Un Grand Tour vert le long de mes jardins et parcs préférés (et les plus beaux) d’Europe. Construit par des artistes et des amateurs d’art. Du Jardin des Jardins et exemple de beaucoup de créations ailleurs, le Giardino di Boboli à Florence au Parc Payager, le parc paysager de LUMA à Arles, a ouvert l’été dernier. Tous aussi inspirants, merveilleusement beaux et ces mois à leur meilleur. La France célèbre chaque année le Festival International des Jardins, l’Italie a la Garden Route Italia, les Grandi Giardini Italiani et l’Appuntamento in Giardino. Tout compte fait, je me demande maintenant si notre pays en particulier n’est même pas prêt pour quelque chose de nouveau, qui aille plus loin qu’un Keukenhof ou une Floriade ? Laissez-vous inspirer et mille idées fleurissent.
1Jardins de Monet Giverny
Nulle part je n’ai vu une glycine plus bleue, un iris jaune plus jaune, des nénuphars plus nombreux que dans les jardins de Giverny. Le chef d’oeuvre de Monet. Peut-être le plus beau jardin et une véritable œuvre d’art en soi. Je souhaite à tous ici un moment avec Monet seul, mais malheureusement cela ne sera pas possible de sitôt entre les 600 000 visiteurs chaque année. Cependant, le tourisme en provenance d’Asie ne retrouvera pas son ancien niveau cette année. Dans tous les cas, préparez-vous à une longue file d’attente ou venez tôt. Ou visitez Giverny en dehors des vacances d’été car ce jardin est magnifique en toutes saisons et fleurit de début avril à fin octobre. C’est là que Monet a peint ses scènes de nénuphars de la taille d’un mur et ses œuvres tardives grésillantes. Le studio et la maison adjacents comptent parmi les meilleurs intérieurs historiques que je connaisse. « Claude vient de partir », paraît-il. La majestueuse salle à manger, aux murs, au plafond et au mobilier jaune doré, la table généreusement dressée, les portes-fenêtres et le soleil à la française donnent envie de ne plus repartir.
2Henry Moore Studios & Jardins Perry Green
En 2006, j’ai d’abord visité Perry Green, entre Londres et Cambridge, pour une visite aux Henry Moore Studios & Gardens. Cette même année, le Kunsthal Rotterdam a présenté l’exposition très fréquentée sur son travail et en 2013, j’ai répété le tour, cette fois à l’extérieur dans les nouveaux jardins du Rijksmuseum. Pour Henry Moore à son meilleur, rendez-vous à Perry Green. Ici, la Fondation Henry Moore organise une exposition annuelle à la fois à l’intérieur des anciens ateliers et à l’extérieur sur le site de 30 hectares. Équipés de bottes Wellington (mieux vaut porter des Wellies quand c’est mouillé), une promenade le long des bronzes monumentaux de Moore à travers ce paysage anglais en pente douce entre les statues et les moutons est la symbiose ultime de l’art et de la nature. Et quelle fascination de découvrir comment cet artiste a puisé son inspiration dans la nature. Tout se met en place ici et vous pouvez voir comment les formes organiques peuvent donner des images abstraites d’un mètre de haut.
3Jardin de Boboli Florence
« C’est bien de jouer et de dépenser beaucoup d’argent » (« Convien giucare e dépenseser bei quattrini »), selon la devise de Laurent de Médicis surnommé il Magnifico. Il était un descendant de la dynastie des banquiers qui fut au berceau de la Renaissance. Ce que l’argent et le bon goût peuvent faire. Leonardo et Botticelli, Donatello et Michelangelo, ils ont tous travaillé pour les Médicis. Autour de Florence se trouve un réseau de villas avec jardins, à juste titre classées au patrimoine mondial de l’Unesco, qui valent ensemble des vacances d’été. A Florence même, les Médicis avaient le Palazzo Pubblico et le Palazzo Pitti de l’autre côté de l’Arno. Il y a des années, j’ai traversé le couloir couvert de Vasari, la connexion secrète de plusieurs kilomètres entre les deux bâtiments pour enfin profiter de la verdure dans le jardin clos de Boboli. Une belle grotte de coquillages, des statues, des citronniers, des fontaines, le Giardino di Boboli est à bien des égards la source d’inspiration de nos parcs.
4LUMA Arles
Au-dessus de tout à Arles, un immeuble rutilant a vu le jour depuis l’an dernier. Conçue et financée par la philanthrope Maja Hofmann, la ville française languissante a été projetée directement dans le 21e siècle. L’architecte Frank Gehry a une fois de plus créé une pièce spectaculaire, pas son meilleur design si vous me demandez, mais LUMA dans son ensemble est définitivement de classe mondiale. J’y étais l’été dernier, le parc venait d’être aménagé et les 500 arbres supplémentaires plantés prenaient encore racine. La conception est de l’architecte paysagiste belge Bas Smets et LUMA est particulièrement recommandé pour les administrateurs néerlandais qui ne savent pas quoi faire avec d’anciens sites industriels. Alors que dans notre pays, nous pensons, planifions et consultons sans cesse (et attendons tout aussi longtemps jusqu’à ce que la prochaine crise se présente) sur une zone Hemterrein, Suikerunieterrein, Marineterrein ou M4H, un réaménagement exemplaire en un parc de choix a été créé ici.
5Villa LiebermannBerlin
Berlin est une ville pleine de contrastes et nulle part je ne ressens cela plus fortement que sur le charmant Wannsee, le lac de la ville en bordure de la capitale allemande. Voici deux destinations côte à côte que les Berlinois ne visitent pas lors de leur première ou deuxième visite, mais seulement plus tard. Deux belles villas, toutes deux conçues par le même architecte Paul Baumgarten. Majestueux et glorieusement sur l’eau, construit pour un séjour agréable, des divertissements et une détente agréable. La Villa Liebermann est connue pour son résident, le peintre Max Liebermann. Sous le Troisième Reich, la Villa Marlier devient une maison d’hôtes pour le Sicherheitsdienst et sa renommée vient de la réunion qui s’y tint le 20 janvier 1942 et qui est entrée dans l’histoire sous le nom de Wannsee Konferenz. Toutes ses minutes auraient été détruites, à l’exception d’une version qui lit les paroles effrayantes qui vous font haleter. Un peu plus loin dans le jardin de Liebermann, la splendeur réconfortante des fleurs en témoigne, sa veuve fut contrainte de tout vendre en 1940, d’une improbable force vitale. C’est le pouvoir de guérison de mère nature.
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