Les droits de milliers d’enfants dans les centres de réfugiés néerlandais sont violés à grande échelle. Ils reçoivent des soins médicaux inadéquats, aucune éducation et pratiquement aucune orientation. Leurs conditions de vie sont contraires aux accords tels qu’énoncés dans les conventions internationales sur les droits de l’enfant.
C’est ce qu’ont écrit lundi l’Inspection de la justice et de la sécurité et l’Inspection de la santé et de la jeunesse dans une “lettre de feu” adressée au secrétaire d’État Eric van der Burg (Asile et migration, VVD). « Plus cette situation dure », écrivent les inspecteurs, « plus elle peut être préjudiciable » au développement des enfants.
L’accueil des demandeurs d’asile est interrompu depuis des mois. Vendredi dernier, le cabinet a annoncé une équipe nationale de crise pour améliorer l’accueil. L’organisation sera placée sous l’autorité du Coordonnateur national pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Dans une lettre à la Chambre des représentants, le cabinet a écrit qu’il était nécessaire de décider « temporairement à un haut niveau administratif et politique » comment l’accueil et le transfert des demandeurs d’asile devraient être organisés.
Hans Faber, inspecteur en chef de l’Inspection de la justice et de la sécurité, estime que le cabinet applique un double standard. Car si les centres d’accueil pour demandeurs d’asile réguliers (de pays comme la Syrie, le Yémen et l’Érythrée) de l’Agence centrale pour l’accueil des demandeurs d’asile (COA) sont surpeuplés depuis un certain temps, des milliers d’abris municipaux pour réfugiés ukrainiens sont vides. Selon Faber, on peut se demander si la distinction dans l’accueil des réfugiés ukrainiens et des demandeurs d’asile réguliers peut être “objectivement justifiée”, surtout maintenant que les droits des enfants dans les centres pour demandeurs d’asile réguliers sont “bridés”.
Au total, plus de dix mille réfugiés mineurs résident dans des centres de réfugiés néerlandais : 8 800 enfants et jeunes en famille et 1 450 sans parents.
La surveillance est absente
Les inspections ont visité plusieurs centres. Au centre de demande de Ter Apel, où les demandeurs d’asile doivent d’abord se présenter, les enfants et les jeunes restent souvent des mois, au lieu des trois à dix jours prescrits. Pendant cette période, ils ne reçoivent aucune éducation, aucune prise en charge par les soins de santé pour les jeunes et pratiquement aucune orientation.
L’ambiance parmi les jeunes célibataires est mauvaise, écrivent les inspections. La surveillance fait défaut. “La grande majorité des mineurs qui ne demandent pas d’attention sont donc laissés pour compte et il n’y a pas de bonne vision de la sécurité.”
Parce que les centres réguliers de demandeurs d’asile sont surpeuplés, le COA a mis en place des dizaines de lieux d’accueil d’urgence ces derniers mois. Bien que les emplacements ne conviennent pas à des séjours plus longs, certaines familles sont piégées dans des abris d’urgence pendant des mois.
A Leeuwarden, les inspections ont vu “un hall massif dans un parc d’activités, où des pièces ont été réalisées au moyen de murs sans plafonds ni portes”. Les enfants dorment mal à cause de tous les troubles, de sorte qu’ils ont peu de concentration à l’école.
De plus, les familles dans les abris d’urgence se déplacent constamment d’un endroit à l’autre, écrivent les inspections. “Le résultat est une ligne d’apprentissage continu interrompue et aucune continuité dans l’orientation et les soins.”
Les organisations d’aide Unicef Pays-Bas, Vluchtelingenwerk Nederland et Defence for Children s’expriment également dans une étude qu’elles publient lundi sur les “conditions de vie inacceptables” des enfants. Ils écrivent que “le refuge d’urgence, y compris le centre d’application Ter Apel, est invivable pour les enfants”. Dans leurs recommandations, ils écrivent que les enfants ne devraient être autorisés à séjourner que dans les centres réguliers pour demandeurs d’asile et qu’ils devraient rester au même endroit pendant toute la procédure d’asile.
Une version de cet article est également parue dans le journal du 20 juin 2022