Italie, nouvel échec : l’heure n’est plus aux excuses habituelles


Equipe nationale sans jouer mais aussi sans âme. Spalletti est un bon entraîneur mais le Championnat d’Europe a soulevé la question de savoir s’il est apte à devenir entraîneur

Directeur

30 juin – 00h01 -MILAN

Sans jeu, sans personnage, sans idée, sans flash. Sans honneur. Sans excuses. L’Italie, après avoir échoué deux fois de suite à participer à la Coupe du Monde, quitte le Championnat d’Europe humilié par ses adversaires, contesté par les nombreux supporters en Italie et par ceux qui étaient à Berlin, pour la plupart des émigrés qui demandaient au moins un engagement et détermination, deux mots qui devraient toujours être portés, avec le maillot bleu, par ceux qui entrent sur le terrain.

épaules, décisions fortes

En quatre matchs, si l’on enlève une demi-heure de la première mi-temps contre l’Albanie, on n’a rien vu de ce à quoi on s’attendait. Rien à voir avec ce qui était prévu. Quatre matches qui, ensemble, ont écrit l’une des pages les plus décourageantes de notre football. On revient de deux éliminations aux championnats du monde. Il ne peut pas y en avoir un troisième. Il n’est pas acceptable que cet Européen mortifiant soit qualifié d’accident. Il faut partir de l’échec auquel nous avons été témoins, car c’est un échec si nous voulons avoir une chance d’accéder à la Coupe du monde américaine dans deux ans. Après la défaite contre la Macédoine du Nord qui a éliminé l’Italie du tournoi au Qatar, rien ne s’est passé. Nous venions du Championnat d’Europe remporté à Wembley. Et sous ce parapluie, la Fédération de Football s’est mise à l’abri de la grêle. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Les nombreux problèmes structurels demeurent et derrière nous nous n’avons pas un triomphe comme celui d’alors, mais un autre désastre sportif. Pour paraphraser Spalletti : moments forts, décisions fortes.

L'entraîneur de l'équipe nationale Luciano Spalletti (d) discute hier soir avec l'assistant technique Marco Domenichini lors du match Italie-Croatie, Leipzig, Allemagne, 25 juin 2024. ANSA/DANIEL DAL ZENNARO

meilleur joueur italien

L’entraîneur, appelé à être le meilleur joueur d’une équipe qui en compte très peu, n’a pas été en mesure de donner un profil technique à l’équipe nationale. Mais il n’a même pas réussi à transmettre la détermination et l’envie de se battre aux joueurs qu’il avait choisis. Ennuyés, impuissants, confus, ils semblaient dociles même face à des formations qui ne sont franchement pas des armées invincibles. Nous avons assisté à un tourbillon de changements tactiques, d’embrouilles techniques, de remplacements et de doutes, qui ont fini par dérouter ceux qui sont entrés sur le terrain. Le résultat a été un spectacle déprimant qui ne reflète pas les valeurs de notre football.

epa11445727 Le gardien de but italien Gianluigi Donnarumma applaudit ses supporters après avoir perdu le match de football de l'UEFA EURO 2024 Round of 16 entre la Suisse et l'Italie, à Berlin, en Allemagne, le 29 juin 2024. EPA/ABEDIN TAHERKENAREH

le rôle des épaulettes

Ce ne sont pas les capacités d’un entraîneur qui a gagné dans des équipes de club, en Italie et à l’étranger, qui expriment toujours un football de qualité, qui sont en cause. En discussion, après ce Championnat d’Europe, c’est sa capacité d’adaptation au rôle de commissaire technique. Diriger l’équipe nationale et la préparer pour un tournoi qui dure quelques semaines est très différent de diriger une équipe de Serie A et de la préparer pour un championnat de dix mois. Spalletti a été appelé par Gravina après le départ soudain de Mancini à un moment délicat pour l’équipe nationale. Le temps dont disposait l’entraîneur n’était pas beaucoup, c’est vrai, mais pas très peu non plus. Surtout comparé au néant observé en Allemagne. Faire toujours appel à un championnat qui n’offre pas grand-chose techniquement a le goût d’une excuse et est fatiguant, tout simplement parce que ce n’est pas vrai. N’avons-nous aucun phénomène, à part Donnarumma ? Peut être. Car de quels phénomènes la Suisse dispose-t-elle ? Personne, je pense. Pourtant, les joueurs savaient quoi faire. Xhaka n’a pas joué moins de matchs pour le Bayer Leverkusen que Barella, mais il est allé deux fois plus vite. Freuler, Ndoye, Rodriguez, Aebischer semblaient venir d’une autre planète footballistique, plutôt que du même championnat que les Azzurri.

chance ou pas

En deux semaines, cette équipe a manqué non seulement de jeu, mais aussi d’âme. Après le but de Zaccagni à sept secondes de la fin qui a envoyé l’Italie en huitièmes de finale, éliminant Modric et sa Croatie, on espérait que l’étoile bleue se serait soudainement rallumée et avec lui l’équipe nationale aussi. Mais la chance se mérite. Ce n’était évidemment pas le cas.





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