RÉ.Aria Reine vient de fêter les sept ans de son arrivée au sein de la marque Chez Dédéfondée avec son mari, l’illustrateur Andréa Ferolladans la Via di Monserrati a Rome. Leur boutique, avec un atelier à l’intérieur, est à mi-chemin entre une chambre des merveilles Wunderkammer, un point de vente où l’on peut découvrir des collections exclusives telles que des petites éditions d’accessoires, de vêtements, de bijoux et de décoration pour la maison, et aussi un lieu de rencontre. Et le 15 juin prochain Daria inaugurera officiellement W The Store, à l’intérieur du nouvel hôtel W à Rome, une boutique organisée par elle, non seulement dans les objets mais aussi dans le mobilier, des rideaux de velours vert comme décors théâtraux aux poufs de style boudoir. Mais W signifie aussi Wunderkammer et Wonder, merveille, étonnement. Et dans cet esprit, voici son Rome authentique, un petit secret. Formidable.
Qu’est-ce qui vous inspire à Rome ?
Surtout des théâtres et des musées, car ils recueillent le pourcentage le plus élevé de poésie que les humains ont pu créer. Des lieux d’art. Mais aussi des librairies, comme la Cascianellià Largo Febo, aujourd’hui dirigé par la décoratrice d’opéra Valentina La Rocca, qui vend des livres anciens et illustrés (c’est aussi l’un des Gucci Places à Rome, recommandé par le directeur artistique Alessandro Michele, éd.). Et puis là Fahrenheit 451sur la Piazza Campo de ‘Fiori, où j’aime toujours parcourir des volumes de mythes comme Cecil Beaton et Elsa Schiaparelli.
Que signifie l’émerveillement dans ce qu’il fait au quotidien ?
Je pense que c’est d’avoir intercepté l’air du temps à Rome avant les autres, le grand retour du vintage. Je n’ai pas l’ambition d’aller loin, mais d’aller en profondeur, j’aime enraciner ce que je fais, le faire arriver de manière sensée, découvrir des choses particulières. Les petits trésors cachés sont souvent une source d’inspiration.
Les artisans romains et le travail qu’ils transmettent sont également merveilleux …
Oui définitivement. J’aime promouvoir les réalités des petits artisans. Par exemple, le Boutique de poupéesce joue de délicieux théâtres avec des boîtes à musique, à laquelle j’avais dédié la fenêtre de Noël. Aussi diverses marques de mode, petites et ensuite devenues connues et respectées par ceux qui font la mode, ne l’achetez pas, c’est réconfortant. Nous faisons une grande recherche de matériaux produits de manière durable et consciente: l’esprit italien, les métiers anciens, les savoir-faire, de nombreux talents sont partis former des ouvriers à l’étranger me tiennent beaucoup à cœur, il est juste de donner la parole à ceux qui sont restés.
Un quartier merveilleux et pas évident pour vous ?
San Saba, près de l’Aventin, où notre marque est née. Au début du XXe siècle, elle était connue sous le nom de Garbatella, où vivaient les forces ouvrières. Aujourd’hui c’est recherché, il y a peu de maisons, une place avec des petits jardins, le tout à taille humaine, comme un village. Nous habitons maintenant à Monteverde, mais quand nous avons commencé nous y vivions : nous avions un petit studio avec un jardin, puis en 2015 nous avons déménagé via di Monserrato.
Toute la Via di Monserrato regorge d’adresses à noter…
A proximité j’avais étudié à la Costume & Moda Academy, cela a toujours été un parcours qui m’est particulièrement cher. J’aime ses boutiques. Hollywoodoù vous louez des films du monde entier, la carte de leur part est inévitable, ou Joséphine, petite épicerie et caviste d’un entrepreneur parisien, le dernier arrivé dans la rue. Mais aussi Bijoux Fabio Salini, Maison HalabyLes Archives de Monserrato di Soledad Twombly, LabSoue Laboratoire de Parfumerie et le laboratoire de conception florale par Dylan Trippdans une ancienne boutique d’artisan tailleur, qui il organise également des cours d’arrangement floral. La vraie nature de Via di Monserrato est que nous aimons aussi faire des choses ensemble, collaborer, nous rencontrer dans des activités communes, par exemple l’artiste designer Gilbert Halaby a écrit un livre et mon mari Andrea s’est occupé du graphisme. Mais aussi unir leurs forces et créer des événements caritatifs, comme ce fut le cas après l’explosion de Beyrouth pour aider la Croix-Rouge locale.
Vous collaborez souvent pour des hôtels. A Rome pour qui en particulier ?
Nous nous sommes occupés de la décoration duHôtel De ‘Ricci, via della Barchetta, mais c’est la première fois que j’ouvre une boutique dans un hôtel : celle du W Rome était un défi, j’aime leur marque car elle est jeune et contemporaine et j’aime combiner des éléments modernes avec d’autres vintage ceux, à un style intemporel. Pour eux, j’ai créé des collections exclusives, y compris des bracelets bénéfiques, dont chacun vendu est un gallon d’eau pour les familles d’Haïti, avec des médailles en laiton avec des blagues qui rappellent Rome.
Resto du coeur ?
Pierluigi, où vous allez toujours déjeuner le samedi et le dimanche. Mais aussi La Matricienneavec un mobilier original des années 30 et 40, en face de l’Opéra. Al-Moroprès de la fontaine de Trevi mais pas du tout touristique, où il vous arrive de manger à côté de Calatrava ou d’autres talents. Vieille Rome sur la Piazza Campitelli, dans la Rome du Ghetto, où Falcone avait pris son dernier dîner avant de partir pour Palerme et où Ennio Morricone était chez lui : il a une belle terrasse et sert un bon apéritif buffet, comme c’est la tradition dans les villages romains. Mais aussi Au pompier, taverne historique dans un bâtiment du XVIIe siècle. Pendant des années, Andrea et moi sommes passés par là Settimio al Pellegrino, nous avons aimé sa cuisine et sa gestion familiale : maintenant il vient de changer de direction, j’espère que le nouvel hôte donne une continuité à l’histoire du lieu. J’aime les endroits les plus authentiques, avec de la saveur et avec un beau passé.
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