous les jours. »

« Cela fait 24 ans que nous vivons ici, poursuit Thierry. « L’autoroute était bien sûr déjà là. Je n’ai jamais eu de problèmes avec ça, parce que je le savais à l’avance. J’aime toujours vivre ici. Thierry prépare sa lunch box. « Voulez-vous un deuxième café ? » demande-t-il. « Oui, s’il vous plaît ! » dis-je en frottant le sommeil de mes yeux.



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