« Inacceptable que ces vêtements arrivent sur le marché » : 39 marques connues pourraient être liées au travail forcé des Ouïghours

La publication du rapport coïncide désormais avec une visite des dirigeants européens Charles Michel et Ursula von der Leyen en Chine. Le document, rédigé par des organisations de défense des droits des Ouïghours en collaboration avec l’Université Hallam de Sheffield, détaille comment les résultats du travail forcé finissent dans les magasins de vêtements européens.

Les Ouïghours constituent une minorité ethnique dans l’ouest de la Chine. Le gouvernement chinois considère les Ouïghours, principalement musulmans, comme un danger pour l’État et les envoie donc dans des camps de rééducation et les force à travailler. Ils doivent entre autres récolter le coton dans les champs ou transformer le produit dans les usines.

Près d’un cinquième du coton mondial est désormais produit dans la province chinoise du Xinjiang, la région où vivent traditionnellement les Ouïghours. 10 pour cent de tout le PVC provient également de là. Ce matériau est utilisé, entre autres, dans la confection d’imperméables.

Les chercheurs ont étudié les flux commerciaux pour découvrir comment ces substances aboutissent chez les grandes marques de mode. Le rapport identifie quatre grands fabricants chinois ayant des liens avec la région des Ouïghours.

Pour donner un exemple, l’une des plus grandes entreprises chinoises de vêtements est Anhui Huamao. Selon les auteurs, cette entreprise est liée aux programmes de travail des Ouïghours et possède au moins trois filiales dans leur région. L’entreprise compte principalement parmi ses clients des marques de luxe, comme Burberry. Zara est un client de Beijing Guanghua, une importante entreprise publique chinoise située dans la région.

Conclusion du rapport ? L’UE fait bien trop peu pour empêcher les produits fabriqués grâce au travail forcé d’atteindre l’Europe, estiment les chercheurs. Cela contraste fortement avec les États-Unis, qui ont réussi à restreindre les importations en provenance de la région du Xinjiang.

Pourtant, l’UE s’efforce également de faire davantage pour empêcher ces produits d’entrer. Jeudi matin, les ministres de tous les États membres de l’UE se sont réunis pour discuter de la manière de mettre fin à la vente de biens fabriqués grâce au travail forcé. L’UE se concentre principalement sur le commerce en provenance de Chine.

« Il y a maintenant une proposition sur la table pour interdire de tels produits », déclare Antonio Gambini de la Clean Clothes Campaign. « Il est important que des progrès soient réalisés et que le texte pour les élections européennes soit adopté. Dans le cas contraire, l’initiative pourrait être mise de côté, voire abandonnée. Il est inacceptable que ces vêtements finissent sur le marché européen.»

Ralph Lauren, Burberry et Inditex – la société mère de Zara – ont refusé de commenter Politiquequi a précédemment rendu compte du rapport.



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