Je commence à manquer de cette autorité posée que j’ai critiquée dans le passé


Speut-être parce qu’il ressemblait tellement à mon père Parfois, quelqu’un le saluait avec un poing fermé et il s’énervaita, parce qu’il était viscéralement anticommuniste. C’est peut-être à cause de son élégance naturelle ou parce qu’un président est aussi le père du pays. Ou peut-être est-ce parce que désormais le rôle des sages incombe à ceux qui ont grandi plus tard, sans effort alors que tout allait à merveille, mais aux prises avec des nœuds trop complexes pour être dénoués.

Le souvenir émouvant de la petite-fille de Giorgio Napolitano : « Formidable grand-père »

Mais Je me retrouve avec un sentiment de vide en saluant, aux côtés du président Napolitano, les grands aînés d’une génération qui a souffert, il a vécu beaucoup, beaucoup. Qui ont vécu une guerre qui a déchiré leurs années immatures et les a jetés violemment dans l’âge adulte, mais qui ont aussi participé à l’enthousiasme d’une reconstruction réussie.

Dans les histoires de famille, leurs histoires apparaissaient de temps en temps, avec une grande discrétion : les changements de fortune, la faim, l’incertitude, mais aussi la volonté de survivre et même quelques éclairs de bonheur pour des petites choses, une orange à Noël, un manteau retourné qui semblait neuf. Et puis la passion politique, les idéologies fortes, les choix courageux, la vie et la mort accompagnées de l’audace de vingt ans.

Danda Santini réalisateur de « iO Donna » (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

C’était la génération des choix courageux: rester malgré tout fidèle à un uniforme ou tout nier, se cacher dans les montagnes ou prendre un fusil. Donnez un abri, au péril de votre vie. Trahir, pour sauver votre vie. Être incarcéré, exilé, en détention, sans même le temps et le luxe de faire face au chagrin et aux peurs. Et puis repartir pauvre, la maison bombardée et une seule robe, mais forte et têtue, comme dans les films néoréalistes.

La joie de la libération et les premières vraies libertés. Des progrès tumultueux, des machines à laver, des voitures et une télévision pour tous. Travail abondant tête baissée. La mémoire de la guerre à exorciser. Quand j’étais petite, pour éviter les crises de rire déplacés, il me suffisait de penser à mon père qui avait perdu sa mère et son frère dans un attentat à la bombe : je ne pouvais rien imaginer de plus terrible.

Illustration de Cinzia Zenocchini

De là est née une génération qui a résisté à tout, sans hésitation. Des femmes obligées de respectabilité et de bienséance qui pouvaient et méritaient de faire beaucoup plus, mais ne le savaient pas encore. Des hommes au dos droit, qui ont traversé le court siècle avec leurs costumes toujours en ordre, fidèles à une seule entreprise. Des mariages durables, une vie ensemble en se disputant mais sans céder parce qu’il n’y avait pas le choix et c’est comme ça que ça se faisait, et les voir vieillir ensemble était un cadeau pour leurs enfants.

Des parents sans chichi mais avec des idées claires, peu de principes indiscutables, quelques phrases simples mais efficaces : « as-tu fait ton devoir ? d’abord le devoir et ensuite le plaisir, pas de jurons, dîner à huit heures, pas de bêtises. La mère décide, le père intervient dans les cas graves, les enfants développent bientôt une saine envie de partir.

Tout ce que, en grandissant, j’ai contesté en pensant que nous aurions fait plus et mieux. Et maintenant que nous sommes seuls avec nos responsabilités, Cependant, je commence à manquer de cette autorité composée.

iO Donna © TOUS DROITS RÉSERVÉS



ttn-fr-13