J’ai rarement vu quelqu’un avec une telle dignité supporter le plus grand chagrin imaginable

Qu’est-ce qui vous passe par la tête lorsque vous tenez une photo de votre père pour la première fois et que vous regardez droit dans les mêmes yeux que vous n’avez vus que dans le miroir depuis des décennies ? L’homme qui t’a abandonné. Que tu as donné. Comme quelque chose qui ne ferait que gêner.

La réaction de Jacqueline Mukandori, pas beaucoup plus que non Vandermeynsbrugge, nous n’avons pas pu voir. Mais vous n’êtes pas obligé. J’ai déjà eu la meilleure minute de télévision que j’ai vue cette année. C’est le septième des quarante-huit qui composent le deuxième épisode de Métis de Belgique façonner.

Le sourire affable avec lequel cette femme ouvrit les yeux, trouva le regard de son fils et sombra dans une vie de larmes refoulées, me frappa comme un coup de poing dans l’estomac. J’ai rarement vu quelqu’un avec une telle dignité supporter le plus grand chagrin imaginable. Celle d’une femme qui a d’abord perdu ses parents puis son enfant, sa fille. J’ai rarement vu deux visages plus beaux enfouis dans les épaules l’un de l’autre.

La caméra était dans une pièce voisine, vous pouvez juste voir le cadre de la porte sur le bord gauche de l’image. Vous ne pouvez pas obtenir un moment comme celui-ci assis dans la lueur douillette d’un caméraman haletant. Ce n’est qu’un des nombreux moments déchirants de cet épisode, et la façon dont ils nous parviennent est une révérence appropriée. Un plaidoyer pour la retenue, pour l’authenticité avant tout, sans trop de fioritures.

Les roues d’un fauteuil roulant et les pieds traînant derrière lui, un genou dans une attelle, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des carreaux de sol froids. Une image forte quel que soit le contexte, mais comme des mains autour du cou quand on vient d’entendre Jacqueline parler d’une enfance terrible avec une mère adoptive alcoolique et violente. La mère adoptive qu’elle vient d’aider, un demi-siècle plus tard, à se mettre en fauteuil roulant.

Jacqueline mais aussi les autres, Yvette, Jeanot, Germaine, Eveline, Anne, Immaculata, Georges, Julie et trop de compagnons d’infortune, ont vu l’enfer. Et pour cela, ils n’avaient même pas besoin de – mais ils étaient – ​​maltraités, mentalement, physiquement ou les deux, jouets et enfants esclaves comme ils l’étaient pour les gens qui ne payaient pas une femme de ménage. La solitude, la désolation indescriptible que ces gens emportent avec eux jusqu’à la fin de leurs jours, vous ne le souhaiteriez pas à votre pire ennemi. Le sentiment de n’appartenir nulle part, le fait de savoir que votre propre père ne voulait pas de vous dans sa vie, la question souvent sans réponse de savoir si quelque part à l’autre bout du monde une mère a déjà pensé à vous, frères ou sœurs peut-être. Que même ton anniversaire est un mensonge.

La dignité avec laquelle ces personnes interrogées regardent leurs interlocuteurs dans les yeux juste à côté de l’écran est tout simplement écrasante.

Métis de Belgiquemardi à 21h25 sur Canvas.
Frederik De Backers regroupe les DM Zapts Le livre est mieux est maintenant sorti chez Borgerhoff & Lamberigts.



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