J’accuse, complots présumés, querelles internes au palais de Buckingham : les mémoires du frère du prince William promettent de jeter une ombre sur les Windsor. Et s’ils n’étaient que les éclats (douloureux) de l’éternelle seconde ?


EST un moment en or pour le prince Harry. Tout parle de lui. Si ce qu’il voulait dans la vie était d’être (enfin) au centre de l’attention, il a vraiment réussi : le documentaire dont on parle tant est sorti le 8 décembre Harry et Meghan sur Netflix avec la vérité du couple sur le Megxit.

Ces jours-ci un autre documentaire, produit par sa société de production, est en ligne, toujours sur le géant du streaming Archewell, vivre pour diriger (Live to Inspire), qui se concentre sur des personnages qui ont fait des choix courageux tels que la féministe Gloria Steinem, l’écologiste Greta Thunberg et la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.

Et, le 10 janvier, ses mémoires tant attendus, Spare-Le mineurpublié par Penguin Random House et, en Italie, par Mondadori, pour lequel il a déjà encaissé une avance de 20 millions de dollars.

Prince Harry, Spare – le mineur, Mondadori, 540 pages, 25 €

L’instant d’Harry

C’est son moment d’or, disions-nous, car Harry après une carrière de soldat et ayant pratiquement toujours vécu dans l’ombre de son frère William, renversons la vapeur, raconte ses tourments d’éternel second, son passé et les drames intérieurs d’être une « réserve », précisément la réserve, la roue de secours de l’héritier du trône. Rôle qui, malheureusement, concerne toujours le sort du deuxième fils du roi. De son point de vue – en particulier dans le documentaire – un récit douloureux émerge, mais en même temps assez controversé. Tout d’abord exacerbé par le traumatisme de la mort tragique de sa mère Lady Diana.

Le prince Harry, triste et solitaire, a d'abord quitté Balmoral pour retourner auprès de Meghan

Le rôle de Meghan Markle dans la vie de Harry

Et puis du « duel » entre Meghan Markle et la cour de Buckingham Palace accusée par la duchesse et ancienne actrice d’être « raciste ». Directement sur sa femme, Harry semble avoir projeté ses angoisses les plus profondes. «J’ai dû quitter Londres pour protéger ma famille» explique-t-il à un moment donné dans le film documentaire également réalisé par leur société de production Archewell (qui, en fait, n’inclut pas une seule voix critique dans les six épisodes).

Gloire au premier, liberté au second

La « réserve » raconte notamment la différence de traitement subie entre lui et le prince William. Révèle que les frères et sœurs ont juré de ne jamais se noircir à cause de l’ordre hiérarchique, les différents ordres hiérarchiques d’appartenance. Une éventualité que la princesse Diana a toujours tenté d’éviter dans les premières années de la vie des garçons en les éduquant de la même manière. Il leur expliqua que « l’héritier du trône aurait la gloire, mais le deuxième-né la liberté ».

Ce pacte aurait pourtant, selon le prince Harry, été bafoué, encore plus avec l’arrivée de Markle : l’interprète de Combinaisons elle deviendrait la cible principale des tabloïds et des histoires de Palazzo. Et le bureau des communications du palais de Kensington ne ferait pas grand-chose pour défendre le couple. Un exemple? La prétendue querelle entre Kate et Meghan. En réalité, toutes ses accusations semblent infondées, résultant davantage d’une profonde paranoïa existentielle que dynastique. Non seulement Harry ne les a pas prouvés avec des faits, mais ils ont également été démystifiés point par point par les observateurs royaux. Et ce alors même que le New York Times s’est récemment prononcé en faveur du couple : ha pointé du doigt la famille royale, coupable d’avoir fait « presque mourir » Meghan Markle de désespoir.

Frères cadets royaux, l’histoire se répète

La vérité est que le duc de Sussex semble être victime du soi-disant malédiction de la « réserve ». Avant lui, dans l’histoire, elle a touché de nombreux ancêtres illustres. Au XIIe siècle, Le roi Richard Cœur de Lion, alors qu’il combattait dans les croisades, risquait d’être déposé par son frère Jean qui a ensuite été gracié. Elizabeth I a été envoyée à la tour de Londres par sa demi-sœur envieuse, la reine Mary the Bloody.

