J’ai bien aimé mais comme Lundini lui-même le prévient : « Si tu n’aimes pas ça, OH, PATIENCE »


Serena Dandini (photo de Gianmarco Chieregato).

LALe cynisme est un art quand il est au service de la comédiemais c’est un chemin ardu à parcourir. Seuls quelques privilégiés parviennent à chevaucher l’ironie perfide et atroce sans tomber dans la complaisance narcissique ou la méchanceté pour elle-même et l’une d’entre elles est sûrement Valerio Lundini.

Fondamentalement indéfinissable : comédien, personnalité de la télévision, fantaisiste, musicien et aussi écrivain au deuxième recueil de nouvelles de la bibliothèque avec Photos floues de familles immobiles pour Rizzoli Lézard.

Après le génie de Corrado Guzzanti avec qui j’ai eu le plaisir de travailler pendant longtemps, aucun talent notable n’était apparu à l’horizon, en dehors de la meute, puis ce garçon maigre et aux yeux hagards est apparu qui pouvait ressembler au cousin timide que l’on rencontre seulement à Noël, introverti et avec un certain traumatisme. Soudain, le paysage s’éclaira.

Photos floues de familles immobiles par Valerio Lundini pour Rizzoli Lizard.

Son émission de télévision, Un morceau de Lundinia enflammé la programmation fatiguée avec une étincelle de dadaïsme surréaliste et nous a rappelé qu’il est possible de rire intelligemment des stéréotypes habituels et usés auxquels l’épopée des formats nous a habitués : grâce aussi à la présence féminine d’une actrice extraordinaire comme Emanuela Fanelli, la partenaire idéale de ce petit programme qui a créé une armée de fans adorateurs.

Il y a peu de choses que je regrette dans ma vie professionnelle, certainement on n’a pas saisi l’opportunité de travailler avec Valeriomême si j’en avais l’occasion, mais sur cet épisode même, il a réussi à construire un gag hilarant dans son spectacle théâtral et cela a suffi pour que je sois satisfait.

Parler de sa nouvelle œuvre littéraire sans tomber dans la rhétorique relève de l’exploit car malheureusement Lundini est bon, il écrit bien et chaque histoire a plus d’idées et de flashs que des romans entiers qui encombrent nos étagères.

Il est également inutile de vous détailler le contenu de Photos floues… : est une incursion dans nos obsessions contemporaines, une collection de personnages en proie aux tics et travers dicté par les efforts souvent inutiles pour se montrer à la hauteur d’une modernité présumée et qui plus est, comme tout véritable écrivain qui se respecte, une veine poétique de nostalgie se laisse entrevoir entre les lignes, même si l’auteur ne l’avait peut-être pas prévu.

Pour lui rendre hommage, j’aurais dû critiquer un autre livre en plaisantant, peut-être La recherche par Proust, puis à la fin dire simplement « oups je me suis trompé… ».

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J’ai bien aimé mais comme Lundini le prévient lui-même : « Si tu n’aimes pas ça, OH, PATIENCE ».

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