Un match d’énormes souffrances, mais juste au moment où la possibilité de jouer une prolongation approchait, le but décisif est arrivé. Nunziata : « Ils étaient meilleurs que nous »
Dommage : l’Italie est tombée en finale contre l’Uruguay (1-0), ratant le rendez-vous avec ce qui aurait été le premier titre mondial U20 historique (après une troisième et une quatrième place). Luciano Rodriguez décide en finale – de retour d’une suspension de deux matches et également appelé par Bielsa en équipe nationale senior – d’une tête sur corner qui légitime la supériorité de Celeste en finale à La Plata. L’Uruguay de l’entraîneur Marcelo Broli a ainsi remporté le titre à la troisième tentative, après avoir perdu la finale en 2013 face à la France de Paul Pogba. Mais c’est une défaite, celle des Azzurrini de Carmine Nunziata, qui ne doit pas compromettre le jugement sur le travail extraordinaire accompli dans l’expédition d’Argentine. Commencé avec un effectif complété difficilement et avec mille doutes, mais arrivé à destination au milieu d’éclats fulgurants de talent et de la satisfaction d’être devenu malgré tout une vraie équipe qui sent le futur.
Les choix
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Nunziata change le 11 en ce qui concerne les quarts de finale et les demi-finales : la magie contre la Corée du Sud vaut un nouveau maillot de départ pour Pafundi (à la place d’Ambrosino), Faticanti revient également en haut bas avec Giovane montant arrière gauche et Turicchia du côté opposé (Zanotti sur le banc). Dans les 10 premières minutes, l’Uruguay s’entraîne au tir de l’extérieur, générant de l’appréhension : Diaz tente deux fois, sans trop inquiéter Desplanches mais obligeant en tout cas les Azzurri à rester bas. Baldanzi sort la tête de la carapace, remportant un coup franc du trocart gauche dans le quart d’heure : du côté de Ghilardi c’est Boselli qui touche avec son bras adhérant au corps (tous réguliers), alors qu’ensuite le Defensor Sporting le défenseur central lui-même met sur la trajectoire de la première gauche intéressante de Pafundi. Des escarmouches, car alors la première grosse occasion est pour Céleste : sur corner, Duarte échappe au marquage et file droit au but de la tête, trouvant cependant un super réflexe de Desplanches. Véritable frisson. On arrive à la pause sans autre gros soubresaut mais avec la sensation d’être face à l’adversaire le plus coriace de ce championnat du monde : les Uruguayens, dotés d’une énergie importante dans les jambes, allient aussi solidité défensive (ils n’ont plus encaissé de buts depuis 5 matchs de 6) et un jeu concret et vertical, déséquilibré à gauche où le Génois Matturro roule sans crainte. L’arrière gaucher, amené en Italie en janvier pour trois millions plus des bonus, a également un passeport italien grâce à ses ancêtres de la province de Potenza.
Nouvelle disposition
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Un temps de souffrance pousse Nunziata à intervenir dans l’intervalle avec un remplacement aux multiples conséquences : Zanotti (qui part à droite) pour Faticanti, Giovane avance de mezzala avec Turicchia en position naturelle de latéral gauche. L’ouverture plus légère, avec le retour de la petite paire Baldanzi-Pafundi derrière Ambrosino, est clairement une invitation au phrasé mais sur un terrain qui ne le permet pas. Nunziata résume ainsi après 55′ un choix qui n’a pas payé : Pafundi et Ambrosino sont sortis pour laisser la place à Esposito (dont le soir des trois finales/play-offs en famille, Spezia avec Salvatore, Bari avec Sebastiano et Italia avec Pio, s’est mal terminé) et Montevago. Ainsi, nous revenons à la configuration initiale des trois derniers matchs, avec Baldanzi derrière deux rôles d’attaquants. De la nouvelle conception, tout en restant une soirée de troubles, l’Italie semble en profiter en trouvant quelques sorties fluides sur la chaîne droite. A 10 minutes de la 90′, un tournant potentiel : l’arbitre suédois Nyberg passe au rouge pour un défi risqué de Prati sur Diaz, mais l’examen sur le terrain le convainc de changer la couleur du carton en jaune. Un soupir de soulagement et des huées de la très nette majorité uruguayenne dans les tribunes, mais c’est une satisfaction éphémère. En fait, seulement quelques minutes passent et l’équilibre est rompu, les ennuis arrivant toujours du coin : sur un flipper qui se déclenche dans la zone Desplanches, les marqueurs bleus sont incapables de balayer avec la bonne malice et la tête apparaît par Luciano Rodriguez, son premier but mondial après le 5 inscrit au Sub 20 sud-américain entre janvier et février. Coup mortel et larmes bleues, qu’il faut essuyer avec fierté. Parce qu’ils ne peuvent pas effacer tout ce qui était bon.
Gravina et Nunziata
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« Bravo les gars, vous êtes le meilleur de la jeunesse italienne! », était le message que le président de la FIGC Gabriele Gravina a envoyé aux Azzurrini au coup de sifflet final. « La défaite en finale n’efface pas le parcours extraordinaire dont cette équipe nationale a été capable. Je remercie tous les garçons, le coach Nunziata, le staff technique et organisationnel car de tels résultats ne peuvent être atteints sans la contribution décisive de tous les membres de la délégation. Le grand parcours de l’équipe nationale des moins de 20 ans confirme deux choses : il y a de grands talents dans le football italien et le travail du Club Italia leur permet de s’exalter au maximum. Grâce aux émotions intenses que nous ont procurées les Azzurrini, nous avons enfin recommencé à parler des jeunes joueurs, mais maintenant nous devons leur donner de plus en plus d’espace, les faire grandir et leur permettre de développer leur talent ». « Dans ce match, les Uruguayens ont été meilleurs que nous – analyse de Nunziata -. Le terrain ne nous a pas aidés, mais je pense que ce fut un voyage incroyable. Il faut remercier ces gars pour ce qu’ils nous ont fait vivre ce mois-ci. Ils ont fait des choses incroyables : ce match n’efface pas les bonnes choses qui ont été faites, jouer sept matchs en 21 jours n’est pas facile. » L’Italie peut se consoler avec le titre de meilleur buteur décroché par Cesare Casadei, auteur de sept buts en sept matches.
12 juin 2023 (changement 12 juin 2023 | 01:21)
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