Encore une fois, pour en revenir à aujourd’hui : George VI aurait volontiers vécu sa vie libre si Édouard VIII n’avait pas abdiqué. Et Margaret, la sœur de la reine Elizabeth, a perdu l’amour de sa vie avec le colonel Peter Townsend. Le prince Andrew, enfin, avant de tomber en disgrâce pour la dangereuse amitié avec le milliardaire pédophile Jeffery Epstein, il avait un instant rêvé d’être régent du petit William au moment du divorce entre Charles et Diana lorsque la princesse de Galles a déclaré à la BBC que son mari « n’était pas digne de devenir roi ».

Dans les juridictions « cousines », ce n’est donc pas que la situation soit meilleure. Le prince danois Joachim a vu la reine Margrethe II retirer le titre d' »altesse royale » à ses enfants à cause d’un commérage qui sent bon le règlement de compte : il serait tombé amoureux de la belle-sœur australienne Mary, épouse de l’héritier de le trône Frederik. Au plus fort de la tension, avec sa seconde épouse Marie, il se serait exilé à Paris. Un peu comme Harry et Meghan. Seulement qu’on est ici au pays d’Hamletdans la monarchie rationalisée que Charles III aimerait tant.

En Espagne, les sœurs de Felipe VI, Cristina et Elena, ont créé des maux de tête avec leurs maris. Iñaki Urdangarín, l’épouse divorcée du premier, a été reconnue coupable de corruption. Pas un simple scandale.

Harry, impatient d’être le 10 janvier

«Ce que je ne comprends pas, c’est cette constante victimisation» observe l’illustrateur pop Ivan Canu, invité régulier de notre podcast Dieu sauve la reine sur Spreaker et Apple, et auteur d’un livre illustré éponyme sur la reine Elizabeth (Centauria). «Il connaît bien les règles, il fait partie de ce système, il y est né et y a grandi. Ils ne les aiment plus ? D’accord, qu’il reste à Los Angeles où il a montré qu’il mène une vie très agréable, mais qu’il met fin une fois pour toutes à cette interminable vengeance. Aussi parce qu’il est à court de tous les sujets : de quoi parlera-t-il encore à l’avenir ? ».

Pour Vittorio Sabadin, auteur d’une biographie sur Charles III pour Utet, le problème concerne tous ces derniers, même dans les dynasties industrielles. « Il suffit de penser aux Agnelli, Lapo et John Elkann » réfléchit-il.

«Harry a toujours été un prince erratique. L’arrivée de Markle a agi comme un détonateur. Il a commencé à raconter des mensonges. Ce n’est pas un hasard si la reine Elizabeth dans sa déclaration post-Megxit a écrit que « les souvenirs pourraient diverger ». Comme le prince Andrew aux Malouines, Harry était lui aussi en guerre en Afghanistan, car chaque monarchie doit avoir ses héros. Mais maintenant ça va trop loin et anéantit la magie d’un royaume basé sur les traditions».

L’historien Robert Lacey dans son livre Bataille des frères il rappelle cependant l’activisme humanitaire du prince Harry et raconte comment il s’est inspiré d’un autre « réservé », le prince Seeiso du Lesotho, avec qui il a fondé l’association caritative Sentebale en 2006 pour lutter contre le sida et la pauvreté dans la région sud-africaine.

Charles III, pour sa part, semble de toute façon déterminé à laisser le titre aux ducs de Sussex bien que Lord Bob Seely ait proposé une législation à Westminster pour les priver de cet honneur. Non seulement cela : il a aussi a invité le couple au sacre le 6 mai. « Je suis un pacificateur », aime-t-il à souligner.

Sa patience sera sûrement bientôt mise à nouveau à l’épreuve : le « spare » du 10 janvier a décidé d’accorder une interview à Tom Bradby, le même journaliste d’ITV qui a demandé à Meghan comment elle allait, dans ce célèbre documentaire tourné en Afrique du Sud en 2019, quelques mois après la naissance d’Archie. Il parlera des cris présumés de son frère et de son père lors du célèbre sommet de Sandringham sur Megxit. Peut-être devrions-nous alors suivre les conseils d’un « royal non royal », Emanuele Filibertoqui a confié à AdnKronos que « le linge sale est lavé en famille. 7». Ipse dixit.

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