POURJ’exerce l’ancien métier de satiriste depuis de nombreuses années, je peux vous assurer que je n’envie pas les jeunes qui s’essayent maintenant à cette activité.
Il est de plus en plus difficile de faire rire les gens avec les nouvelles figures disponibles sur le théâtre actuel de la politique et de l’entrepreneuriat italiens.
Il y a ceux qui regrettent les vieux freaks du parlement d’antan et les capitaines d’industrie de longue date, des personnages avec un certain niveau de cursus et une autorité qui se prêtait à être déchirée par l’irrévérence et l’ironie.
Maintenant, il y a très peu à démonter et les personnages à traiter sont si insignifiants que même l’envie de se moquer d’eux s’en va.
C’est la même raison pour laquelle il est difficile de recréer aujourd’hui au cinéma la grande saison de la comédie italienne, d’atteindre ce miraculeux équilibre aigre-doux qui faisait rire et, en même temps, dénonçait les méfaits du pouvoir : il faudrait personnages à punir qui n’existent plus.
Loin de moi l’idée d’être nostalgique, mais il suffit de regarder l’un des nombreux talk-shows pour comprendre qu’aujourd’hui des géants comme Gassman, Sordi et compagnie auraient très peu de matière pour s’inspirer.
C’est dans ce sens que Le plongeur – le beau livre d’Elena Stancanelli sur la vie de Raul Gardini (Le navire de Thésée) – est éclairant. L’écrivain nous donne un essai qui est aussi un romannon seulement de la vie d’un seul entrepreneur, mais de toute une génération d’hommes de pouvoir disparus.
Il n’y a pas de jugements, peu importe que leur extinction soit une mauvaise ou une bonne chose, la vision que, grâce à une documentation très précise et une écriture convaincante, nous offre Stancanelli est celle d’un monde disparu, composé d’hommes que l’on considère aujourd’hui inprésentables mais qui sont en effet nos pères.
“J’ai vu ces mâles, je les ai vus bouger avec la facilité qui vient de vivre dans un monde que vous avez façonné à votre image et à votre ressemblance. Maintenant, ces mâles sont considérés comme des ennemis. Tout comme le plastique ou la viande ».
Ce sont eux avec qui nous avons grandi, qui ont bâti les fondations de notre pays, ce sont nos racines. Pour réaliser les nouveaux mondes dont nous rêvons, nous ne pouvons pas effacer notre passé.
Si nous ne comprenons pas bien de quoi nous sommes faits, nous ne pourrons jamais ouvrir de nouveaux chapitres de notre histoire. Un sincère merci au travail de Stancanelli pour cette belle opportunité de mémoire collective.
Tous les articles de Serena Dandini.
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