Janelle Monáe / L’âge du plaisir


Janelle Monáe s’est fait connaître pour ses projets ambitieux et conceptuels. ‘The ArchAndroid’, son premier album, sorti en 2010, se poursuivait en fait par une histoire présentée dans des épés précédentes, inspirée de la science-fiction et mettant en scène l’androïde Cindi Mayweahter, venue sauver le monde de la haine et de la destruction. ‘The Electric Lady’ était l’épisode suivant et ‘Dirty Computer’ (2018) a brisé la tradition mais sa sortie était toujours accompagnée d’un film.

Sur ‘The Age of Pleasure’, Monáe part en vacances créatives et livre son disque le plus libre et le plus détendu. Dans des interviews, Janelle dit qu’elle était une « futuriste » et que maintenant elle est une « touriste du présent ». Dans son présent actuel, Monáe se déshabille et profite du plaisir du sexe. Elle est humaine, enfin.

Bien sûr, les vacances créatives sont sérieuses : ces nouvelles chansons de Janelle sont les moins inspirées de sa carrière. La palette sonore est idéale pour la création d’une œuvre sexy et séduisante : ici il y a de l’afrobeat, de la soul latine, du reggae, des trompettes, des maracas… Mais les chansons sont tellement floues qu’elles ne transmettent aucun magnétisme. Laisse plutôt indifférent.

Le premier single, ‘Float’, prévoyait déjà une certaine usure. Le premier single de Janelle n’est jamais passé aussi inaperçu… mais sa collaboration avec Seun Kuti & Egypt 80 sur un rythme trap n’est pas très excitante non plus. Le reggae décontracté de ‘Lipstick Lover’ est sympa mais le mieux qu’on puisse en dire c’est qu’il n’est pas aussi oubliable que ‘Paid in Pleasure’, qui continue avec le même son par la suite.

Ils ratent certaines décisions prises dans ‘The Age of Pleasure’. L’orgue de Barbarie de ‘Champagne Shit’, qui apporte aussi des rythmes reggae, est accrocheur, mais il n’a pas eu besoin d’être récupéré dans l’intermède de ‘Haute’ quelques morceaux plus tard. Plus étrange est que le prochain morceau de ‘Haute’ est un autre intermède dans lequel Grace Jones apparaît également en train de réciter un texte en français. C’est pour ça que tu appelles cette déesse ? Une autre guest star, Sister Nancy, pionnière du dancehall, passe ici sans honte ni gloire.

Il y a une tentative évidente dans ‘The Age of Pleasure’ d’ajouter une contribution à la tendance Afrobeat actuelle. Celui de Janelle est plus estival et bio. De nombreux morceaux s’appuient sur ce son et présentent certains de ses plus grands représentants : « Phenomenal » avec Doechii, « The Rush » avec Amaarae et « Know Better » avec Ckay. Personne ne peut douter du bon goût de Monáe en matière de collaborations, mais ces chansons, même drôles, passeraient inaperçues dans le catalogue de ces artistes et elles le font dans celui de Monáe.

Janelle a interprété les chansons de « The Age of Pleasure » lors de soirées qu’elle a organisées chez elle, en présence de ses amis de la communauté panafricaine. Il dit que si une chanson ne fonctionnait pas dans ce contexte de fête, elle ne serait pas sur l’album. Mais il est difficile d’imaginer qu’aucune de ces chansons anime une fête, à moins qu’elles ne se contentent de jouer en arrière-plan, elles ne semblent pas du tout vouloir attirer l’attention.



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